22122024

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Gestion d’actifs

Les atouts de l’approche quality value

independance am

Interview de Vincent Rouvière, Gérant-analyste du fond Indépendance Europe Small, chez Indépendance AM

Vous venez de rejoindre Indépendance AM en tant que gérant-analyste. Quelles sont les principales spécificités de cette société de gestion ?
Indépendance AM a été créée en 1992 par le groupe Siparex. Depuis 2006, date de son rachat par William Higgons, son actuel président, elle est une société de gestion indépendante. C’est précisément au regard de ses spécificités que j’ai souhaité rejoindre l’entreprises : spécialisée dans la gestion de portefeuilles de petites et moyennes valeurs françaises et européennes, elle déploie uneméthodologie de gestion originale – la gestion quality value – qui, depuis sa mise en œuvre, a permisde délivrer des performances élevées et stables sur la durée.

Qu’est-ce que la gestion quality value ?
Il s’agit d’une approche de gestion, importée des états-Unis par William Higgons qui a souhaitél’appliquer aux valeurs françaises. L’idée principale est d’investir dans des entreprises faiblementvalorisées qui ont su se développer en maintenant un bon niveau de rentabilité.

Comment les identifiez-vous ?
C’est une autre spécificité de notre société de gestion : nous ne faisons à aucun moment appel auxprévisions pour sélectionner les valeurs du portefeuille. Nous nous concentrons exclusivement sur lesdonnées financières historiques des entreprises et sur leurs multiples de valorisation de l’annéecourante. De cette manière, notre analyse est pleinement factuelle. Nous considérons que prévoir estun exercice particulièrement aléatoire et que, d’une manière générale, les prévisions produites par lesprofessionnels des marchés sont peu fiables. Notre démarche, inédite, a permis de délivrer de trèsbonnes performances.

Quelles sont -elles ?
Depuis sa création en 1993, soit un peu plus de trente ans, le fonds investi sur les valeurs françaises,Indépendance France Small & Mid, a délivré une performance annualisée nette de 13 %. Un résultatnotable pour un fonds value sachant que la décennie qui nous précède a été résolument favorable austyle croissance. Plus récent, le fonds Indépendance Europe Small, lancé en 2018, ne démérite pasavec une performance annualisée moyenne voisine de 12 % dans le contexte que l’on connait. Il arégulièrement surperformé son indice de référence, l’indice Stoxx Europe Small, et il figure en tête desa catégorie qui compte environ 160 concurrents. Ces bons résultats lui ont d’ailleurs valu denombreux prix, dont les Globes de la Gestion du magazine Gestion de Fortune.

Parlez-nous de l’équipe de gestion. Comment est-elle structurée ?
A ce jour, l’équipe est composée de six gérants-analystes et d’une personne en charge des aspectsISR. Notre mode de fonctionnement est collégial. Nous partageons une culture commune, empreintede rigueur. Chaque société de notre univers investissable est suivie par au moins deux d’entre nous.Mon arrivée dans l’équipe, avec qui je partage de nombreuses valeurs, coïncide avec le lancementd’un nouveau fonds, Indépendance Europe Mid. Celui-ci est complémentaire de la gamme existanteen ce sens qu’il permet de couvrir les valeurs moyennes européennes, toujours avec la mêmeméthodologie de gestion.

Comment délimitez-vous l’univers investissable de vos fonds ?
Notre objectif est d’investir, sur un horizon d’investissement de cinq ans, dans le capital de bellesentreprises, performantes sur la durée. Pour cela, nous avons à la fois recours au levier économique,en identifiant les plus rentables, et au levier de marché en misant sur les titres faiblement valorisés quiprésentent les meilleures perspectives de revalorisation. Nous partons du principe que, lorsqu’uneentreprise est de bonne qualité, il n’y a aucune raison pour qu’elle soit durablement mal valorisée. Ennous positionnant, notre objectif est de tirer parti du retour à la moyenne qui doit nécessairements’opérer sur la valeur.

Dès lors, quel est le profil type des valeurs qui sont présentes dans les portefeuilles ?
En partant du principe qu’il est toujours aisé d’être patient lorsqu’on est investi dans un bel actif qui sedéveloppe, nous privilégions les firmes les mieux gérées de notre univers d’investissement. Nousaccompagnons ainsi certaines entreprises sur de très longues périodes tant que ses multiples devalorisation ne dépassent pas certains seuils. Lorsque les niveaux de valorisation nous paraissent tropélevés, nous réduisons progressivement notre exposition. Ensuite, pour identifier de nouvellesopportunités d’investissement, nous nous appuyons sur des critères tangibles. Ceux-ci n’ont paschangé depuis 30 ans. Ils nous permettent, en complément de notre gestion collégiale, d’éviter lesbiais comportementaux traditionnels des gérants et, ainsi, de rester strictement factuels dans les choix opérés.

Quels sont ces critères ?
En premier lieu, il s’agit de la génération d’un chiffre d’affaires en croissance sur un marché porteur.On peut également mentionner l’existence de marges opérationnelles élevées. En moyenne, dans le portefeuille d’Indépendance Europe Small, elles sont voisines de 10 %. Nous accordons une importance particulière à la notion de rentabilité et plus spécifiquement à la rentabilité des capitaux investis ou return on capital employed (ROCE) en anglais. Ce ratio spécifique témoigne de la capacité de l’entreprise à investir efficacement les ressources financières dont elle dispose. A ce sujet, on a pu observer que les entreprises familiales, qui représentent une part significative du portefeuille, ont des ROCE supérieurs aux autres valeurs. Elles présentent souvent une croissance plus lente mais elles affichent une rentabilité des capitaux engagés avant impôts voisine de 20 % contre environ 7 % pour le marché dans son ensemble. Si nous sommes attentifs à la rentabilité, nous ne sommes pour autant pas particulièrement en quête d’entreprises qui versent des dividendes. Nous privilégions celles qui réinvestissent leurs bénéfices et qui capitalisent ainsi sur leurs revenus.

Qu’en est-il du levier de marché ?
Nous privilégions les valeurs qui présentent une décote d’au moins 25 à 30 %. Celle-ci peut, par exemple, s’expliquer par le fait que le secteur d’activité principal de l’entreprise est temporairement peu considéré par le marché. Il en résulte que sur certains segments de la cote, les valeurs technologiques par exemple, sont faiblement représentées dans les portefeuilles. On y retrouve davantage de valeurs industrielles BtoB, qui sont d’ailleurs particulièrement prometteuses dans le nouveau contexte économique, caractérisé par un sursaut des niveaux d’inflation. D’une manière générale, nous sommes toujours pleinement investis car notre univers d’investissement offre de nombreuses opportunités et investir dans des entreprises très rentables faiblement valorisées constitue une excellente manière de gérer le risque.

          

TB