Gestion de Fortune n° 356 - Avril 2024
L'Edito de Jean-Baptiste Marcy
Ils pompaient… ils pompaient…
Notre président a réuni, le 12 mars dernier, 700 cadres dirigeants de l’Etat. L’objectif de cette rencontre était la réduction de la complexité administrative et des délais. Ainsi, le chef de l'État s'est agacé des lourdeurs de l'administration et adjurait le corps d’État à une remise en question pour « aller plus vite et pour que notre travail soit plus perceptible ».
Ce discours présidentiel n’est pas sans rappeler celui de Georges Pompidou en 1966 avec cette tirade désormais célèbre : « Arrêtez donc d’emmerder les Français ! il y a trop de lois, on en crève. » Les septennats et les quinquennats qui ont suivi ont vu chaque édile évoquer régulièrement ce serpent de mer. Je ne vais pas refaire le catalogue des six discours des successeurs de Pompidou, mais il nous reste en mémoire le « choc de simplification » cher à François Hollande.
Faut-il de nouveau croire à ce beau discours d’intentions ? Nous ne pouvons qu’acquiescer lorsque Emmanuel Macron affirme : « Nos procédures sont lentes, parce que tous les systèmes sont thrombosés […] Il y a une forme de maltraitance administrative collective, que nous nous infligeons à nous-mêmes. »
Cependant, face à ce constat lucide, une coalition orwellienne réplique avec des nouvelles propositions de lois tous azimuts. Au sortir d’un salon de l’agriculture agité, une des premières annonces gouvernementales concerne la création d’un observatoire de la haie ! Gare à celui qui ne rentre pas dans les clous, la cour de justice de la haie sera impitoyable.
Ce printemps verra aussi l’Assemblée nationale se réunir pour étudier une proposition de loi visant à reconnaitre et à sanctionner la discrimination capillaire. Le sous-jacent est une étude réalisée en 2009 en Grande-Bretagne, qui a révélé qu’une femme blonde sur trois se colorait les cheveux en brun, afin d’augmenter ses chances professionnelles et d’ « avoir l’air plus intelligente » en milieu professionnel. Nous attendons les joutes oratoires des avocats avec impatience pour prouver une discrimination capillaire. Ces projets sont sans nul doute issus de bonnes intentions, mais diantre pourquoi tout légiférer ?
Cet atavisme français transpire malheureusement dans la célèbre série humoristique « les Shadoks » créée par Jacques Rouxel et racontée par Claude Piéplu. La principale occupation des Shadoks étant de pomper, pomper… Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?