25112024

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Gestion d’actifs

ESG : les épargnants préfèrent les fonds thématiques (étude CPR AM-Deloitte)

Selon l’étude Deloitte/CPR AM, l’investissement responsable peine à s’imposer auprès des Français, mais les fonds thématiques appliquant des critères ESG les séduisent.

 

C’est à la demande de CPR Asset Management que le cabinet Deloitte a réalisé une enquête, avec OpinionWay et Spoking Polls, auprès d’épargnants et de conseillers financiers, sur les Français et l’investissement responsable. Il ressort de ce premier Baromètre CPR AM-Deloitte, notamment, que les fonds ESG peinent à s’imposer auprès des clients retail, mais que ceux-ci se montrent néanmoins friands de fonds thématiques intégrant des critères extra-financiers dans leurs processus de gestion. Ces fonds sont d’ailleurs plébiscités par 69 % des conseillers.

« C’est une bonne nouvelle ! se réjouit Arnaud Faller, directeur général délégué en charge des investissements chez CPR AM. Les fonds thématiques (CPR Invest - Food for Generations, CPR Invest - Education, CPR Invest - Climate Action…) sont un succès. La sphère ESG nous apporte, en outre, des informations dont nous ne disposions pas avant. Par exemple, 700 sociétés publient aujourd’hui leur politique climat. » Le gestionnaire ambitionne de s’installer au rang de n° 1 de la gestion thématique, non seulement en France, mais aussi en Europe et, à terme, peut-être même dans le monde !

Une insuffisance de connaissance

Ces dix dernières années, la France s’est affirmée comme une place financière extra verte, avec la première place pour les volumes d’émission de green bonds (33,7 Md€) et la promulgation de l’article 173 de la loi sur la transition énergétique, référence européenne pour les institutionnels (obligation d’information). Les autorités nationales conduisent également une politique proactive pour soutenir et favoriser l’investissement responsable (IR). D’ici à 2022, les contrats d’assurance-vie devront proposer aux souscripteurs au moins une unité de compte labellisée « investissement socialement responsable », une autre destinée à financer la transition énergétique et une troisième estampillée « finance solidaire ».

« Au cœur de cet écosystème dynamique, les produits IR ont été largement déployés vers une clientèle institutionnelle, fait observer Pascal Koenig, associé, responsable asset management chez Deloitte. Cela dit, les deux tiers des épargnants considèrent que les produits IR sont de nature à renforcer leur confiance. Si elle invite à l’optimisme, l’étude souligne l’écart qui existe entre les aspirations des épargnants, de plus en plus séduits, et la conversion en termes d’investissement. De surcroît, l’offre n’est pas encore tout à fait au rendez-vous. »

Quelques chiffres : 67 % des épargnants ont déjà entendu parler de l’IR (7 % disent très bien connaître le sujet, contre 39 % pour les banquiers privés et 31 % pour les CGP), la protection de l’environnement est le thème prioritaire pour 56 % des épargnants (devant l’emploi, l’éducation, les droits de l’homme et le réchauffement climatique…), 57 % des panélistes souhaitent que les enjeux du développement durable soient obligatoirement inclus dans les produits d’épargne, 61 % des personnes ayant participé à l’enquête pensent que le développement de labels les inciterait à s’intéresser aux produits IR, 21 % des Français déclarent avoir investi dans de tels produits, 12 % seulement (sur les 55 % qui s’appuient sur leurs conseils) se sont vu proposer un produit IR par leurs conseillers et 38 % des épargnants estiment que le principal frein est le manque d’information (loin devant les frais, la performance ou encore l’absence d’indicateurs standardisés).

Le rôle clé des conseillers

« Les perspectives de développement sont prometteuses, avec 86 % des sociétés de gestion qui anticipent la création de nouveaux produits dans les deux prochaines années, dont près d’un tiers explicitement consacré à l’IR (juste derrière le crédit), commente pour sa part Arnaud Faller. Face à cette lame de fond, les particuliers se montrent de plus en plus sensibles à des placements qui répondent à des critères environnementaux et sociétaux. 54 % des personnes interrogées accordent déjà une place importante aux impacts écologiques et sociétaux dans leur épargne. »

Pour expliquer pourquoi les Français ont, malgré tout, du mal à passer plus nombreux à l’acte, Pascal Koenig met en avant la multiplicité des approches ESG et l’utilisation d’un verbiage financier, avec une couche supplémentaire de jargon extra-financier, qui brouillent la lisibilité. Selon ses constatations, les conseillers, CGP et banquiers privés, sont les acteurs clés du développement de l’investissement responsable, même s’il s’agit surtout d’opportunités de diversification (pour 49 % d’entre eux), d’une réponse à un effet de mode (pour 40 %) ou d’une éventuelle alternative aux fonds traditionnels (pour 31 %). « Les conseillers, insiste-t-il, ont un rôle essentiel à jouer pour aider au développement de l’IR et transformer les intentions en décisions d’investissement. »

Selon Novethic, près du tiers des fonds distribués en France se réclamant de la finance durable, soit 147 produits, sont des fonds thématiques, dont 90 % des encours (36 Md€ fin 2018) sont en actions. Et, selon Broadridge Financial Solutions, la collecte mondiale pour les fonds sous critères ESG a été identique l’an dernier à celle de 2017, alors que celle concernant les autres fonds a été réduite des deux tiers…

Michel Lemosof