Gestion d’actifs
Parole d'expert : « Le secteur de l’énergie et des services énergétiques propose des niveaux de primes élevés »
- Mardi 1 juillet 2025 - 14:15
- | Par Thierry Bisaga
Dans le cadre de notre hors-série « 50 fonds à détenir dans des marchés incertains », nous avons donné la parole à plusieurs professionnels qui présentent les caractéristiques d'un de leur fonds et sa pertinence dans un contexte économique et géopolitique troublé. Pierre Verlé, responsable équipe crédit, co-responsable équipe obligataire, gérant chez Carmignac, présente Carmignac Crédit 2031.
Carmignac Credit 2031 est le dernier-né de votre gamme de fonds obligataires à échéance. Comment s’intègre-t-il dans votre offre ?
Ce fonds obligataire à maturité, lancé fin décembre 2024, arrivera à échéance le 31 octobre 2031. Il complète l’offre existante, lancée il y a cinq ans, et aujourd’hui composée de Carmignac Credit 2027 et Carmignac Credit 2029. Carmignac Credit 2031 est un fonds article 8 selon la classification SFDR1 et il est, comme ses prédécesseurs, géré selon une approche value2.
Quel est l’intérêt pour les investisseurs d’avoir recours à ce type de fonds ?
Ces produits présentent plusieurs atouts. Grâce à la sélection rigoureuse des émetteurs que nous pratiquons, ils visent à offrir aux investisseurs un objectif de performance cible à la date d’échéance3. Les investisseurs bénéficient ainsi d’une certaine visibilité sur les rendements futurs, combinée à une gestion rigoureuse des risques, notamment grâce à la diversification mise en œuvre dans le portefeuille. L’approche, qui consiste à détenir les titres jusqu’à une date proche de l’échéance, permet d’anticiper une diminution des risques de taux d’intérêt et de crédit au fil du temps, d’autant que nous nous réservons la possibilité de réduire notre exposition sur un titre si les perspectives de son émetteur se détériorent.
Le contexte est-il actuellement favorable pour investir dans une telle stratégie ?
Nous le pensons, en effet, bien que les marges de crédit des indices se soient beaucoup resserrées, le marché regorge d’opportunités et les rendements sont intéressants. Après la hausse des primes de risque en 2020, puis la hausse des taux en 2022, les marchés du crédit ont bénéficié du retour des rendements attractifs. Sur le segment de marché investment grade4 européen, on observe aujourd’hui un rendement moyen de 3,2 % contre une moyenne de 1,7 % sur les dix dernières années. Sur le compartiment high yield5, on est passé d’une moyenne de 4,8 % sur dix ans à 5,8 % aujourd’hui. On observe le même phénomène sur les rendements moyens des Collateralized Loan Obligation » (CLO) investment grade4 et high yield5 européennes qui s’établissent actuellement à 5 et 10,5 %, contre respectivement 2,8 et 8,1 % en moyenne sur dix ans6. Il existe également une dispersion élevée entre les différents segments, secteurs et émetteurs de la classe d’actifs, laissant place à de nombreuses opportunités à saisir pour des investisseurs fondamentaux comme nous, cherchant à capturer des primes élevées par rapport aux valorisations générales du marché pour un risque équivalent.
Que dire des taux de défaut ?
S’ils ont longtemps été maintenus à des niveaux bas, l’augmentation des taux de défaut implique pour nous davantage d’opportunités tactiques et idiosyncratiques. Nous pouvons observer, dans certains cas, un élargissement des marges de crédit, et plus généralement une augmentation des primes de complexité que, compte tenu de la qualité de nos équipes, nous pouvons mettre à profit lorsque les conditions de marché le permettent. D’une manière générale, les performances que nous délivrons résultent d’une évaluation rigoureuse des risques, mais aussi de notre expertise sur les aspects techniques et de la mise en œuvre d’arbitrages. C’est ainsi que les défauts ont, en moyenne, contribué positivement, à hauteur de 60 points de base par an, à la performance de notre fonds crédit phare Carmignac Portfolio Credit depuis son lancement en 2017, malgré un poids très faible7. Le crédit peut donc être performant lorsque les taux de défaut augmentent.
Comment est structurée l’équipe de gestion ?
Il y a trois gérants au sein de l’équipe crédit : Florian Viros, Alexandre Deneuville et moi-même. Chacun de nous dispose d’une expérience d’une vingtaine d’années dont dix ans ensemble, au sein de Carmignac. Au quotidien, nous échangeons avec les experts sectoriels et les autres membres de l’équipe obligataire de Carmignac qui nous apportent leur vision macroéconomique.
Combien de lignes composent le portefeuille ?
Au 30 mai 2025, le portefeuille comprend 158 titres, un nombre qui devrait augmenter sensiblement dans les mois à venir à mesure que des opportunités se présentent à nous sur le marché primaire. Dans le cadre de notre allocation d’actifs, nous veillons par ailleurs à respecter un certain équilibre. Théoriquement, le portefeuille peut ponctuellement être investi à 100 % sur le segment investment grade4, la part du high yield5 peut aller jusqu’à 50 %, la dette émergente jusqu’à 30 %, et le crédit structuré (CLO) jusqu’à 40 %. Dans ces limites, que nous atteignons rarement, nous nous autorisons une vraie flexibilité afin d’optimiser le couple rendement-risque. Il nous arrive également d’initier des positions dans d’autres devises que
l’euro, lorsque l’arbitrage est pertinent, mais, dans ce cas, nous couvrons systématiquement le risque de change. Enfin, conformément à nos statuts, nous veillons à ce que la notation moyenne du portefeuille ne soit jamais inférieure à BBB-8.
Qu’en est-il de votre exposition sectorielle ?
Notre principale exposition actuelle concerne le secteur financier qui englobe différentes activités : banques, assurances, sociétés de gestion, infrastructures financières… et présente des fondamentaux solides. Le secteur de l’énergie et des services énergétiques propose également des niveaux de primes élevés et une bonne génération de flux de trésorerie, consécutif à une plus grande discipline des émetteurs. On peut aussi mentionner certaines tranches de CLO qui offrent des rendements attractifs tout en présentant une sensibilité moindre aux hausses de taux, puisqu’il s’agit d’instruments à taux variables. Leur structure, spécifique, préserve les porteurs de tranches senior et mezzanine contre une hausse potentielle des taux de défaut. Ainsi, il existe des opportunités à saisir dans différents secteurs et segments de marché et notre approche value vise précisément à identifier et saisir ces opportunités lorsqu’elles se présentent.
1. Règlement SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) 2019/2088. Pour plus d’informations, visitez : https://eur-lex.europa.eu/eli/reg/2019/2088/oj?locale=fr.
2. Les experts du crédit Carmignac recherchent les opportunités dont le risque fondamental est surestimé par les marchés, pour ainsi capturer des primes élevées par rapport aux valorisations générales du marché pour un risque équivalent.
3. Veuillez consulter le prospectus du fonds pour davantage d’informations concernant son objectif de gestion. L’objectif du fonds ne constitue en aucun cas une promesse de rendement ou de performance du fonds, la performance n’est pas garantie.
4. Investment grade : Il s’agit d’une obligation ou crédit avec une notation de AAA à BBB- attribuée par les agences de notations, indiquant un risque de défaut généralement relativement faible.
5. High yield : il s’agit d’une obligation ou crédit avec une notation inférieure à la catégorie « Investment grade », du fait de son risque de défaut plus élevé. Le taux de rendement de ces titres est généralement plus élevé.
6. Source : Carmignac, Bloomberg, 30/05/2025.
7. Source : Carmignac, 30/05/2025. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.
8. Minimum BBB- ou de notation jugée équivalente par la
société de gestion.
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