Gestion d’actifs
Bourse : les Français moins méfiants que les autres (étude Schroders)
- Mardi 17 septembre 2019 - 18:18
- | Par Michel Lemosof
Les Français sont moins méfiants à l’égard de la volatilité des marchés financiers que leurs homologues étrangers. C’est ce que révèle l’enquête Schroders Global Investor Study 2019.
Une majorité d’investisseurs particuliers dans le monde a apporté des changements au profil de risque de ses placements au cours des trois derniers mois, boursièrement très volatils, de 2018, selon l’étude Schroders Global Investor Study 2019. Il apparaît ainsi que les Français ont été plus enclins que la moyenne mondiale à y voir une occasion d’accroître le risque de leurs portefeuilles.
Les millennials plus offensifs
Pour réaliser cette étude, 25 743 personnes envisageant d’investir au moins 10 000 € (ou une somme équivalente) dans les 12 prochains mois et ayant modifié leurs placements au cours des dix dernières années ont été interrogées en ligne par Research Plus, en avril dernier, dans 32 pays (Allemagne, Australie, Brésil, Canada, Chine, Etats-Unis, France, Inde, Italie, Japon, Pays-Bas, Espagne, Royaume-Uni…). Plus des deux tiers des investisseurs ont modifié leurs portefeuilles en réponse à l’accroissement de la volatilité au quatrième trimestre de l’année écoulée. 37 % ont opté pour des placements moins risqués et 35 % ont transféré une partie de leurs portefeuilles vers des actifs plus risqués.
« Globalement, soulignent les rédacteurs de l’étude, les résultats de l’enquête montrent que, dans un contexte de turbulences, les attentes en matière de revenus et de rendements continuent d’augmenter. Bien que les plans d’investissement doivent s’inscrire sur le long terme, beaucoup de placements sont modifiés en fonction des évolutions de marché à court terme. » En France, 43 % des investisseurs ont transféré une partie ou une proportion importante de leurs portefeuilles vers des investissements plus risqués, soit plus que les moyennes mondiale (35 %) et européenne (38 %).
Il existe également des différences selon les générations : les millennials (personnes nées entre 1980 et 2000, ou représentants de la génération Y) sont ceux qui ont le plus souvent augmenté le risque de leurs portefeuilles pour profiter de la volatilité. 56 % d’entre eux l’ont fait. Les investisseurs plus âgés, de la génération X (soit les personnes nées entre 1965 et 1980) et les baby-boomers (personnes nées entre 1946 et 1965), n’ont pas été aussi nombreux à avoir pris des initiatives. A signaler que 53 % des millennials estiment que le plus grand danger, pour leurs placements, est de ne pas prendre suffisamment de risques pour atteindre leurs objectifs.
Une attente de rendement irréaliste
« Les investisseurs mondiaux conservent en moyenne leurs placements pendant 2,6 années, précisent aussi les responsables de Schroders, alors qu’une période de cinq ans est généralement recommandée. Les plus patients sont les Canadiens, les Américains et les Japonais, puisqu’ils conservent leurs placements plus de 4 ans, contre 1,3 an pour les Argentins et 2,9 ans pour les Français. Ceux qui se décrivent comme ayant un faible niveau de connaissances financières ont tendance à conserver leurs placements plus longtemps. »
Les investisseurs s’attendent, en moyenne, à une rentabilité totale (revenus plus progression du capital) de 10,7 % par an au cours des cinq prochaines années (contre 9,9 % dans l’étude Schroders de l’an dernier) ! Cette rentabilité attendue est, en France, de 9,1 %, avec une prédilection pour la diversification géographique plus forte qu’ailleurs et une opinion plutôt positive des marchés émergents.
Alors que les niveaux de taux d’intérêt font perdre de l’argent aux investisseurs en obligations, on peut se demander comment cela pourrait se produire. Il n’est pas étonnant que plus de la moitié des investisseurs particuliers n’ait pas obtenu les performances escomptées à l’issue des cinq derniers exercices. Il faut savoir, par exemple, que, depuis sa création, en 1957, l’indice S&P 500 a délivré un rendement annuel moyen inférieur à 8 %.
« La clé, insiste Charles Prideaux, global head of product and solutions chez Schroders, est de se concentrer sur le long terme. Réduire et modifier ses investissements, notamment quand les marchés sont difficiles, risque de nuire aux portefeuilles des investisseurs et, en fin de compte, de se traduire par des rendements décevants. »
Michel Lemosof