Gestion d’actifs
Miser sur les leaders d'un monde plus vert
- Lundi 2 août 2021 - 11:15
- | Par Thierry Bisaga
Interview de Christian Rom, Gérant de fonds, Stian Ueland, Gérant de fonds et Laura McTavish, Analyste.
Quelles sont les principales caractéristiques de votre fonds ?
Lancé en 2007, DNB Fund - Renewable Energy est un fonds long only investi dans les titres d’entreprises qui, par leur activité, contribuent à l’amélioration de l’environnement. Son indice de référence est le WilderHill New Energy Global Innovation Index. Il s’agit d’un fonds géré activement via un portefeuille de conviction concentré autour d’une soixantaine de lignes.
Quelles sont les compétences respectives des membres de l’équipe ?
Le trio en charge de la gestion du fonds dispose d’expertises diverses pour mener à bien sa mission. Les gérants du fonds, Christian Rom et Stian Ueland, ont ainsi recours à des savoir-faire complémentaires pour appréhender pleinement l’univers d’investissement. Christian, qui gère les stratégies environnement chez DNB depuis dix ans, a précédemment occupé un poste d’analyste sur les secteurs de la technologie, des mines et des énergies renouvelables. Stian, qui a rejoint l’équipe en février dernier, apporte quant à lui son expertise dans les domaines des sciences des matériaux et de l’ingénierie. Enfin, Laura McTavish, qui a rejoint l’équipe de gestion en janvier, était analyste ESG chez DNB depuis 2018. Elle conforte aujourd’hui ces expertises et suit de près les aspects ESG. Elle a précédemment travaillé pour Trucost, la filiale de S&P Dow Jones Indices spécialisée dans l’estimation de l’empreinte carbone.
Quelle est votre philosophie d’investissement ?
Notre approche est caractérisée par la curiosité et la volonté de bien comprendre les modèles économiques des entreprises que nous analysons. Nous avons recours à une approche globale qui nous permet d’identifier les sources de valeur et de dénicher les leaders actuels ou à venir sur nos thèmes d’investissement. Notre démarche nous permet de construire un portefeuille composé de valeurs qui présentent une volatilité maîtrisée au regard des perspectives de rendement.
Dans quelle mesure ?
Alors que la volatilité de l’indice s’établit autour de 45 %, celle du fonds avoisine 28 %. Cette bonne maîtrise des risques est confortée par l’intégration ESG qui est au cœur de notre stratégie. Pour ce faire, nous disposons d’une équipe dédiée composée de 5 analystes et dirigée par Janicke Scheele. Le fonds dispose du label FNG qui valide notre processus d’intégration ESG ainsi que l’exclusion d’un certain nombre de secteurs dont le charbon, les sables bitumineux, le tabac, l’alcool ou encore l’armement. Le thème de l’environnement est porteur.
Quels sont, selon vous, ses moteurs de croissance aujourd’hui ?
Nous en distinguons plusieurs : l’indispensable réduction des émissions de carbone, une approche durable des activités économiques via les principes d’économie circulaire, les réponses durables à la demande croissante d’énergie au niveau mondial et, enfin, la compétitivité nouvelle, grâce à la baisse significative des coûts de production, des énergies renouvelables qu’il s’agisse d’énergie solaire ou éolienne. Tous sont interconnectés puisque le secteur de l’énergie représente à lui seul les deux tiers des émissions des gaz à effet de serre au niveau mondial.
Quels sont les différents segments d’investissement que vous avez identifiés et que vous privilégiez ?
Par ordre décroissant d’importance dans le portefeuille, on peut citer l’efficience énergétique, la production d’énergie, les matériaux nécessaires au cycle de l’énergie, l’énergie solaire, l’énergie éolienne, les biocarburants, les réseaux nécessaires au transport de l’énergie et enfin le stockage de l’énergie. Il est important de souligner que les pondérations retenues, qui peuvent significativement s’éloigner de celle de notre indice de référence, ne correspondent pas nécessairement aux perspectives offertes par chacun des secteurs. Notre approche pragmatique nous amène en effet à procéder à des arbitrages réguliers afin de privilégier les valeurs les plus prometteuses. Cette répartition sectorielle résulte donc entièrement d’une approche bottom-up et non d’une décision d’allocation en fonction d’une analyse macroéconomique.
Quels sont les critères que vous privilégiez dans le cadre de votre analyse financière ?
Au total, nous avons identifié pas moins de 3 000 valeurs cotées à travers le monde dans notre univers d’investissement. Compte tenu de l’engouement actuel pour les thématiques environnementales, cet univers d’investissement évolue quotidiennement. Notre approche est qualitative : seules sont retenues les firmes dont l’activité est clairement identifiée et dont les fondamentaux ont confirmé la pérennité du modèle de développement retenu par le management. Nous analysons le positionnement de l’entreprise, notamment via les 5 forces de Porter, en dialoguant avec ses dirigeants. Elle doit être capable de créer durablement de la valeur pour l’actionnaire. Ce positionnement doit naturellement s’intégrer dans une tendance structurelle spécifique. Nous étudions également la valeur intrinsèque de chaque titre afin de définir des objectifs de cours tout en étant attentifs au momentum boursier auquel est soumis le thème d’investissement dans son ensemble. Il en résulte une sélection de valeurs qui sont considérées comme nos plus fortes convictions.
Quelles sont les perspectives offertes par vos différents segments d’investissement ?
Indéniablement, il s’agit d’un thème de très long terme, structurel. Actuellement les énergies fossiles représentent 80 % de la consommation énergétique mondiale. Dans 30 ans, leur part devrait avoir baissé à 20 % et les énergies renouvelables devraient représenter à leur tour 80 % de la consommation. Il s’agit d’un changement majeur qui va impacter notre société et pour lequel de nombreux acteurs et des montants d’investissement conséquents vont être mobilisés. Ce changement sera par ailleurs porté par les nouvelles générations qui sont davantage sensibilisées aux questions environnementales, qu’il s’agisse d’efficience énergétique, de réduction des émissions de carbone, de préservation de l’environnement ou de la biodiversité. De nombreux segments et de nombreuses technologies n’en sont actuellement que à leurs balbutiements que ce soit dans le secteur de l’énergie, par exemple avec l’hydrogène, ou dans celui de la gestion des déchets avec le recyclage et la mise en œuvre de vrais processus d’économie circulaire.
TB