Actualité des sociétés
Les institutions prudentielles vont mettre le shadow banking à l’épreuve
- Mardi 27 mai 2025 - 14:30
- | Par Jonathan Blondelet
Deux stress tests sont en préparation. Le premier, réalisé par l’ACPR, l’AMF et la Banque de France est prévu pour l’année 2025, tandis que le deuxième fait l’objet de discussions au niveau communautaire.
Le développement de l’intermédiation financière non bancaire (IFNB) fait l’objet de toutes les attentions prudentielles. Lors de la présentation de son rapport annuel pour 2024 le 27 mai, l’ACPR a fait part de son intention de lancer le premier stress-test global du secteur financier, afin de cerner la nature des risques et les canaux de propagation en cas de crise.
Complexification accrue
« Les interconnexions croissantes entre les banques et les autres acteurs financiers non bancaires tels que les organismes d’assurance et les fonds d’investissement entrainent une complexification accrue du système financier et accroissent les risques de contagion qui ne sont pas actuellement pas suffisamment pris en compte dans les stress-tests individuels », justifie Nathalie Aufauvre, secrétaire générale de l’ACPR.
L’expérience, basée sur le volontariat, doit intervenir dans le courant de l’année 2025 et sera réalisée conjointement avec l’AMF et la Banque de France. Sa méthodologie est en cours de co-construction entre l’ACPR et les différents acteurs ayant accepté de se prêter à l’exercice.
« Cet exercice exploratoire et facultatif n’aura pas de visée réglementaire mais est envisagé comme un exercice d’apprentissage mutuel tant pour les autorités que pour les participants », précise Nathalie Aufauvre.
Risque de liquidité
Un exercice similaire devrait avoir lieu au niveau communautaire. Il fait actuellement l’objet de discussions entre les autorités de régulation européenne et la Banque centrale européenne (BCE), d’après le Financial Times. Lui ciblera spécifiquement les acteurs du financement non bancaire, comme les hedge funds et les fonds de capital investissement, et pourrait se tenir l’an prochain.
« Nous avons eu des épisodes de crise […] où le risque de liquidité est venu des institutions du financement non bancaire », déclarait lors d’une récente allocution au Parlement européen Claudia Buch, président du conseil de surveillance prudentielle de la BCE.
Trois vulnérabilités
Les autorités nationales des marchés financiers française, autrichienne, italienne et espagnole avaient déjà fait part de leur volonté d’améliorer la régulation du shadow banking lors d’une consultation de la Commission européenne sur le sujet. La mise en place d’un stress test faisait partie de leurs doléances, de même que l’amélioration des outils de gestion de la liquidité dans les fonds ouverts ou la création d’une base de données communes pour faciliter la supervision au quotidien.
Le rapport de synthèse publié à l’issue de la consultation ciblée sur l’adéquation des politiques macroprudentielles pour l’intermédiation financière non bancaire (IFNB), en mars 2025, met en garde contre trois vulnérabilités clés : les effets de leviers excessifs, les déséquilibres entre liquidités des actifs et engagements ainsi que l’interconnexion croissante avec le secteur bancaire traditionnel, qui augmente le risque de contagion en cas de défaillance d’un acteur majeur.
Sujet crucial
Les regards prudentiels se braquent sur le shadow banking à mesure que celui-ci s’impose comme relais du crédit bancaire. En témoigne la croissance du marché de la dette privée, qui devrait atteindre selon Preqin 2 600 Md$ d’ici 2029, contre 1 500 Md$ début 2024.
Le sujet est d’autant plus crucial que le développement de la titrisation se veut une brique majeure de la stratégie européenne pour l’Union des marchés de capitaux (UMC), depuis rebaptisée Union de l’épargne et de l’investissement