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Une nouvelle ère pour les obligations émergentes
- Lundi 29 décembre 2025 - 09:15
- | Par Michel Lemosof

Selon les analyses économiques de Pictet AM, les performances des obligations des marchés émergents reposent sur cinq facteurs. Et, pour la première fois en 20 ans, quatre d’entre eux sont désormais favorables !
« Les marchés émergents, fait remarquer Patrick Zweifel, chief economist chez Pictet Asset Management, constituent indubitablement la plus grande surprise de 2025 sur les marchés financiers. Les obligations des marchés émergents libellées en devises locales s’inscrivent en hausse de 16 % et la dette libellée en dollar progresse de 12 %. »
Elles font quatre fois mieux que l’ensemble du marché des obligations mondiales !
Un système multipolaire
Une telle surperformance est d’autant plus « frappante » qu’elle se produit après une décennie « perdue » marquée par les déceptions, pendant laquelle certains investisseurs ont même commencé à se demander si les marchés émergents devaient être considérés comme une véritable classe d’actifs. Cela étant, plusieurs tendances « fondamentales » expliquent la « solide » performance de la dette des pays émergents.
Selon les analyses économiques de Pictet AM, les performances de la classe d’actifs s’articulent autour de cinq facteurs clés : orientation des taux d’intérêt, comportement du dollar américain, situation du commerce mondial, prix des matières premières, croissance économique en Chine.
« Avec quatre de ces facteurs positifs, souligne Patrick Zweifel, les conditions les plus favorables pour les obligations des marchés émergents jamais observées en deux décennies sont désormais réunies. »
Les politiques monétaires des banques centrales dans les pays émergents suivent une trajectoire de normalisation. La croissance économique est proche de son potentiel, à environ 4 %, quand l’inflation revient à 3 % et alors que les taux d’intérêt « réels » – corrigés de l’inflation – sont en moyenne supérieurs à 3 %.
« Historiquement, note le chef économiste de Pictet AM, ce niveau est associé à des périodes de forte performance des marchés émergents. » De son côté, face à un panier de devises pondéré par les échanges commerciaux, le dollar a cédé 9 % depuis la fin de l’année 2024. Une faiblesse qui devrait se confirmer, compte tenu des pressions cycliques et conjoncturelles, comme si le monde tournait le dos à un système dominé par les Etats-Unis, au profit d’un système multipolaire.
« Dans un contexte de populisme économique et d’instabilité institutionnelle, relève le professionnel, la valorisation du dollar est sans doute encore trop élevée. En revanche, les devises des marchés émergents restent sous-évaluées, de 8 % à 11 %. »
Par ailleurs, si l’augmentation des droits de douane et les menaces géopolitiques ont assombri les perspectives du commerce international, il faut savoir que les importations de l’Oncle Sam ne représentent pas plus de 13 % du commerce mondial. Loin de se rétracter, le commerce mondial serait plutôt en train de se réformer.
Un caillou dans la chaussure
Soutenus par la demande de métaux précieux et industriels, les prix des matières premières ont bondi de 5 % en 2025. Une tendance qui s’appuie sur l’affaiblissement du billet vert, la reprise du secteur manufacturier mondial et la transition énergétique (pour laquelle, par exemple, il faut du cuivre).
« Pour les exportateurs de matières premières, dont beaucoup se trouvent dans les pays émergents, commente le spécialiste de Pictet AM, la conjoncture est doublement favorable : la hausse des prix améliore les termes de l’échange et les efforts de diversification économique dans le Golfe réduisent la dépendance au pétrole et la volatilité macroéconomique. »
Mais… il y a un caillou dans la chaussure : la Chine ! Selon Patrick Zweifel, l’empire du Milieu est le seul facteur qui s’avère neutre, plutôt que positif, pour les obligations des marchés émergents. Il existe, toutefois, des raisons d’être optimiste. L’économie chinoise se normalise et c’est intentionnellement que l’investissement ralentit dans l’industrie, tandis que des politiques sont mises en œuvre pour diminuer les surcapacités et restaurer la rentabilité des entreprises…
« Les marchés émergents, conclut l’économiste, sortent d’une longue période difficile. Leur surperformance récente n’est pas un rebond technique, mais le reflet d’un changement de dynamique plus profond. Ils ne seront plus seulement un écho des pays développés. Ils redeviendront leur propre moteur. »
Dans l’univers des obligations des marchés émergents, Kate Griffiths et Sabrina Jacobs, client portfolio managers chez Pictet AM, attirent l’attention sur les titres libellés en devises locales et le crédit aux entreprises, et ce dans nombre de pays (Argentine, Mexique, Nigeria, Côte d’Ivoire, Mexique, Ouzbékistan…) ou de régions (Asie, Amérique latine, Afrique…).
Quelques noms de fonds maison : Pictet - Global Emerging Debt, Pictet - Emerging Corporate Bonds, Pictet - Emerging Debt Blend et Pictet - Emerging Local Currency Debt.
ML


