Marché
[Tribune] 0DTE : jeu de hasard ou véritable investissement ?
- Lundi 2 juin 2025 - 05:30
- | Par La rédaction
Plébiscitées par les particuliers, les options à zéro jour d’échéance s’imposent comme un outil de spéculation aussi fulgurant que controversé. Entre opportunités de gains rapides et craintes de déstabilisation systémique, décryptage d’un phénomène qui redessine les contours du trading moderne.
Le printemps 2025 restera dans les mémoires des acteurs des marchés boursiers comme une période marquée par une forte volatilité. Pourtant, cette instabilité n’a pas touché l’ensemble des instruments financiers. Tandis que l’actualité politique, les tensions commerciales et l’incertitude ambiante ont mis les nerfs des investisseurs à rude épreuve, le segment des options - en particulier celui des options à zéro jour d’échéance (0DTE) - a fait preuve d’une étonnante constante, malgré les craintes exprimées quant à son potentiel de déstabilisation, comparable à la crise financière mondiale de 2008.
La preuve par cinq
Les 0DTE, ou « zero-day to expiration », sont des produits dérivés qui expirent le jour même de leur achat. Apparus en tant que produit distinct en 2022, ils ne représentaient alors que 10 à 15 % du volume des échanges sur l’indice S&P 500 (SPX). Aujourd’hui, ils en constituent plus de 50 %, soit plus de 1 000 Md$ échangés chaque jour. En l’espace de trois ans, leur volume quotidien moyen a été multiplié par cinq, avec 60 % des transactions désormais initiées par des investisseurs particuliers.
Pourquoi un tel engouement ? Une entrée facile sur le marché, des frais réduits et la possibilité de miser de manière tactique sur les fluctuations à court terme des indices. Il s’agit, en quelque sorte, de la version aboutie de la spéculation à l’ère de TikTok, ou d’une alternative aux casinos.
Dérivé volatil
Le principal risque mis en avant par les experts est l’effet amplificateur de la volatilité. Lorsqu’un grand nombre d’options expirent le même jour, tout mouvement du marché peut être exagérément amplifié : une baisse attendue de 3 à 4 % peut ainsi se transformer en chute de 10 %. Ce phénomène peut être déclenché aussi bien par des particuliers que des institutionnels - voire par les teneurs de marché eux-mêmes, lorsqu’ils cherchent à couvrir leurs positions.
Pourtant, selon les données de la bourse de Chicago (CBOE), ces derniers ont au contraire contribué à atténuer les turbulences. Les 4 et 9 avril, jours de volatilité extrême où le SPX a respectivement chuté de 6 % et bondi de 10 %, les teneurs de marché ont réalisé des couvertures allant à l’encontre du mouvement général, aidant ainsi à stabiliser le marché.
Pas de scénario catastrophe
Les faits n’ont donc pas confirmé les scénarios catastrophes anticipés. Au contraire, l’activité sur les options a démontré leur utilité. Les particuliers se contentent souvent d’acheter des options d’achat ou de vente simples, ou d’établir des positions étroites (spreads). Dans plus de la moitié des cas, leurs pertes potentielles ne dépassent pas 2 000 dollars, alors même que le contrat SPX est valorisé à 550 000 dollars. Ces investisseurs agissent vite : ils prennent position, et quittent immédiatement le marché si celui-ci évolue à leur désavantage. Mais lorsque la tendance leur est favorable, ils peuvent réaliser des gains de plusieurs centaines de pourcents grâce à un mouvement marqué.
C’est d’ailleurs pour cette raison que la part des particuliers dans les 0DTE a reculé durant les périodes de forte volatilité. Mais dès que les conditions se stabilisent, ces investisseurs reviennent massivement - comme cela s’est produit à plusieurs reprises.
Pour les acteurs de marché, comprendre ces dynamiques devient un outil clé pour naviguer dans un paysage d’investissement de plus en plus complexe, mais aussi riche en opportunités. L’essentiel est de ne jamais perdre de vue la gestion du risque, qui reste la pierre angulaire du trading d’options.