Marché
Fonds euros : vers un taux moyen à 2,65 % pour l’année 2025 ?
- Mardi 21 octobre 2025 - 17:15
- | Par Jonathan Blondelet
C’est l’hypothèse de Fact & Figures, dont les prédictions n’ont jamais dévié de plus de 20 points de base du résultat moyen annuel du support phare de l’assurance vie. La collecte en épargne vie croit de 20 % par rapport à 2023, grâce aux politiques de conquête des bancassureurs mais aussi des CGP.
Fact & Figures, cabinet de conseil spécialisé dans l’assurance vie, a publié son hypothèse de taux moyen servi sur les fonds en euros classiques pour l’année 2025. Sa prévision table sur 2,65 %, nets de frais mais bruts de prélèvements sociaux.
Sur 10 ans, la moyenne des prévisions du cabinet est globalement similaire au taux réellement servi (1,79 % contre 1,81 %), de même que le rendement cumulé sur 10 ans (19,3 % contre 19,6 %).
Source : Fact & Figures
Si la prévision pour 2025 s’avère exacte, le rendement se situera dans la lignée des deux années précédentes, où il était de 2,64 %, après une succession d’années de vaches maigres pour les portefeuilles des épargnants (entre 1 et 2 %) en lien avec un contexte de taux bas.
Le temps passe et passe et passe
« Cette époque succède à une autre où les bancassureurs ne voulaient pas collecter, servant un taux moyen de 0,8 %, indique Cyrille Chartier-Kastler, président de Fact & Figures. Ils se sont finalement décidés à piocher dans leur provision pour participation aux bénéfices (PPB) pour augmenter la collecte et diluer à la hausse le rendement moyen de la poche obligataire. »
La remontée des taux, à ce titre, n’encourage d’ailleurs pas l’arrivée de petits nouveaux à mesure que les fonds existants renouvellent leurs actifs. « Euros Engagement Durables », fonds en euros créé en septembre par La Banque Postale et CNP Assurances et annoncé comme « écoreponsable », fait figure d’exception.
Sextuor de tête
La stratégie de conquête des bancassureurs, un temps soutenue par la bonification du taux servi au prorata des UC souscrites, s’est avérée payante. Ils occupent de plus en plus de place dans la collecte d’épargne vie individuelle, estimée par Fact & Figures à 158,6 Md€ pour l’assurance vie et le PER (+20 % par rapport à 2023).
Au point que la part de marché de 6 d’entre eux – Crédit Agricole, La Banque Postale/CNP Assurances, Crédit Mutuel, BPCE, Société Générale et BNP Paribas – présents dans le top 10 est passée de 61,8 % en 2022 à près de 65 % en 2024.
Intermédiaires patrimoniaux
Leurs structures de gestion privées monopolisent d’ailleurs plus de 62 % de la collecte pour ce segment, tandis que les CGP autonomes capitalistiquement en raflent près d’un tiers. A noter que ce groupe (adjoint des courtiers vie) réalise plus de 37 % de la collecte sur le segment patrimonial, se positionnant comme le deuxième mode d’accès à ce marché et faisant reculer les bancassureurs et leurs réseaux sous la barre des 50 %.
Source : Fact & Figures
De quoi rendre les intermédiaires incontournables dans la collecte globale alors que le patrimonial approche en volumes l’épargne standard : 742 Md€ contre 772 Md€ à fin 2024.
Mutualistes au front
Pour autant, les bancassureurs vont très certainement être encore une fois devancés par mutuelles sans intermédiaires (MSI) et les mutuelles relevant du Livre II du Code des assurances du point de vue des performances des fonds en euros. A l’image d’Ampli Mutuelle qui avait servi 3,75 % en 2024, de La France Mutualiste (3,6 %) de la Carac ou de Garance (3,5 %).
A l’inverse, le taux servi aux investisseurs intermédiés par les agents généraux, les CGP capitalistiquement autonomes et les courtiers vie sera souvent en dessous de la moyenne du marché afin de pousser la vente d’unités de compte (UC), plus rémunératrices.
La « value for money », qui pousse les assureurs à passer en revue leurs UC depuis quelques années pour déclasser les plus chargées, n’a en effet eu qu’un impact marginal sur les frais facturés : en moyenne, 6 à 14 points de base pour les frais courants (liés aux supports d’investissement) prélevés au sein des UC et 6 à 9 points pour les rétrocessions (assureurs et/ou distributeurs).
La revue de 2025, qui doit intégrer les produits structurés et les fonds en euros, ne devrait donc pas fondamentalement affecter le taux moyen servi sur les fonds en euros pour l’année 2026 puisque la pression sur les frais devrait aussi être minime. Pas de quoi sauver en tout cas le rendement moyen ajusté de l'inflation des fonds euros, médiocre d'une année sur l'autre – 0,19 % en 2024 – voire négatif.