Marché
Plus d’un français sur sept détient un PER
- Jeudi 20 février 2025 - 17:15
- | Par La rédaction
Au troisième trimestre 2024, on dénombrait 11 millions de titulaires pour 119 Md€ d’encours, dont la majorité ont transféré le produit d’un ancien produit d’épargne retraite. Bercy, qui a communiqué ces chiffres, vante l’arrivée du non cotée obligatoire pour les épargnants, avec quelques approximations.
Bercy a publié les chiffres de l’épargne retraite arrêtés au 30 septembre 2024. Selon les données consolidées des fédérations professionnelles - France Assureurs, Association française de la gestion d’actifs, Centre technique des institutions de prévoyance et Fédération nationale de la mutualité française -, on comptait 11 millions de titulaires pour 118,9 Md€ d’encours.
Légère progression
Par rapport à juin 2024, les encours progressent de près de 5 Md€ et le nombre de titulaires de 100 000. « Cette dynamique concerne tant les PER d’entreprise - collectifs (27,2 Md€ d’encours) et obligatoires (23,6 Md€ d’encours) - que les PER individuels (68,1 Md€ et plus de 4,1 millions de titulaires) », précise le ministère de l’Economie et des Finances.
Si la progression paraît assez molle sur trois mois, la période de souscription privilégiée des PER se situe plutôt entre octobre et décembre, avec un pic entre novembre et décembre, en lien avec la fin de l’année fiscale et la clôture de l’exercice comptable pour les indépendants.
Un nouveau contrat sur deux
Les chiffres consolidés du dernier trimestre pourraient donc indiquer une progression plus nette des encours comme des souscripteurs. En décembre 2024, le PER assurantiel affichait une collecte nette de 2 538 M€ (+9 % par rapport à décembre 2023) pour 135 200 nouveaux assurés. A rapporter aux 7 436 M€ collectés depuis le début de l’année, soit 9 892 M€ sur l’ensemble de l’année 2024.
Bercy avance que près d’un PER sur deux correspond à l’ouverture d’un nouveau contrat et n’est pas donc pas issu d’un transfert de produits d’épargne retraite antérieur à la loi Pacte. Aucun chiffre n’est cependant fourni concernant leur poids dans les encours, qui était à fin juin plus que significatif puisque les flux issus de nouvelles souscriptions pesaient pour moins de 41 Md€ sur un total de 113,8 Md€.
Avènement du non coté
A fin septembre, 80 % des actifs des PER étaient investis dans l’Union européenne, plus de la moitié en titres de capital ou assimilés, dont 3,5 Md€ en actif non cotés. Une part que la loi Industrie verte devrait mécaniquement augmenter puisqu’elle impose depuis le 22 octobre 2024 une part minimum de non coté en gestion pilotée à horizon. Celle-ci est comprise entre 2 et 15 % selon le profil de risque.
« Ces seuils permettent de flécher une part d’épargne pour soutenir les entreprises dans le cadre de la double transition numérique et environnementale, en visant en particulier le capital investissement dans des PME/ETI, les fonds d’infrastructures et les actions de PME/ETI cotées. Ces modes de gestion contribuent également à la diversification de l’épargne des Français, en favorisant l'accès à des actifs plus rentables sur le long terme. »
Promesse sans engagement
Il s’agit d’une double approximation puisque rien ne permet d’affirmer que les flux dégagés seront affectés à la transition numérique et environnementale, la loi n’imposant aucune obligation en ce sens, ni que les actifs seront plus rentables sur le long terme que les actifs cotés. Les assureurs semblent pour l’heure privilégier les fonds de dette privée, moins gourmands en capitaux propres que le capital-investissement mais potentiellement moins rentables.
Par ailleurs, les FCPR distribués au grand public n’ont pas encore fait la preuve de leur efficacité. Selon une étude de l’AMF (1), le taux de rendement interne (TRI) médian des véhicules evergeen est de 5 %, « avec toutefois un historique à date de courte durée ne permettant pas d’avoir une vue stabilisée sur leur performance sur le plus long terme », précise le régulateur.
Difficile par ailleurs d’estimer avec précision l’apport d’argent frais que la loi Industrie verte va apporter au non coté : la Direction générale du Trésor estime que les flux pourraient être de l’ordre de 1 à 1,2 Md€ par an pour le PER. Mais le plus gros apport pourrait venir de la migration du stock des assureurs qui choisissent d’aligner leurs anciennes et nouvelles grilles en gestion à horizon, et ceux-ci sont divisés sur la politique à adopter.