Actualité des sociétés
Label ISR : toujours inconnu au bataillon
- Mardi 3 juin 2025 - 14:59
- | Par Jonathan Blondelet
La réforme du référentiel a crédibilisé le label, mais n’a pas suffi à le faire connaître : un français sur cinq a déjà entendu parler d’épargne responsable, un sur dix a déjà investi. Le déficit de formation et de pédagogie des conseillers n’aide pas la matière à se faire connaître.
Le sondage « Les Français et l’épargne responsable » (1) commandé par le Comité du label ISR à Toluna Harris Interactive sur la notoriété du label n’a pas fait l’objet d’un envoi à la presse, mais plutôt d’une publication discrète sur son site internet. A sa lecture, on comprend pourquoi.
Manque de notoriété
Malgré la réforme profonde du référentiel ISR, celui-ci souffre encore d’un manque de notoriété auprès des épargnants. « Seulement un Français sur cinq a déjà entendu parler de l’épargne responsable, une proportion qui augmente, toutefois, pour les catégories de foyers les plus aisés (30% des foyers ayant un revenu de 4000 € ou plus), écrit le Comité. Et seuls 12% des Français ont déjà investi dans un produit d’épargne responsable, soit à peine un Français sur dix. »
Le label ISR n’est donc pas le seul concerné, mais l’épargne responsable dans son ensemble, sur laquelle d’énormes efforts de pédagogie restent à faire : les trois quarts des sondés se disent mal informés sur ce type de produits. Le label ISR est d’ailleurs plus identifié que ses petits camarades - en France Finansol et Greenfin - puisque 57 % des Français l’identifient contre 46 % pour les autres.
La flamme du soldat inconnu
La pertinence de ces étiquettes pour les produits d’épargne n’est pas pour autant à remettre en cause, puisque les trois quarts des sondés disent avoir confiance dans les labels de façon générale. Les produits d’épargne responsable sont moins soutenus que les labels au sens large (63 % contre 75 %), mais le déficit d’informations est susceptible d’expliquer cet écart.
La V3 du label ISR, qui s’applique depuis le 1er janvier à tous les fonds labélisés, a renforcé sa crédibilité en prévoyant des plans de transition pour les émetteurs, en durcissant les exigences de « best-in-class » et les exclusions sectorielles, notamment sur les hydrocarbures.
Pratique parcellaire
La balle est maintenant dans le camp des distributeurs, dont l’obligation de prendre en compte les préférences ESG de la clientèle doit normalement contribuer à évangéliser les épargnants. Problème, le recueil d’informations est souvent mis en œuvre de façon partielle, voire pas du tout : de nombreux CGP indiquent proposer à leurs clients de passer outre le questionnaire.
La formation des conseillers doit aussi être améliorée. Lors d’une campagne de visites mystères conduite par l’AMF en 2024 auprès de réseaux bancaires, un collaborateur sur deux manquait de clarté et de pédagogie et deux sur trois ne connaissaient pas suffisamment le thème de la finance durable.
Attentes spécifiques
Leur bonne compréhension de la matière est pourtant indispensable pour accompagner efficacement les épargnants, dont les attentes diffèrent selon la tranche d’âge. Les plus jeunes privilégient les projets à caractère social (droits de l’homme pour la majorité des 25-34 ans, égalité femmes-hommes et bien-être des salariés pour les 18-24 ans).
Les plus âgés optent quant à eux pour la transition environnementale et climatique (préservation des ressources en eau pour la majeure partie des 50-64 ans, lutte contre le changement climatique et gestion des déchets).
Toutes générations confondues, la préservation des ressources en eau est la thématique la plus citée (93 % des répondants), suivie par la biodiversité (89 %), puis, à égalité, de la lutte contre le changement climatique et des droits de l’Homme (88 %).
(1) : Enquête réalisée en ligne, du 28 janvier au 6 février 2025, par l’institut Toluna Harris Interactive pour le label ISR, auprès d’un échantillon de 3022 personnes représentatif des Français âgés de 18 ans et plus selon la méthode des quotas