Gestion d’actifs
Marchés obligataires : Janus Henderson Investors reste optimiste
- Mardi 21 janvier 2020 - 11:57
- | Par Gestion de Fortune
Malgré les taux d’intérêt négatifs et le faiblesse des données économiques, il y a tout lieu d’être optimiste vis-à-vis des obligations, selon Jim Cielinski, responsable mondial de la gestion obligataire chez Janus Henderson Investors.
La classe d’actifs obligataire peut composer avec des conditions économiques difficiles. Certes, les taux d’intérêt négatifs et la faiblesse des données économiques sont la marque d’un environnement dégradé, mais, selon Jim Cielinski, responsable mondial de la gestion obligataire chez Janus Henderson Investors, il y a tout lieu d’être optimiste vis-à-vis des obligations.
Encore conviendra-t-il de respecter au moins trois conditions, sachant qu’il y aura une grande dispersion des performances : éviter les pertes liées à des « ruptures » (Thomas Cook, par exemple, a été victime des avancées technologiques et des nouveaux modes de consommation) ; s’intéresser aux priorités des futurs investisseurs et consommateurs en donnant plus d’importance aux critères ESG ; gérer les portefeuilles de façon active.
L’inversion de la courbe américaine en question
« Selon nous, explique le professionnel, les perspectives obligataires pour 2020 dépendront de la capacité des politiques accommodantes des banques centrales à conserver leur efficacité et à éviter une récession mondiale. Nous pensons qu’elles y parviendront. Tant que ces dernières ne commettent pas d’erreur, les taux réels d’équilibre devraient rester bas et réduire les primes de risque nécessaires pour détenir des actifs risqués. Nous anticipons une extension du cycle de crédit, qui devrait assurer un soutien solide aux obligations d’entreprises et aux actions. »
Le deuxième semestre 2019 a été marqué par des contradictions. Les actions américaines ont enregistré de nouveaux records à la faveur de la vigueur du marché du travail, et ce malgré la contraction de nombreux indices de directeurs d’achats et le taux de croissance de l’économie chinoise, le plus faible depuis 27 ans.
« De manière inquiétante, commente le professionnel, la courbe des taux américaine s’est inversée. Très suivi, l’écart de rendement entre les bons du Trésor à 2 et 10 ans est devenu négatif en août, ce qui, historiquement, augure d’une récession ». Force est de constater que depuis 1978 aux Etats-Unis, une récession s’est produite 22 mois, en moyenne, après l’inversion de la courbe des taux.
Compte tenu des valorisations élevées et de la modicité des spreads de crédit ou des taux sans risque, il y a peu de place pour une baisse des taux d’intérêt. Les prix des titres de crédit seront sensibles à des chocs, lesquels ne sont pas à exclure dans une année d’élection présidentielle aux Etats-Unis. Cela dit, la volatilité induite créera des opportunités. Pour l’heure, les indicateurs économiques montrent de timides signes d’inflexion.
« Cette tendance, fait observer Jim Cielinski, mettrait en place des conditions économiques mondiales relativement atones en 2020. Les investisseurs devront probablement se contenter de performances modestes. »
Vers de nouvelles mesures budgétaires européennes
Selon le stratégiste de Janus Henderson Investors, l’économie mondiale est fragile et cela explique pourquoi la Réserve fédérale américaine n’a pas hésité à intervenir en abaissant ses taux, afin d’annuler le durcissement trop prononcé de sa politique en 2018 : « Les banques centrales du monde entier, commente-t-il, lui ont emboîté le pas. Au 3e trimestre 2019, 56 décisions sur 62 ont été des baisses, alors qu’au 3e trimestre 2018, 27 ajustements sur 31 étaient des hausses. La dégradation de la conjoncture en 2019 est une réaction tardive aux mesures de durcissement prises précédemment par les deux premières économies mondiales, les Etats-Unis et la Chine. Ces pays ayant décidé d’assouplir leurs politiques, nous sommes en droit d’anticiper une reprise. La guerre commerciale, en accroissant les coûts et en reconfigurant les flux d’investissement, a exacerbé le ralentissement mondial mais n’en n’est pas la cause. Si, continue-t-il, l’équation commerciale est résolue mais que la croissance reste modique, il faut s’attendre à un écartement des spreads de crédit et à un rebond des emprunts d’Etat, puisque cela indiquerait que le ralentissement mondial est plus structurel que prévu. »
Pour sa part, en défendant les taux négatifs, Christine Lagarde montre qu’elle n’entend pas dévier de la politique de ses prédécesseurs à la tête de la Banque centrale européenne. Jim Cielinski estime qu’elle réitérera ses appels en faveur de mesures budgétaires supplémentaires, en complément de la politique monétaire de la BCE. « Compte tenu de la faiblesse de l’endettement des pays du nord de l’Europe et du malaise ambiant, précise-t-il, il sera difficile pour les Etats de ne pas entendre ces appels du pied. »
Outre-Atlantique, il table sur un ou deux nouveaux abaissements, ce qui ramènerait les taux des fonds fédéraux à 1,25 % et ancrerait encore davantage les taux d’intérêt réels (après inflation) en territoire négatif. Les baisses de taux de la Fed pourraient entraîner une pentification de la courbe des taux, ce qui serait salutaire pour les marges des banques.
Du côté des assureurs et des fonds de pension, la quête de rendement va se poursuivre. Mais attention ! Cela pourrait inciter les investisseurs à se positionner sur des titres de crédit de plus faible qualité et de duration plus longue, donnant ainsi lieu à une accumulation de risques.
Michel Lemosof