25112024

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Gestion d’actifs

Boutiques de gestion : une étude anglaise met en relief leur surperformance

multi cravates

Une étude met en évidence la surperformance des sociétés de gestion entrepreneuriales européennes : leurs fonds ont tendance à battre ceux des grands groupes.

Une étude de la Cass Business School de Londres montre que les fonds pilotés au sein de boutiques de gestion d’actifs obtiennent de meilleurs résultats que ceux gérés à l’intérieur de grands groupes. L’excès de performance est encore plus significatif dans le cas des fonds investis en petites et moyennes capitalisations européennes ou en actions émergentes.

Dans ce qui fait figure de première analyse universitaire sur la performance des sociétés de gestion européennes indépendantes comparée à celles des grands groupes de gestion, le professeur Andrew Clare, de la Cass Business School, révèle que la « Boutique Premium » mise en évidence en 2015 par AMG Group pour les actions américaines apparaît également clairement dans l’industrie européenne de la gestion d’actifs. « L’étude, explique l’enseignant, a permis de constater qu’en Europe la surperformance moyenne des boutiques pourrait atteindre 0,56 % et 0,23 % par année (net de frais) ou 0,82 % et 0,52 %, selon la méthodologie utilisée ». 

Le professeur Clare a étudié 120 grandes sociétés de gestion. Il a identifié 780 « méga-fonds » dans toutes les catégories actions. Il en a analysé les performances entre janvier 2000 et juillet 2019. En l’absence de définition standardisée d’une société de gestion entrepreneuriale, il a demandé à trois cabinets de conseil en investissements pour fonds de pension et compagnies d’assurance, ainsi qu’aux experts de l’association internationale Group of Boutique Asset Managers (GBAM), d’isoler les sociétés qu’ils considéraient comme des boutiques, afin de les comparer aux grands groupes.

Jusqu’à 1 % net de plus par an

En analysant les performances ajustées du risque recueillies auprès de Morningstar, à l’aide de deux méthodologies différentes (modèles indiciel et Fama-French à cinq facteurs), le professeur a mis au jour une surperformance significative des boutiques dans quatre catégories de fonds actions : grandes capitalisations européennes, petites et moyennes capitalisations européennes, actions émergentes et grandes capitalisations mondiales. La différence en faveur des boutiques est particulièrement marquée dans le secteur des moyennes et petites capitalisations européennes, où elle atteint environ 1 % net de frais par an.

« Les résultats obtenus sont suffisamment probants pour justifier une analyse plus approfondie de ce segment de la gestion d’actifs, commente le professeur. Les recherches à venir devraient se concentrer sur les facteurs pouvant expliquer l’existence de cette Boutique Premium, comme l’actionnariat des sociétés de gestion ou leur approche de construction des portefeuilles ».

De son côté, Tim Warrington, président du GBAM, précise que les boutiques sont des entreprises spécialisées, souvent entre les mains d’artisans innovants que sont leurs associés fondateurs, de taille réduite, très motivées, flexibles et réactives aux conditions changeantes des marchés, avec une gamme de produits limitée, une relation étroite avec les investisseurs et une structure organisationnelle relativement plate. Il ajoute qu’elles cherchent une surperformance régulière, tout en alignant leurs intérêts avec ceux de leurs clients, plutôt que de se concentrer sur une distribution de masse.

« Il n’est pas étonnant, conclut Tim Warrington, que le professeur Clare ait trouvé des preuves convaincantes qui montrent qu’il existe une Boutique Premium. Grâce à l’effet de la composition des performances sur le long terme, cette prime pourrait générer un supplément de performance très important pour les investisseurs. En conséquence, les conseillers et les plateformes de distribution de fonds auraient intérêt à promouvoir les avantages offerts par les boutiques de gestion. »

Michel Lemosof