24112024

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Gestion d’actifs

Une stratégie de conviction inspirée des ODD de l'ONU

Karine Petitjean

Interview de Karine Petitjean, Co-gérante du fonds Aviva Croissance Durable ISR chez Aviva Investors France

Quelle est la philosophie de gestion du fonds Aviva Croissance Durable ISR ?

L’investissement responsable et la finance durable sont au cœur des préoccupations d’Aviva Investors France. Le fonds, labellisé ISR, répond à la définition de l’article 8 de la directive SFDR. Il nous permet de proposer au plus grand nombre une stratégie d’investissement thématique, multi-actifs de conviction sur un horizon d’investissement recommandé de 5 ans. Aviva Croissance Durable ISR met en œuvre trois thématiques d’investissement inspirées des Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU sélectionnées avec Aviva à la suite d’une année entière d’études et de tests réalisés par nos équipes : la lutte contre le réchauffement climatique, la préservation des ressources de la planète et l’amélioration des conditions de vie des individus.

Comment est structurée l’équipe de gestion ?

L’équipe de gestion est constituée de plusieurs spécialistes : Jean-François Fossé et Geoffroy Carteron ont la charge de l’allocation d’actifs, Frédéric Guignard pilote quant à lui la gestion de la poche actions. En ce qui concerne la poche taux, Alban Tourrade et moi-même la gérons avec le soutien de l’équipe des dettes souveraines. La gestion s’appuie sur les analyses ESG de l’équipe d’Aviva Investors, Global Responsible Investment (GRI) composée de plus de 25 personnes. Cette équipe coordonne également la totalité de nos activités d’engagement actionnarial ESG et exerce nos droits de vote.

Comment appréhendez-vous votre univers d’investissement ?

Notre univers d’investissement est constitué d’émissions en euro de groupes européens mais aussi internationaux. Il compte un peu plus de 5 000 valeurs et combine des actions hors UK et des obligations émises en euros. Nous y appliquons trois filtres. Le premier, sectoriel, consiste à exclure du portefeuille d’une part les titres de sociétés dont l’activité relève de l’exploration-production et de l’exploitation de combustibles fossiles, et, d’autre part, les titres de celles réalisant plus de 20 % de leurs revenus dans la distribution, le transport et la production d’équipements dans ces segments d’activité. Nous excluons également les titres des sociétés productrices de tabac, conformément à la volonté de notre groupe de mener des actions afin de contribuer à préserver la santé et plus généralement le bien-être des individus.

Quels sont les deux autres filtres ?

Le deuxième filtre consiste à exclure les titres des entreprises faisant l’objet de controverses sévères. Plus spécifiquement, il s’agit des controverses notées 0 et 1 par MSCI ESG qui attribue des notes comprises entre 0 et 10, 10 étant la meilleure note. Lorsque la valeur d’une controverse est abaissée à 0 ou 1 par MSCI ESG, le titre a bien entendu vocation à sortir du portefeuille, mais dans un délai qui nous permet d’optimiser la vente dans l’intérêt des porteurs de parts. Une fois ces filtres appliqués, la sélection de titres se focalise sur des entreprises dont la contribution aux Objectifs de Développement Durable de l’ONU est avérée.

Quels sont les ODD que vous privilégiez ?

Il y en a quatre. Il s’agit des ODD « Bonne santé et bien-être » (3), « Travail décent et croissance économique » (8),« Consommation et production responsables » (12) et « Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques » (13).

Comment vous y prenez-vous ?

Nous nous appuyons sur les 3 thèmes centraux du fonds : la lutte contre le réchauffement climatique, la préservation des ressources de la planète et l’amélioration des conditions de vie des individus. Ceux-ci nous permettent d’appréhender les enjeux les plus urgents mais aussi de se positionner, en tant que gérant d’actifs responsable, dans le cadre d’investissements de long terme. Pour ce faire, nous nous appuyons sur les travaux de recherche de nos équipes, ainsi que sur les données émanant de différents fournisseurs tels que MSCI ESG Research, ISS-Oekom. Nous sommes ainsi en mesure de mesurer l’impact extra-financier du portefeuille au moyen de critères tels que le score ESG ou l’intensité carbone.

Quel est le profil des valeurs qui répondent in fine à vos exigences ?

Structurellement, sur le marché des actions, nous sommes majoritairement investis sur les petites et moyennes capitalisations, en forte croissance, génératrice d’alpha et ayant un impact positif sur la société. En effet, nombreuses sont les entreprises de ce segment de marché qui proposent des solutions sur nos thématiques. Sur le marché obligataire, nous privilégions les titres d’émetteurs qui contribuent positivement aux thématiques choisies et ayant des objectifs précis pour le moyen long terme. Nous cherchons également à favoriser le financement de projets spécifiques, au travers notamment des obligations vertes mais aussi des obligations sociales (social bonds) et plus généralement par le biais d’émissions durables (sustainable bonds). Ces dernières ont représenté de l’ordre de 15 % des nouvelles émissions euro Investment Grade (notées de AAA à BBB- selon Standard & Poor’s et Fitch) depuis le début de l’année. L’engouement actuel pour ces titres a apporté un supplément de profondeur à notre univers d’investissement. Pour les emprunts d’Etats, nous disposons d’un modèle interne de notation ESG. Celui-ci accorde un poids important aux critères environnementaux et sociaux des politiques publiques et aux Objectifs de Développement Durable que se fixent les Etats. Nous suivons notamment de près les nombreuses données disponibles, telles que les rapports de l’OCDE et les éléments d’analyse diffusés par de grandes universités internationales.

Quelle est votre allocation d’actifs cible ?

L’exposition en actions a vocation à varier entre 20 et 60 % de l’actif net. L’exposition aux produits de taux (crédit, obligations d’Etats et instruments du marché monétaire) représente quant à elle entre 40 et 80 % du fonds. L’idée générale est de faire preuve d’agilité dans la gestion afin de réaliser les arbitrages nécessaires et de céder les titres qui ne répondent plus à nos exigences ou qui atteignent les niveaux de valorisation anticipés. Le fonds est soumis au risque de perte en capital.

TB