24112024

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Gestion d’actifs

Accompagner le déploiement de l’intelligence artificielle

Rolando Grandi

Interview de Rolando Grandi, CFA Gérant du fonds Echiquier Artificial Intelligence

Quels sont les principaux axes de votre philosophie de gestion ?

Notre gamme de gestion internationale et thématique se définit par le triptyque Innovation, croissance et leadership - actuel ou en venir. Notre approche incarne l’esprit de conviction de La Financière de l’Echiquier : chaque fonds comprend une trentaine d’actions cotées représentatives de la thématique couverte, sans contraintes sectorielles ni géographiques.

Comment appréhendez-vous l’essor de l’Intelligence artificielle ?

A la conception du fonds il y a 3 ans, nous avons identifié ce que nous considérons comme les piliers de l’intelligence artificielle (IA) : l’essor du big data, le déploiement du cloud, la conception de réseaux neuronaux artificiels qui permettent l’auto-apprentissage et l’émergence de nouveaux champs d’application. L’alignement de planètes dans l’univers de l’IA a permis l’essor de cette technologie transversale, qui irrigue progressivement tous les pans de l’économie. Si la dynamique était déjà prometteuse lorsque nous avons élaboré la stratégie, elle a été considérablement confortée par la crise liée au Covid-19, qui a agi comme un accélérateur de la digitalisation de l’économie.

En quoi l’IA est-elle un vecteur de croissance pour les entreprises ?

L’IA est un outil pertinent pour le client qui trouve in fine un produit ou un service adapté à ses besoins. Pour l’entreprise, il s’agit d’un outil efficient qui lui permet, le cas échéant, de trouver un nouvel élan en offrant de nouvelles nuances et de nouveaux débouchés à sa production.

Quels sont les champs d’application que vous
avez identifiés ?

Ils sont nombreux ! L’IA est une technologie sans frontière. Citons le e-commerce, l’agriculture de précision, les véhicules autonomes, les drones, la santé et la télémédecine, mais aussi les assistants virtuels, l’edge computing [ndlr : le traitement des données en périphérie du réseau en complémentarité au cloud computing centralisé] ou encore l’éducation. On estime que 70 % des entreprises auront adopté au moins une forme d’intelligence artificielle d’ici la fin de cette décennie1.

Quelles sont les principales typologies d’acteurs de l’IA ?

Nous en distinguons 4 : les vendeurs d’IA, les utilisateurs, les concepteurs des infrastructures physiques ou digitales nécessaires au déploiement de l’IA, et enfin ceux que nous appelons les facilitateurs, qui dotent l’IA d’un cerveau et de capacités sensorielles. Il s’agit notamment des processeurs ou des accélérateurs graphiques. Notre approche est donc globale, et se traduit par une grande richesse sectorielle.

Comment se répartissent ces 4 profils d’acteurs dans le portefeuille ?

Les utilisateurs et les vendeurs d’IA représentent chacun environ 35 % des actifs du portefeuille, les infrastructures 20 % et les facilitateurs 10 %. La part de ces derniers a récemment baissé compte tenu des tensions observées sur les valorisations des groupes de semi-conducteurs. Quant à la part des utilisateurs, elle a augmenté au fil du temps – de 25 % à la création du fonds en 2018 à 35 % environ aujourd’hui2. Cette tendance témoigne de la diffusion progressive de l’IA dans l’économie.

Quelles sont les caractéristiques que vous privilégiez dans votre processus de sélection de titres ?

Notre stock-picking est très sélectif. Notre analyse financière, traditionnelle, est enrichie par une analyse extra-financière qui nous permet d’obtenir une vision à 360° des entreprises et une idée claire de la valorisation de chacune des valeurs que nous intégrons dans le portefeuille.

Comment est structurée votre équipe ?

De 2 personnes à la création du fonds en 2018, elle est actuellement composée de 4 personnes. Je suis accompagné de 3 analystes – Emilie Deslogis, Louis Bersin et Lena Jacquelin, précédemment basée à Singapour pendant 6 ans et qui nous a rejoints en mars dernier. Un co-gérant, en cours de recrutement, nous rejoindra prochainement.

Comment s’est comporté le fonds depuis sa création ?

Notre fonds a progressé de +91,8 % depuis son lancement, vs +40,0 % environ pour son indice de référence, le MSCI WORLD NET TOTAL RETURN. Nous avons connu une collecte dynamique qui nous a permis de dépasser récemment 800 millions d’euros d’encours. Les souscriptions émanent de particuliers, de Conseillers en Gestion de Patrimoine et d’investisseurs institutionnels, aussi bien en France qu’en Europe. En France, notre fonds a été sélectionné dans le cadre de la mission TIBI, qui préconise d’investir 10 milliards d’euros pour financer des fonds global tech domiciliés en France contribuer à la souveraineté et au développement économique français.

Comment appréhendez-vous la diversification de votre portefeuille ?

Nous investissons dans toutes les tailles de capitalisation, des plus petites, nouvellement introduites en Bourse aux plus grands groupes mondiaux. Les valeurs technologiques de croissance représentent quant à elles environ 70 % du portefeuille à ce jour, et les autres valeurs plus défensives, près de 30 % donc. Notre approche globale se traduit par une richesse sectorielle et géographique, qui s’explique également par le rayonnement international des acteurs, même si ceux-ci se trouvent aujourd’hui majoritairement aux Etats-Unis et en Chine.

Pensez-vous que cette prédominance va perdurer ?

Nous sommes attentifs à ce qui se passe en Europe, qui connaît un nouveau cycle de déploiement d’entreprises technologiques nourri par une forte volonté politique. Les pays européens ont pleinement pris conscience, avec un peu de retard, de l’importance de disposer d’acteurs technologique d’envergure.

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1. PwC’s Global Artificial Intelligence Study : Exploiting the AI Revolution . 2017
2. Ces répartitions sont données à titre d’illustration de la situation actuelle, elles peuvent évoluer dans le temps.

TB