Actualité des sociétés
Accompagner le changement climatique
- Vendredi 15 octobre 2021 - 09:00
- | Par Thierry Bisaga
Interview de Bassel Choughari - Co-Gérant du fonds M Climate Solutions chez Montpensier Finance.
Quel est l’univers d’investissement de votre fonds ?
M Climate Solutions est un fonds thématique actions internationales, toutes capitalisations. Il est investi dans des entreprises européennes, américaines et asiatiques qui génèrent un impact positif réel sur la transition climatique et qui bénéficient de tendances de croissance séculaire et de flux d’investissement supérieurs à la moyenne du marché.
Comment est structurée l’équipe de gestion ?
Elle est composée de 2 gérants, Nicolas Kieffer et moi-même, et d’une équipe ISR composée de Claire Rimlinger et de Clément Alberto. Nous faisons par ailleurs appel à un réseau d’experts qui nous permet de correctement distinguer les avantages et les inconvénients de chaque produit, service ou technologie dans le cadre de la transition climatique.
Quelles sont les tendances séculaires sur lesquelles vous vous appuyez ?
Un retour sur l’histoire des faits économiques permet de bien les appréhender. Avant la révolution industrielle, l’agriculture était un moteur économique relativement faible et l’espérance de vie était quant à elle réduite. La révolution industrielle a ensuite constitué une vraie rupture pour l’humanité avec pour conséquence positive une dynamisation de l’économie et une augmentation significative de l’espérance de vie. Le problème est que cette dynamique n’est pas durable et n’est plus soutenable. Nous avons tous, citoyens, entreprises, ou encore états, pris conscience qu’un vrai changement est nécessaire. C’est ce changement que nous accompagnons via le fonds M Climate Solutions.
Comment l’appréhendez-vous ?
La signature des Accords de Paris, le plan Fit for 55 de la Commission européenne qui vise à tenir l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55 % au moins en 2030 par rapport à 1990, les plans de relance annoncés par l’administration Biden ou encore l’annonce par la Chine de ses objectifs de neutralité carbone vont dans ce sens avec des échéances qui peuvent varier : 2050 pour l’Europe et les Etats-Unis, 2060 pour la Chine. Une course géopolitique semble avoir été initiée. La prise de conscience varie selon les pays. On a par exemple observé un déclin structurel des activités aéroportuaires en Suède. Les plus jeunes générations jouent un rôle central dans cette dynamique.
Comment cette prise de conscience généralisée se traduit-elle dans votre stratégie de gestion ?
Contrairement à ceux qui ne retiennent qu’une logique de flux financiers, n’envisagent pas de croissance verte et ne voient comme solution que la déconsommation, nous pensons, chez Montpensier Finance, que les entreprises feront partie de la solution, et les investisseurs ont un rôle important. Plus spécifiquement, nous avons identifié trois grands vecteurs de changement distincts qui nglobent chacun plusieurs problématiques liées à la transition climatique.
Quels sont-ils ?
Il s’agit de l’énergie responsable, du transport efficient et de la préservation du capital terrestre, trois vecteurs au sein desquels nous avons identifié un certain nombre d’éco-activités. Au sein du vecteur énergie responsable, nous avons retenu l’expansion des énergies renouvelables sous toutes leurs formes, l’efficience énergétique des bâtiments via une gestion raisonnée des matériaux, du chauffage et de l’éclairage et, enfin, le stockage de l’énergie et les smart grids ou réseaux intelligents.
Qu’incluez-vous dans le thème « préservation du capital terrestre » ?
Il convient d’avoir une vision claire de la situation. On peut par exemple mentionner les déchets et rappeler que le volume de déchets produits a doublé entre 2005 et 2025 et qu’il doublera encore entre 2025 et 2050. Il y a donc fort à faire ! L’entreprise norvégienne VOW permet de recycler les déchets issus du retraitement de l’eau et de produire des lubrifiants. On peut également évoquer plus spécifiquement le recyclage : une étude de l’Université de Leeds montre que, pour certains matériaux, le taux de recyclage est encore largement insuffisant : 60 % des déchets plastiques restent dans l’environnement avec seulement 12 % de recyclage et 28 % d’incinération.
Et concernant le transport efficient ?
Il s’agit là du développement des transports en commun et des déplacements alternatifs. On pense aussi aux voitures électriques, autonomes et connectées. S’ajoutent à cela toutes les technologies de substitution et celles qui permettent un accès à l’information de façon efficiente. Au final, notre objectif est d’obtenir une exposition qui soit la plus pure possible à ces grands vecteurs de la transition énergétique.
Comment appréhendez-vous toutes ces thématiques ?
Notre stock-picking est très sélectif. Notre analyse financière, traditionnelle, est enrichie par une analyse extra-financière qui nous permet d’obtenir une vision à 360° des entreprises et une idée claire de la valorisation de chacune des valeurs que nous intégrons dans le portefeuille.
Comment sélectionnez-vous les valeurs du portefeuille ?
Il s’agit d’un fonds d’actions internationales qui vise à avoir un vrai impact. Notre stock picking repose sur l’analyse fondamentale de chaque valeur, sur l’étude des barrières à l’entrée, sur la qualité du management et de la gouvernance, sur les niveaux de croissance et de rémunération, ainsi que sur l’alignement d’intérêts entre les différentes parties prenantes. Il en résulte un portefeuille d’une quarantaine de lignes dont les pondérations sont ajustées en fonction des potentiels respectifs et des corrélations observées.
Nombre de ces paramètres sont empreints d’ESG et vous êtes par ailleurs signataire des PRI. Comment s’articule votre processus de gestion ISR ?
Le fonds a obtenu le label français Greenfin et le label belge Towards Sustainability. Nous procédons à une sélection rigoureuse au sein de notre univers d’investissement via une approche ESG globale incluant des exclusions, liées aux conventions internationales, à certains secteurs et aux controverses sévères, plusieurs notations complémentaires et, pour confirmer l’éligibilité des valeurs, nous mesurons la part verte du chiffre d’affaires de chaque entreprise. Outre la considération de la note ESG, nous nous intéressons à la note d’implication dans la transition énergétique, autrement dit la capacité de l’entreprise à tirer parti de la transition climatique, et à la note profil carbone. Celle-ci est construite à partir des émissions de CO2 présentes, passées mais également des objectifs de réduction. Elle témoigne de la stratégie de réduction des émissions carbone de chaque société et de la trajectoire de celles-ci en fonction des scénarii de réchauffement climatiques.
Thierry Bisaga