06062025

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Fiscalité

App’ d’investissement : entre accessibilité et incitations risquées

risque opérationnel attention danger

La grande facilité d’accès des applications mobiles n’est pas au goût de l’AMF. Si leur ergonomie favorise une entrée rapide sur les marchés, elle peut aussi court-circuiter la prudence des investisseurs.

 

 

 

 

 

 

Les applications d’investissement mobiles pourront-elles aller à l’encontre de leur nature ? L’AMF a mené une campagne de visites mystères auprès de 14 établissements pour cerner la nature de l’information fournie aux épargnants et les mécanismes incitatifs que ceux-ci déploient, se montrant plutôt critique.

L’institut Ipsos, qui a réalisé ce travail pour le compte du régulateur entre novembre 2024 et janvier 2025, a ciblé les acteurs les plus visibles auprès des nouveaux investisseurs particuliers : banque en ligne comme Trade Républic ou Revolut, plateformes d’investissement comme Saxo ou Etoro et filiales de banques traditionnelles type Boursobank ou Fortuneo. Concrètement, le « visiteur-mystère » ouvrait auprès de chacun un compte-titres, réalisait un investissement en ETF et achetait une fraction d’action.

Cinq minutes

Les deux tiers du temps, les comptes-titres étaient ouverts en moins de cinq minutes. Une rapidité d’exécution qui « peut limiter le temps de la réflexion et la prise de conscience du risque pour les investisseurs les moins expérimentés », souligne l’AMF. La facilité d’inscription est pourtant l’un des gros arguments de ces plateformes, qui combinent interfaces intuitives et innovations - comme les puces NFC - pour accélérer l’accès aux services.

L’AMF relève également des problèmes d’accès à l’information et de pédagogie. Certains documents sont uniquement disponibles en langue étrangère et la transparence sur les frais est parfois lacunaire : Trade Republic, par exemple, se présente comme l’un des acteurs les moins chers du marché mais se garde de mentionner les frais souvent élevés contenus dans ses spreads de marché.

Présentation ambiguë

« Sur certaines plateformes, la présentation des instruments financiers (ETF et actions fractionnées) est ambiguë car elle ne permet pas toujours de comprendre qu’il peut parfois s’agir de produits dérivés », ajoute l’AMF.

Une ambiguïté qui se retrouve dans les stratégies commerciales des plateformes, brouillant volontairement la frontière entre l’aspect ludique et le risque. En reprenant les codes du gaming et des réseaux sociaux, elles peuvent encourager « des décisions d’investissement impulsives ».

Enfin, les ressources disponibles sont de qualité inégale, et présentent parfois « des informations trop simplifiées ou fragmentaires, pouvant affecter la compréhension des risques par les épargnants ».