21112024

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Gestion d’actifs

Miser sur la création de valeur

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Interview de Fares Benouari, Gérant du fonds UBAM - 30 Global Leaders Equity, chez UBP

Vous êtes cogérant du fonds UBAM - 30 Global Leaders Equity. Quelles sont ses principales caractéristiques ?

Il s’agit d’un fonds de conviction activement géré, axé sur la création de valeur. Ce portefeuille de base permet aux investisseurs d’accéder au potentiel de performance de trente sociétés internationales
diversifiées de qualité. Celles-ci ont démontré leur capacité à maintenir durablement une croissance soutenue, ainsi qu’une forte rentabilité du capital investi. Elles offrent donc aux porteurs de parts du fonds une forte visibilité et une exposition aux principaux secteurs de croissance. La stratégie, dont l’approche d’investissement a été initiée en 2006 sur les actions suisses, a été lancée au travers d’un certificat UBP en 2010 avant d’être déployée, en 2013, dans ce fonds.

Comment est structurée l’équipe d’investissement ?

Il s’agit de l’équipe Actions Suisses et Globales de l’UBP, dont je fais partie. Martin Moeller et Eleanor Taylor Jolidon sont coresponsables de cette équipe de quatre analystes-gérants, dont fait également partie Bettina Baur, qui nous a rejoints en 2015. Nous gérons actuellement un peu plus de 5,3 milliards de francs suisses sur plusieurs stratégies. Pour mener à bien notre mission, nous avons par ailleurs accès, en interne, à la recherche produite par plus de 40 professionnels de l’investissement.

Quel est le profil des entreprises que vous privilégiez ?

Il s’agit d’entreprises qui sont en mesure de construire des barrières à l’entrée solides et pérennes. Une telle position de force est rendue possible par des franchises de marques dominantes, par la pertinence et/ou la qualité des services ou produits, ou encore, par des modèles d’affaires durables. Les avantages comparatifs dont elles disposent pourraient permettre à ces sociétés de surpasser les anticipations prévoyant généralement une érosion des rendements sous l’effet de l’environnement concurrentiel. Empiriquement, nous avons pu constater qu’il s’agit d’un profil assez rare : seules 5 à 10 % des entreprises cotées y parviennent, soit 200 à 300 titres au niveau mondial. Pour identifier les candidats pour le portefeuille (40 à 60 actions), nous avons recours à l’analyse fondamentale. Notre processus repose sur une approche bottom-up qui nous permet d’identifier ces firmes avec, idéalement, des opportunités de croissance encore inexploitées.

Comment s’articule votre processus de gestion ?

Nous procédons d’abord à un tri quantitatif. Nous nous intéressons aux valeurs qui composent le MSCI AC World en nous limitant à celles qui présentent une capitalisation boursière de plus de 10 milliards de dollars US. Il s’agit donc de multinationales qui ont su exporter leur modèle d’affaires. Nous procédons également à une exclusion ESG et normative, et bannissons les titres cotés sur des marchés avec trop de restrictions opérationnelles. Enfin, nous scrutons l’historique de leur bilan, et plus spécifiquement de la valeur qu’elles ont su créer.

A quels indicateurs avez-vous recours dans cette démarche ?

Nous mettons l’accent sur le rendement interne du capital investi ou CFROI® (Cash Flow Return on Investment. Source : Credit Suisse Holt). Nous avons pu observer qu’un CFROI® élevé et stable est
l’indicateur le plus pertinent pour déceler les entreprises susceptibles de surperformer durablement en bourse en parvenant à surprendre régulièrement le marché. Elles maintiennent sur de longues périodes un différentiel positif entre leur rendement interne du capital investi et leur coût du capital. D’autres grands groupes mondiaux, pourtant renommés, n’y parviennent pas sur la durée. Parmi ceux-ci, on peut mentionner le cas d’école Nokia, dont les niveaux de rendement ont décru avec la démocratisation des smartphones, ou Disney, qui a également vu son CFROI® baisser entre 2018 et 2021 du fait de la concurrence de nouveaux acteurs comme Netflix.

Sur quelle période analysez-vous les données ?

A cette étape de sélection, nous ne retenons que les entreprises qui ont su maintenir leur CFROI® sur les cinq dernières années. Une fois ce tri quantitatif effectué, nous procédons à une analyse qualitative des firmes. Nous veillons alors à ce que leur stratégie soit durable et cohérente, toujours sous le prisme de leurcapacité à produire des cash-flows futurs. Afin de nous forger une opinion et de construire nos modèlesfinanciers propriétaires, nous rencontrons chaque année environ 400 sociétés. A cette occasion, nousinterrogeons aussi les concurrents, clients et fournisseurs des candidats à la stratégie, afin de mieuxcomprendre l’écosystème dans lequel ils évoluent et valider les informations collectées. Il résulte de cetravail d’enquête minutieux une short list de 40 à 60 titres qui nous permet ensuite de construire leportefeuille.

Votre fonds est classé article 8 SFDR. Il est aussi labellisé ISR et "Towards Sustainability". Comment
intégrez-vous les aspects ISR dans votre gestion ?

Nous les avons intégrés de longue date dans notre processus d’investissement. Outre l’intégration des critères ESG, nous procédons à une politique d’exclusion stricte, qui concerne notamment les armes controversées, les activités d’extraction de charbon, les énergies fossiles ou encore le tabac. Conformément aux exigences du label, nous appliquons un taux de réduction minimum de 20 % sur
l’univers d’investissement. Nous pratiquons également l’engagement auprès des entreprises et exerçons nos droits de vote activement aux assemblées générales. Notre stratégie a par ailleurs été conçue avec l’objectif de devancer en permanence notre indice de référence sur deux indicateurs de durabilité, l’intensité carbone et la durabilité d’entreprise.

In fine, comment choisissez-vous les 30 valeurs du portefeuille parmi celles de votre short list ? Nous les sélectionnons en veillant, conformément à nos politiques ESG et de gestion des risques, à ce que le portefeuille soit équilibré et diversifié tant d’un point vue géographique que sectoriel. Pour éviter d’importants biais, les valeurs retenues ont initialement un poids actif similaire dans le portefeuille. Notre horizon d’investissement se situe habituellement entre trois et cinq ans, ce qui implique un taux de rotation relativement faible dans le portefeuille.

Depuis sa création, comment s’est comporté le fonds vis-à-vis de son benchmark ?

Par rapport à notre indice de référence, le MSCI AC World Net Return USD, nous maintenons notre tracking error à un niveau inférieur à 9 %, sachant qu’elle est généralement comprise entre 4 et 6 %.
Historiquement, le niveau de bêta du portefeuille est compris entre 0,75 et 1,25. Sur la durée, on constate qu’il est généralement inférieur à 1. En termes de performance, cette discipline s’est historiquement traduite par une surperformance dans les environnements de marché volatils et par une participation à la performance des marchés haussiers.

  

TB