Gestion d’actifs
Accompagner la transition écologique et énergétique
- Mercredi 28 juillet 2021 - 11:15
- | Par Thierry Bisaga
Interview de Adrien Dumas, directeur de la gestion chez Mandarine Gestion.
Quelles sont les principales caractéristiques de votre fonds, Mandarine Global Transition ?
Investi en actions, le fonds Mandarine Global Transition est une réponse à une forte demande émanant des épargnants et investisseurs.
Nous travaillons activement sur sa stratégie depuis un peu plus de trois ans. Celle-ci peut se résumer en un double objectif : financer et capter la dynamique de croissance des acteurs de la transition écologique et énergétique vers une économie décarbonée. Lancé il y a 18 mois, le fonds dispose déjà d’un encours de près de 150 millions d’euros.
Quels sont les aspects que vous avez privilégié dans la conception de la stratégie ?
Nous avons pris le temps d’élaborer l’approche la plus objective possible en combinant intentionnalité et mesurabilité. Nous avons en effet constaté qu’il existait de nombreuses interprétations et compréhensions de ce qui est favorable à l’environnement. En étudiant les différents indicateurs et les instruments de mesure disponibles, nous sommes parvenus à une approchesélective et de conviction.
Quelle démarche avez-vous retenue ?
Le fonds sélectionne des sociétés de tous pays et de toutes tailles qui contribuent à la transition énergétique et écologique. Il s’agit d’entreprises engagées. Nous n’exigeons pas que 100 % de leur activité soit concerné par notre thème d’investissement mais nous veillons néanmoins à ce que notre portefeuille reflète la diversité des initiatives déployées dans ce domaine. En pratique, parmi les 15 000 entreprises cotées auxquelles nous avons accès, nous nous intéressons à celles dont la part verte1 de l’activité est supérieure à 30 %. Nous sommes par ailleurs absents des secteurs du charbon, des énergies fossiles et du nucléaire, en accord avec la taxonomie.
Pourquoi avoir privilégié la notion de « part verte » ?
Contrairement à d’autres données extra-financières plus difficiles à collecter et à traiter, les notions de parts verte et brune, mises en avant par la taxonomie européenne, sont bien comprises et difficilement contestables. Il est par ailleurs possible de se les procurer et de les compiler pour quasiment toutes les entreprises. Enfin, elles sont facilement comparables d’un secteur à l’autre. Cela répond donc à une vision pragmatique, confortée par un second indicateur.
Quel est-il ?
Il s’agit de l’alignement 2°C. C’est un indicateur dynamique qui permet de se projeter dans le temps et d’identifier les entreprises qui ont matérialisé une stratégie pour neutraliser leurs émissions de carbone à l’horizon 2050. Munis de ces deux indicateurs, nous avons les moyens de déployer un processus de gestion robuste d’un point de vue scientifique. Au final, cette démarche permet de réduire l’univers d’investissement à 400 valeurs environ. Celui-ci reste suffisamment large pour construire, grâce à l’analyse fondamentale, un portefeuille d’une soixantaine de lignes dont 40, nos plus fortes convictions, constituent le coeur du portefeuille.
Quel regard portez-vous sur le phénomène de transition écologique et énergétique ?
Le réchauffement climatique est un enjeu planétaire auquel nous sommes tous confrontés. Indubitablement, nos modes de vie vont être considérablement impactés par ce phénomène. Le grand public et les décideurs politiques ont pleinement conscience de l’urgence et s’approprient le sujet. La taxonomie va s’imposer aux entreprises au cours des prochaines années. Ces dernières, conscientes des enjeux, explorent globalement de nouvelles pistes de développement durable et adaptent leurs stratégies.
Cela signifie que de nouveaux business models vont voir le jour et constitueront autant d’opportunités qu’il nous faudra saisir. Par ailleurs, les investisseurs, dont la prise de conscience a été graduelle, nourrissent également désormais cette dynamique en privilégiant les investissements à caractère durable. D’une manière générale et comme le montre le parcours du fonds depuis son lancement, le timing est idéal et l’ensemble des parties prenantes de cette transition disposent désormais de moyens pour agir.
Comment tirez-vous parti de ce phénomène ?
Notre approche, dépourvue de contraintes géographiques, sectorielles ou de tailles de capitalisation nous permet d’aller chercher les opportunités où qu’elles soient. La transition écologique concerne tous les secteurs même si quatre grands secteurs ont été identifiés comme les plus polluants par l’Agence internationale de l’énergie.
Il s’agit des secteurs de la construction, des transports, de l’énergie et de l’agriculture. Mandarine Global Transition est un fonds original qui se différencie d’autres fonds thématiques par une présence sur de nombreux secteurs et une décorrélation parfois significative entre ses différentes positions. Nous avons en effet la volonté de miser sur la diversification et de ne pas nous concentrer sur les seuls secteurs de la technologie ou de la santé, souvent omniprésents dans les fonds thématiques. A noter également, la part active du portefeuille, c’est à-dire celle qui se démarque de son indice de référence, est extrêmement élevée puisqu’elle s’établit à 97 %.
Quelles sont actuellement les principales thématiques de transition présentes dans votre portefeuille ?
Celles-ci reflètent également notre volonté de diversification. On peut citer, de la plus forte à la plus faible pondération, les thématiques suivantes : le monde bas carbone qui représente 21% de l’actif, la mobilité durable avec 18 %, les énergies renouvelables et les ressources naturelles qui représentent chacun 17 %, l’économie circulaire avec 9 % ou encore la consommation responsable avec 6 %. D’un point de vue sectoriel, l’industrie est très présente puisqu’elle mobilise à elle seule 44 % des actifs du fonds. Elle est suivie par la technologie avec une pondération de 15 %, les services publics et les produits de base représentant chacun 11 %.
Pour finir, vous avez fait le choix de la transparence. Comment l’envisagez-vous ?
La technologie, les innovations et le cadre scientifique actuel permettent aujourd’hui des mesures plus précises de l’impact de l’activité ou des investissements réalisés. Nous avons la volonté de communiquer en toute transparence sur ces sujets via un reporting d’impact détaillé mais aussi en partageant l’ensemble de nos démarches de dialogue actionnarial. Nous avons d’ailleurs obtenu le label Greenfin qui confirme la pertinence globale de notre démarche.
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1. La part verte du portefeuille correspond au pourcentage de chiffre d’affaires des sociétés éligible à la taxonomie européenne. Cette taxonomie verte décrit les critères pour orienter la finance vers des activités « climato- compatibles ». Source : Mandarine Gestion
TB