22112024

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Gestion d’actifs

Une gestion de trésorerie améliorée

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Interview d'Emmanuel Schatz, Gérant de portefeuille Senior, du fonds Ostrum SRI Crédit Ultra Short Plus, chez Ostrum Asset Management

Vous avez défini un cadre de gestion spécifique pour le fonds Ostrum SRI Crédit Ultra Short Plus. Quel est-
il ?

Pour ce fonds, nous avons décidé de déployer une stratégie de gestion crédit à très court terme originale. Nous visons des rendements améliorés par rapport à un placement monétaire, avec une volatilité limitée et un horizon d’investissement toutefois plus long que celui des fonds monétaires traditionnels. Nous avons ainsi davantage de latitude dans le choix des émetteurs d’obligations. Les positions que nous retenons, dont la maturité individuelle est de deux ans maximum, sont généralement détenues jusqu’à l’échéance avec l’objectif de capter optimalement le rendement des titres.

Comment est structurée l’équipe de gestion ?

Au sein de l’équipe de gestion Crédit composée de 12 gérants, Julien Petit, cogérant, et moi-même, gérant principal assurons la gestion du fonds. Chacun de nous dispose d’une expertise forte, aussi bien sur le marché des obligations investment grade que celui du haut rendement ou high yield. Nous nous appuyons sur une équipe d’analystes crédit interne, composée de 23 personnes et répartie entre France, Asie et USA. Le fonds étant labellisé ISR depuis 2022, nous avons également recours à l’expertise interne d’une équipe d’analystes ESG. L’exécution des ordres est gérée au sein de Natixis TradEx Solutions.

Quelles sont les grandes caractéristiques du portefeuille qui émanent de votre cadre d’investissement ?

Le portefeuille est composé d’une centaine de lignes avec une maturité moyenne obligatoirement limitée à un an. Pour une diversification optimale, nous avons ouvert notre univers d’investissement aux différents segments de marché susceptibles de répondre à notre objectif de stabilisation des rendements sur la durée. Aussi, nous couvrons le spectre entier des notations de crédit et retenons différents types d’obligations et d’instruments obligataires et monétaires. La sensibilité aux taux d’intérêt est limitée à 0,5, ce qui rend plus flexible l’adaptation à l’évolution des conditions du marché. Enfin, la volatilité du portefeuille est normalement plus élevée que celle des fonds monétaires classiques mais l’effet pull-to-par, ou convergence au pair, inhérent aux obligations à très court terme permet de la limiter. Il concerne la force de rappel du cours de l’obligation vers son prix de remboursement. Il est d’autant plus fort que la date de remboursement approche et donc particulièrement pertinent pour un portefeuille composé d’obligations à très court terme.

Comment sélectionnez-vous les émetteurs ?

Il s’agit de la principale source d’alpha de notre stratégie. L’équipe d’investissement sélectionne les émetteurs sur la base d’une recherche de crédit bottom up afin d’identifier les meilleures opportunités d’investissement, analysées comme susceptibles de générer un rendement attractif. Résilience tout au long du cycle économique et visibilité des flux de trésorerie sont deux critères clés de nos décisions d’investissement. En cela, nous n’attachons pas une importance démesurée aux notations des agences.

Comment s’articule votre analyse ?

Comme évoqué, la visibilité de l’activité est un paramètre important. Par exemple, les entreprises du secteur des infrastructures de télécommunication, souvent notées au plus bas de la catégorie investment grade et parfois même dans la catégorie high yield, ont pourtant une activité particulièrement stable sur le long terme en vertu des droits de péage qu’elles perçoivent des opérateurs télécom. C’est la raison pour laquelle leur structure financière est souvent soumise à davantage de levier que celle d’entreprises de secteurs plus cycliques, comme l’automobile. Il nous arrive donc de considérer certaines entreprises comme moins risquées que d’autres, alors même qu’elles sont moins bien notées par les agences. Dans tous les cas, si nous avons des doutes concernant un émetteur, nous préférons l’éviter afin de n’avoir aucun incident de paiement dans le portefeuille.

Dans quels types de produits investissez-vous ?

Les obligations à très court terme libellées en euros constituent le cœur du portefeuille, également composé de différents types d’obligations et d’instruments obligataires et monétaires, mais aussi de certaines obligations convertibles pure-rate. Il s’agit d’obligations convertibles à leur plancher obligataire, c’est-à-dire dont la part optionnelle est désactivée du fait d’un trop grand écart entre le prix de conversion et le cours de l’action sous-jacente. Nous investissons aussi dans certaines obligations libellées en d’autres devises que l’euro mais avec une couverture systématique du risque de change.

Comment appréhendez-vous les aspects ISR ?

Le fonds est conforme à la fois à l’article 8 SFDR et au label ISR français. Trois critères ISR principaux sont considérés lors de la sélection des émetteurs : la notation ESG, l’intensité carbone et l’existence d’une politique anti-corruption formalisée. La note ESG moyenne doit être meilleure que celle de l’univers d’investissement, purgé des 20 % des titres les moins vertueux. L’intensité carbone du portefeuille doit, elle, être inférieure à celle de ce même univers d’investissement. De la même façon, la proportion d’émetteurs disposant d’une politique anti-corruption doit être plus élevée. Enfin, il est également important pour nous de bien saisir la matérialité ESG des entreprises, de vérifier que les principes de durabilité mis en œuvre
sont en phase avec la continuité de l’activité, quelles que soient les évolutions réglementaires ou la stratégie initiée.

Quel regard portez-vous sur le contexte de marché actuel ?

Les taux courts en euro sont au plus haut depuis 15 ans, mais la BCE a annoncé le 6 juin une baisse de ses taux. Pour la suite, nous anticipons qu’elle restera cependant prudente dans son accompagnement de la baisse de l’inflation. La politique d’investissement lisible du fonds et la recherche de stabilité des rendements, délivrés dans un cadre visant une maitrise optimale des risques, constituent à nos yeux les principaux atouts de cette stratégie. Celle-ci est sans équivalent et permet aux investisseurs de disposer d’un placement que nous jugeons compétitif et très peu sensible à l’orientation des taux.

  

TB