Gestion d’actifs
Un univers d'investissement étendu
- Vendredi 13 août 2021 - 11:15
- | Par Thierry Bisaga
Interview de Olivier Cassé et Giulia Culot, gérants du compartiment
Generali Investments SICAV(GIS) SRI Ageing Population
Quelles sont les principales caractéristiques du compartiment GIS SRI Ageing Population ?
Lancé en 2015 par Generali Investments Luxembourg S.A., il est labellisé ISR depuis 2017. La gestion financière de GIS SRI Ageing Population a été confiée à l’équipe de gestion de Sycomore Asset Management en mars 2020(Sycomore AM fait partie de la plateforme Multi-Boutiques de Generali Investments). Aujourd’hui, il compte plus de 500 millions d’euros d’encours investis sur le thème du vieillissement de la population.
Que recouvre votre univers d’investissement ?
Initialement, cet univers se composait de sociétés qui devaient simplement bénéficier du vieillissement de la population. Nous avons pris la décision, dans les limites consenties par le prospectus, de renforcer notre démarche d’investisseur responsable en nous focalisant sur les entreprises qui contribuent à la santé, au bien-vieillir et au mieux vivre des séniors, et qui offrent des solutions aux défis sociétaux engendrés par le vieillissement de la population. Par ailleurs, ces entreprises restent sélectionnées parmi les firmes cotées les plus responsables selon l’approche ESG propriétaire que nous déployons en interne chez Sycomore AM.
Quelles sont les secteurs d’activité aujourd’huiprésents dans le portefeuille ?
De nombreux secteurs sont représentés. Concernant les enjeux de santé, on retrouve des laboratoires pharmaceutiques et des fournisseurs d’équipements médicaux. Concernant le bien-vieillir, l’accent est mis sur l’activité physique et la nutrition alors que pour le mieux-vivre, les segments favorisant le quotidien (domotique, sécurité, loisirs…) sont privilégiés. Certaines sociétés que nous considérons « championnes » de la digitalisation – qui facilitent la vie des séniors – ont donc toute leur place dans le portefeuille. Enfin, pour les défis que nos sociétés devront relever, on retrouve des acteurs de la gestion de la dépendance, de l’innovation médicale ou encore des spécialistes de la formation.
Le secteur financier est également présent ?
Oui, il est présent via l’épargne retraite, la prévoyance ou encore la gestion de patrimoine. L’importance de l’autonomie financière des séniors et de sa planification justifie l’investissement dans des acteurs spécialisés sur ces segments liés au bien-vieillir. Nous avons d’ailleurs récemment initié une ligne Euronext en portefeuille, société qui par ses services aux émetteurs et aux investisseurs répond à cet objectif et offre des solutions en termes de placements financiers.
Comment ces différentes thématiques sont-elles réparties dans le portefeuille ?
Le portefeuille comprend aujourd’hui une soixantaine de lignes que nous appréhendons avec flexibilité en privilégiant naturellement les thématiques les plus prometteuses de notre univers d’investissement. Actuellement, le thème du bien-vieillir représente 32 % des positions, celui du mieux-vivre 26 %, celui de la santé 24 % et celui des solutions sociétales 18 %1.
Comment s’articule votre processus de sélection de valeurs ?
Il s’appuie sur une analyse à 360° qui combine approches financière et extra-financière. Nous privilégions, dans notre univers d’investissement, les entreprises dont la croissance attendue excède celle du PIB mondial et dont l’activité est faiblement corrélée au cycle économique. A ces exigences, s’ajoute une méthodologie qui combine certaines exclusions et la promotion d’un développement harmonieux autour du partage de la valeur avec l’ensemble des parties prenantes de l’entreprise.
Quels sont vos critères d’exclusion ?
En premier lieu, et avant même le filtre thématique, nous excluons les entreprises dont le secteur d’activité ne peut être compatible avec notre point de vue ESG. Il s’agit, par exemple, des firmes présentes sur les secteurs de l’armement, du tabac, du charbon et, de manière générale, de toutes les entreprises qui enfreignent le Pacte Mondial des Nations Unies, c’est-à-dire qui ne respectent pas les droits de l’Homme, qui ont recours à la corruption ou qui violent le droit du travail et le respect de l’environnement.
Et concernant les valeurs que vous privilégiez ?
Nous avons la conviction que la création de valeur d’une entreprise n’est durable que si elle est partagée avec l’ensemble de ses parties prenantes. Nous avons conçu le modèle d’analyse SPICE2 qui nous permet de mieux appréhender la qualité des relations qui lient l’entreprise à ses parties prenantes, qu’il s’agisse de la société, de ses partenaires, de ses salariés, de ses investisseurs, de ses clients ou encore de l’environnement dans son ensemble. Dans la mesure où les produits et services des entreprises analysées sont majoritairement destinés aux personnes âgées, une population fragile par nature, nous apportons une attention particulière à la dimension « clients » de SPICE. Assez naturellement, l’analyse des entreprises via ce prisme spécifique nous conduits également à exclure les titres des sociétés qui font l’objet de controverses sévères.
Vous évoquez une approche renouvelée concernant l’univers d’investissement. Votre approche a également évolué sur le front ESG. De quelle manière ?
Le nouveau label ISR implique la recherche de performance selon 4 critères d’engagement. Parmi ceux-ci, nous sommes attentifs aux aspects sociaux et plus particulièrement à la création ou à la destruction d’emplois. A l’issue de la période d’interdiction des licenciements dans certains pays, nous serons extrêmement vigilants quant à la manière dont les entreprises vont se comporter. Nous serons également intraitables sur la question des dividendes et sur leur éventuel versement, concomitamment à des plans sociaux significatifs, en votant contre le paiement de dividende par exemple s’il s’avère que l’entreprise a bénéficié des aides de l’Etat et si nous considérons que le dividende n’est pas responsable ou soutenable sur la base de notre analyse. La gouvernance est également au cœur de notre analyse. Nous sommes attentifs à la présence des femmes dans les comités exécutifs et au respect de la charte des droits humains. Enfin, dans le domaine spécifique de l’environnement, nous utilisons l’indicateur NEC, ou Net Environmental Contribution, qui note la contribution environnementale de chaque entreprise, de -100 % pour les plus destructrices de capital naturel, à +100 % pour les plus vertueuses. Notons enfin que nous sommes globalement actifs lors des assemblées générales et œuvrons à faire bouger les lignes. Ayant pour objectif principal, l’investissement durable, GIS SRI Ageing Population relève aujourd’hui de l’article 9 du règlement SFDR.
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1. A fin mai 2021. L’allocation peut changer au fil du temps à la seule discrétion de l’équipe de gestion. 2. SPICE est un acronyme qui fait référence aux termes anglais suivants : Society & Suppliers (la société et les fournisseurs), People (l’humain et les ressources humaines), Investors (les investisseurs), Clients (les clients), Environment (l’environnement et les différents écosystèmes)
TB