21112024

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Actualité des sociétés

Selon Humberto Nardiello, l’IA n’en est qu’à ses débuts

INTERL ARTIFIHumberto Nardiello, gérant de fonds chez DPAM, estime que certaines entreprises bénéficieront d’une importante création de valeur grâce aux transformations liées à l’IA.

 

 

« Notre enthousiasme pour l’IA n’a pas changé, fait remarquer Humberto Nardiello, gérant de fonds Fundamental Equity chez Degroof Petercam AM. Nous pensons toujours qu’elle entraînera une transformation significative de la société et que quelques entreprises bénéficieront d’une création de valeur importante. »

Pour le professionnel, le récent repli des marchés peut être attribué à plusieurs événements, tels que le ralentissement de l’activité économique ou l’issue « potentielle » de l’élection présidentielle américaine, ce qui a provoqué des modifications dans les portefeuilles : de la croissance vers la value, des grandes capitalisations vers les petites capitalisations et de l’exposition internationale vers l’exposition nationale.

Dans cet environnement, Humberto Nardiello souligne que les actifs de longue durée, c’est-à-dire les entreprises dont la génération de flux de trésorerie dépend davantage des années à venir que du court terme, ont tendance à sous-performer le marché.

« Il n’est pas surprenant, indique-t-il, que les entreprises exposées au thème de l’IA, en raison de leur profil de croissance, aient une part plus importante de leurs flux de trésorerie provenant d’années à venir. Le meilleur moyen que nous ayons trouvé pour créer de la valeur, ajoute-t-il, est de nous concentrer sur l’innovation, sur les entreprises développant de nouveaux produits ou services de qualité supérieure qui attireront la demande, indépendamment de l’environnement ou avec une moindre sensibilité à celui-ci. »

Le spécialiste de DPAM rappelle que l’innovation génère une croissance du chiffre d’affaires qui se traduit par une augmentation des bénéfices, ce qui constitue à long terme moteur « suprême » de la performance d’une action. « C’est pourquoi, insiste-t-il, l’IA est un sujet passionnant. »

Dans l’attente de l’application phare

Microsoft, Alphabet, Amazon.com et Meta Platforms, également connues sous le nom d’« hyperscalers », qui avaient ensemble investi 125 Md$ en 2023, devraient cette année dépenser 200 Md$. Le différentiel est nettement plus élevé que la cadence annuelle de 10 Md$ constatée au cours des 10 dernières années.

« Et pourtant, commente Humberto Nardiello, il n’y a pas de ligne de revenus de l’IA justifiant ces investissements. L’application phare doit encore émerger. OpenAI, le propriétaire de ChatGPT, génère un chiffre d’affaires d’environ 3 Md$. »

D’après le gérant, il n’y a pas pour autant d’anomalie dans cette situation, car il n’y a pas de précédent dans l’histoire du capitalisme où des investissements « majeurs » ont été instantanément compensés par des sommes « considérables » de revenus et de profits. « L’intensité capitalistique accrue que connaissent les hyperscalers, précise-t-il, n’est pas différente de ce que l’on observait chez Microsoft ou Amazon.com au début de la migration des ordinateurs centraux vers le cloud. Elle est aujourd’hui concentrée sur une période plus courte. »

Or, il faut du temps pour proposer des produits ou des services qui changent de paradigme. Netscape, le navigateur web qui a permis à Internet de voir le jour, a été lancé en 1994 et c’est seulement quatre ans plus tard que l’entreprise Google (le futur Alphabet) a été fondée, laquelle est « la plus prospère et la plus rentable ». Le premier iPhone a été lancé en 2007. Uber a été créé deux ans plus tard et il aura fallu 11 ans avant que TikTok n’apparaisse…

« Les valorisations restent raisonnables, conclut Humberto Nardiello, pour qui la monétisation de l’IA n’est pas encore correctement encadrée. Les grandes entreprises technologies se négocient à des multiples pas trop éloignés du marché général, tout en offrant une croissance supérieure et un meilleur bilan (moins de dettes). L’IA n’en est qu’à ses débuts. Son évolution ne se déroulera pas en ligne droite, mais très probablement par étapes et sur la longueur. »

C’est en juin dernier qu’Indosuez Wealth Management (filiale du Crédit Agricole) a finalisé l’acquisition de Degroof Petercam, devenant alors son actionnaire majoritaire. DPAM emploie 190 professionnels « hautement qualifiés » et gère 47,1 Md€ (au 31 décembre 2023).

ML