22112024

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Actualité des sociétés

Orpea tente le lifting en changeant de nom


vieux Ehpad seniorDeux ans après le scandale qui avait provoqué la chute du titre de l’exploitant d’Ehpads et l’arrivée de la Caisse des dépôts comme actionnaire majoritaire, Orpea devient Emeis. L’annonce, qui provoqué une légère remontée du cours, s’inscrit dans le cadre d’une opération de regroupement d’actions.

 

 

 

  

Orpea arrivera-t-il à faire oublier son passé tragique en ripolinant la façade ? En janvier 2022 sortait le livre « Les fossoyeurs », qui dénonçait les dérives du groupe dans la gestion de ses Ehpads, dont ses méthodes managériales douteuses ou ses exigences de rentabilité entraînant une maltraitance structurelle des résidents.

Nouvelle identité

Deux ans plus tard, Orpea ouvre « une nouvelle étape de son histoire », changeant de nom pour devenir Emeis, « nous » en grec ancien. Avec sa nouvelle identité, le groupe s’est doté d’une raison d’être (au sens de la loi Pacte) avec une « une ambition qui met le collectif, collaborateurs, patients, résidents, bénéficiaires, proches et acteurs de la santé et du lien social au cœur du projet d’entreprise », a-t-il fait savoir le 20 mars.

Emeis a mis sur pied des parcours spécialisés pour les personnes atteintes de troubles neurocognitif (comme Alzheimer), des initiatives en faveur de la santé mentale et de nouvelles activités spécialisées, comme la prise en soin des maladies neuro et cardiovasculaires.

Ces annonces seront-elles suffisantes pour convaincre les investisseurs ? Le cours de bourse de l’ex-Orpea a rebondi de 20 % depuis le 20 mars, mais la marge de progression est encore importante : valant 5,65 € le 14 janvier 2022, le titre n’a connu qu’une inexorable agonie pour se tasser à 10 centimes en début d’année.

Il faut sauver le soldat Orpea

Ce changement d’identité s’inscrit en effet dans le cadre d’une restructuration financière du groupe aux 76 000 collaborateurs, qui avait notamment modifié en profondeur son actionnariat en décembre 2023. L’activiste Concert'O, qui rassemble Nextstone Capital, spécialiste du non coté et de Mat Immo Beaune, actionnaire du groupe Les Opalines, avaient renforcé leur présence au sein du capital d’Orpea après en avoir vivement critiqué la direction. Surtout, un groupement mené par la Caisse des dépôts, avec la Maif, CNP Assurances et MACSF détient depuis 50,18 % du groupe et l’a ainsi sauvé de la faillite.

Cette prise de participation majoritaire est intervenue à l’occasion d’une augmentation de capital de 1,16 Md€, la deuxième sur trois prévue dans le cadre du plan de sauvegarde financière d’Emeis. Pour les actionnaires, le plan de restructuration a été synonyme de dilution massive de la valeur des titres détenus.

Ces derniers ne sont pas au bout de leurs peines, puisqu’un plan de regroupement d’actions est à l’œuvre depuis le 20 février et se poursuivra jusqu’au 22 mars. Avec une action ancienne contre 1 000 nouvelles, le cours remontera mécaniquement à 10 euros vendredi.

Fin du « penny stock » ?

L’ex-Orpea espère ainsi mettre son statut de « penny stock » - une action dont le cours est inférieur à un euro - sous le tapis, sacrifiant au passage un peu plus les créanciers non sécurisés qui détenaient après la dernière augmentation de capital 49 % du groupe.

Korian avait adopté en 2023 une stratégie similaire de refonte de marque en devenant « Clariane », adoptant au passage le statut d’entreprise à mission. Un plan d’action d’un montant de 1,5 Md€ - dont un programme de cession d’actifs en 2024 - visait à « renforcer sa structure financière » et « restaurer son accès au financement rapidement ». Le groupe avait été entrainé en 2022 dans la tourmente d’Orpea : son action qui se négociait autour de 28 euros en janvier 2022 a depuis dévissé continuellement et ne vaut plus que 1,45 € au 21 mars 2024, sans que le plan d’action annoncé ne parvienne à enrayer cette tendance. Un exemple à ne pas suivre pour Emeis.