Gestion d’actifs
L’ESG à l’aune de la crise sanitaire selon SPDR
- Vendredi 22 mai 2020 - 11:16
- | Par Michel Lemosof
Dans sa dernière étude, SPDR (State Street Global Advisors), met en lumière l’importance de l’ESG pour les investisseurs, alors que la crise liée au Covid-19 est déjà lourde de conséquences.
Transition
« La crise liée au Covid-19 met plus que jamais en lumière l’importance de l’ESG, expliquent les responsables de SPDR [Standard and Poor’s Depositery Receipt]. Début 2020, l’optimisme était élevé sur le front ESG. Nous attendions avec impatience la concrétisation de l’Accord de Paris, les avancées du green deal européen (ce qu’Ursula van der Layden, la présidente de la Commission européenne, considère comme l’équivalent du premier pas de l’Homme sur la Lune de l’Europe), le lancement d’un système de classification des activités économiques durables de l’Union européenne, ou taxonomie verte, et l’introduction de nouveaux benchmarks climatiques. »
Certaines actions, comme le report de la COP26 (Glasgow), ont été retardées « par nécessité », mais l’engagement ESG reste pendant la crise la priorité de nombreux investisseurs. Les experts de SPDR [Spider], entité du groupe State Street Global Advisors (SSgA), relèvent que les ETF ESG domiciliés en Europe ont enregistré 6,8 Md$ d’entrées nettes au premier trimestre, ce qui porte le total de leurs actifs à 35,3 Md$. Même si, en mars, les flux vers les ETF actions sont passés en territoire négatif en termes de collecte, les achats sur le segment ESG n’ont pas molli, après les flux records qu’ils avaient affichés l’an dernier.
« Dans l’absolu, nuance Antoine Lesné, responsable de la recherche et de la stratégie de SPDR, les investissements ESG ne sont pas encore mainstream. Les investisseurs sont toujours en transition vers l’ESG. Ils intègrent progressivement les critères de durabilité à la construction de leurs portefeuilles et en matière de gestion des risques, abandonnant au fur et à mesure les investissements présentant un risque élevé à long terme. La crise économique et sanitaire a fait taire les critiques de la première heure qui pensaient que l’ESG ne survivrait pas aux difficultés rencontrées par les marchés. »
Communication
Aujourd’hui, le débat sur la performance des fonds ESG par rapport à celle des fonds traditionnels, est définitivement clos. Cette année, les indices ESG les plus en vue des principaux fournisseurs, notamment MSCI, S&P et Stoxx, ont jusqu’à présent surpassé leurs indices « parents » (références sous-jacentes gérées sans intégrer de critères ESG) dans de grandes catégories comme celles des actions internationales, des valeurs européennes et des grosses capitalisations américaines. « Les raisons de cette surperformance relative dépendent de la méthodologie de chaque indice, explique le spécialiste de SPDR, mais pourraient être le résultat de l’exclusion de certaines sociétés aérospatiales, d’une moindre exposition au secteur de l’énergie ou de la surpondération d’entreprises aux bilans les plus solides, qui se classent souvent au premier rang pour le respect des critères ESG. »
Si elle avait pu être auparavant perçue comme « plutôt vague et moins significative », la partie sociale et sociétale de l’analyse ESG suscite désormais beaucoup d’intérêt. Elle prend toute son importance dans la crise actuelle, avec la mise en relief de facteurs tels que l’accès aux soins de santé, à l’éducation, aux services financiers, aux services publics et aux télécommunications. « La capacité d’une entreprise à créer et maintenir un environnement de travail sûr et sain, souligne Antoine Lesné, est également une priorité. Désormais, nous attendons des entreprises dans lesquelles nous investissons une véritable communication sur l’impact potentiel à court et à moyen terme de la pandémie de Covid-19 sur leurs activités, l’ensemble de leurs opérations et chaînes d’approvisionnement, ainsi que sur la manière dont les équipes dirigeantes se préparent à la suite en matière de planification et d’analyse des différents scénarios envisageables. Nous voulons également savoir comment cette crise pourrait affecter leur approche à l’égard de la prise en compte ders enjeux ESG dans le cadre de leur stratégie commerciale à long terme. »
SPDR offre deux ETF largement exposés au S&P 500 et au Stoxx 600 et intégrant un ensemble d’exclusions (armes controversées, tabac, charbon thermique, non-respect des principes du Pacte mondial des Nations unies…) : SPDR Stoxx Europe 600 ESG Sreened UCITS (Nestlé, Roche Holding, Novartis, AstraZeneca, ASML Holding, etc.) et SPDR S&P 500 ESG Screened UCITS (Microsoft, Apple, Amazon.com, Facebook, Alphabet, etc.).
ML