22112024

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Gestion d’actifs

Quatre thématiques de croissance durable

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Interview de Marion Casal, Gérante du fond Quadrator SRI, chez Montpeniser Finance.

Vous gérez le fonds Quadrator SRI avec Olivier de Royère depuis un peu plus de huit ans. Quelles sont ses principales caractéristiques ?
Il s’agit d’un fonds de conviction, labelisé ISR, SFDR 9 et SRI 4 1 , investi dans des entreprises de petites et moyennes capitalisations de la zone euro. Dès le départ, nous avons eu pour objectif de construire un portefeuille de valeurs de qualité durablement bénéficiaires. Pour cela, nous avons retenu quatre grandes thématiques que nous estimons porteuses et susceptibles de surperformer le marché sur la durée.

Quelle est la taille de votre univers d’investissement ?
Nous estimons qu’il comprend un peu plus de 1 300 titres parmi les quelque 3 000 valeurs cotées sur les marchés de la zone euro. Il s’agit d’entreprises dont la capitalisation est comprise entre 200 millions et 10 Md€ et dont la liquidité quotidienne moyenne 2 est supérieure à 250 000 €. Nous réduisons cet univers d’investissement particulièrement riche à environ 1 000 titres après avoir appliqué notre processus d’exclusions ESG. Les quatre thématiques retenues nous permettent ensuite d’orienter notre démarche d’analyse et de définir un axe d’investissement clair dans le cadre de notre sélection de valeurs.

Quelles sont ces thématiques ?
Il s’agit de thématiques, adaptées au segment des petites et moyennes capitalisations, qui nous permettent d’investir sur des tendances de fond et qui nous semblent particulièrement porteuses sur le long terme. Chacune d’elles intègre plusieurs sous-thèmes et recèle de notre point de vue un véritable potentiel de croissance, supérieure à celle du PIB. Ainsi, la thématique Better Life, répond à la volonté des individus d’améliorer leur bien-être et leur santé tout au long de leur vie. On y retrouve par exemple les secteurs du sport, de la nutrition mais aussi celui des équipements médicaux et paramédicaux. La thématique Lifestyle, quant à elle, concerne les grandes tendances de consommation actuelles et recouvre le secteur du luxe, ainsi que les domaines spécifiques du commerce en ligne et de la consommation responsable.

Quelles sont les deux autres ?
La thématique Smart Resources répond à l’urgence du développement durable qui impose à tous une transformation dans la gestion des ressources énergétiques et environnementales. On y retrouve les énergies solaire et éolienne mais aussi les solutions d’efficience énergétique, d’économie d’énergie,de préservation de l’environnement et de gestion des déchets. Enfin, la thématique Digital Impactconcerne les entreprises impliquées dans la transformation numérique de nos sociétés, tant dans lesservices que dansl’industrie. Nous accompagnons ainsi le phénomène de digitalisation de notre quotidien et de celui desentreprises, notamment avec l’industrie 4.0 qui combine automatisation et robotisation.

Comment est structuré le portefeuille ?
Nous sélectionnons une cinquantaine de valeurs pour construire un portefeuille équilibré. Il estcomposé de nos plus fortes convictions, dont les pondérations sont comprises en moyenne entre 3 et5 % et sur lesquelles le turnover est plutôt faible. Les autres lignes du portefeuille, plus tactiques, ontdes pondérations moindres, comprises entre 1 et 2 %. Il s’agit de valeurs pour lesquelles nous avonsidentifié un réel catalyseur tel qu’un retournement de cycle, une restructuration ou encore uneréorganisation. Mais quelle que soit l’entreprise détenue, nous veillons toujours à ce qu’elle réponde ànos exigences en matière de croissance, de visibilité et de valorisation mais aussi à un certain nombrede critères ESG.

Quel est le turnover de votre portefeuille ?
Dans la mesure où nous ciblons des entreprises évoluant sur des marchés porteurs, en croissancesur le long terme, et qui ont les ressources suffisantes pour être ou devenir les leaders de leurssecteurs d’activités respectifs, nous nous engageons sur la durée. Ces dernières années, le contextepolitique et économique nous a poussés à être davantage réactifs.

Le segment des petites et moyennes valeurs a été délaissé par les investisseurs ces dernières années. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la classe d’actifs ?
D’une manière générale, le marché des petites et moyennes capitalisations est moins efficient quecelui des grandes valeurs. Les opportunités y sont donc plus nombreuses et, compte tenu desniveaux de croissance plus élevés qui y sont observés, elles tendent à surperformer sur le long termeles grandes capitalisations. Comme on l’a vu récemment avec l’opération sur Neoen, elles sont parailleurs souvent dynamisées par le marché des fusions et acquisitions qui apporte un potentiel de gainsupplémentaire pour les investisseurs. Or, depuis deux ans, les flux d’investissement ne sont pas aurendez-vous malgré la publication de bons résultats et de solides perspectives. Malgré un contexteéconomique compliqué, les niveaux de valorisation sont aujourd’hui historiquement faibles.

Quels sont les exemples les plus frappants de ce phénomène ?
Au sein de la thématique Better Life, certaines firmes du secteur de la santé ont subi le déstockagegénéralisé observé depuis plusieurs trimestres. La normalisation a mis plus de temps que prévu à sematérialiser et cela a beaucoup pénalisé des acteurs comme Sartorius Stedim Biotech par exemple.On peut également mentionner Virbac, présent dans le domaine de la santé animale, ou encoreTechnogym, qui bénéficie d’un momentum positif lié aux Jeux olympiques. Dans la thématiqueLifestyle, l’inflation a durement impacté le thème de la consommation. Pour autant, le groupe de luxe Prada, qui affiche une croissance à deux chiffres, est par exemple valorisé moins de 20 fois sesbénéfices 2025. Même chose avec le groupe Seb, dont on aurait pu penser que les bonnespublications seraient mieux récompensées en bourse…Nous pensons que les anomalies de marché vont être corrigées petit à petit. Cela dit, malgré leretournement à la baisse des taux d’intérêt et des conditions macro-économiques qui pourraients’améliorer, le repositionnement des investisseurs peut prendre du temps. Dans tous les cas, noussommes convaincus que toutes les conditions sont réunies pour un redémarrage prochain de laclasse d’actifs.

          

TB