Capital investissement
Marchés privés : des opportunités en dehors des actions cotées (étude UBS)
- Mardi 17 mars 2020 - 10:11
- | Par Michel Lemosof
Investir dans le private equity permet d’accéder à des entreprises innovantes, à croissance rapide. C’est l’une des principales remarques liminaires de la récente étude d’UBS sur les marchés privés.
Au moment où l’éventail des opportunités se resserre dans les marchés boursiers, investir dans le non-coté permet d’accéder à des entreprises prometteuses. Les gérants du private equity peuvent apporter une « valeur différenciée » grâce à une « participation active » et à une « création de valeur opérationnelle » dans des marchés « inefficients ». Lors de la constitution d’un portefeuille de private equity, Karim Cherif et Jay Lee, stratégistes chez UBS, ajoutent dans la présentation de leur étude sur les marchés privés qu’ils recommandent une diversification, tant en termes de millésimes (vintage years) et de zones géographiques que de stratégies et de gestionnaires.
« Les investisseurs intéressés, soulignent les professionnels, doivent tenir compte de l’illiquidité, des horizons temporels plus longs (en général de 7 à 12 ans), de la forte dispersion des gestionnaires, de la divulgation restreinte d’informations et de commissions plus élevées. Les fonds de fonds ou les investissements de secondaire constituent de bons points de départ pour les primo-investisseurs. »
Pour Karim Cherif et Jay Lee, le private equity devient une classe d’actifs de plus en plus importante. En complément d’un portefeuille d’actions cotées, il offre non seulement des rendements à long terme « potentiellement attrayants », supérieurs à ceux d’investissements « passifs » sur les places boursières, mais aussi un accès à des opportunités « uniques » qui ne sont pas disponibles dans les marchés boursiers. « Sur les marchés développés, expliquent-ils, l’offre d’entreprises cotées diminue rapidement ( 25 % en 20 ans). Une partie de la création de valeur qui était auparavant captée par les marchés boursiers se retrouve maintenant sur les marchés privés. »
Un profil de croissance différent
Aux Etats-Unis, le phénomène est saisissant : le nombre annuel moyen d’introductions en Bourse est revenu de 310 sur la période 1990-2000 à 110 sur la période 2001-2018. « Les coûts élevés de cotation, le poids de la réglementation et la perte de confidentialité, font observer les stratégistes, incitent de moins en moins les entreprises à se tourner vers la Bourse pour lever des capitaux, d’autant moins que l’offre de capitaux privés ne cesse de progresser. » Selon Preqin, à l’échelle mondiale, les actifs sous gestion dans le sont passés de 500 Md$ en 2000 à 3 600 Md$ en 2018. Outre-Atlantique, 8 000 entreprises sont présentes sur le marché du non-coté. Depuis 2000, d’après Pitchbook, le taux de croissance annualisé du nombre d’entreprises financées par du s’inscrit à 10,7 %. Au demeurant, bien qu’en hausse, la valeur nette d’inventaire totale du non-coté ne représente encore que 5 % de celle des marchés boursiers.
« Pour beaucoup d’entreprises, précisent les spécialistes d’UBS, la cotation ne s’impose désormais qu’à partir d’une certaine taille, cette taille critique étant celle à partir de laquelle les marchés boursiers sont les seuls à pouvoir offrir suffisamment de capitaux pour permettre à l’entreprise de poursuivre son développement, tandis qu’elle est à un stade de développement plus avancé. » Or, de plus en plus de valeur est déjà captée avant l’introduction en Bourse ! De surcroît, les investissements en private equity (rentabilités voisines de 15 %, mais parfois très variables d’un exercice à l’autre, avec une grande hétérogénéité des rendements selon les spécialités) surperforment les placements dans les actions cotées (près de 8 % en moyenne à long terme).
Cette surperformance découle de la participation dite « active » (qui permet notamment aux responsables de fonds de private equity d’instaurer une direction stratégique, de développer le management et de renforcer la gouvernance), de la complexité, de l’illiquidité, de l’effet de levier ou encore de la possibilité pour les gérants d’agir « à titre d’initiés légalement autorisés ».
Michel Lemosof