22112024

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Gestion d’actifs

Une stratégie obligataire porteuse

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Interview de Matthieu Bailly, Directeur des investissements du fonds Octo Crédit Value, chez Octo AM

Comment s’articule la gamme d’Octo Asset Managment aujourd’hui ?

Octo AM est un gérant obligataire value. Nous gérons actuellement 960 M€ d’encours après une collecte d’environ 500 M€ en 2023. Notre gamme comprend des fonds flexibles : notre fonds « carte blanche » Octo Crédit Value, notre fonds de trésorerie Octo Crédit ISR Court Terme, et Octo Credit Value Investment Grade. Nous disposons également d’une offre de fonds à échéances avec Octo Rendement 2027 et Octo Rendement 2029.

La hausse significative de vos encours confirme l’intérêt des investisseurs pour votre expertise de
gestion. Quel regard portez-vous sur cette dynamique ?

La progression de nos encours repose sur plusieurs facteurs : le regain d’intérêt des investisseurs pour la classe obligataire du fait de la hausse des taux, notre track record depuis 2011 et l’intérêt spécifique de notre gestion value dans le marché actuel. En effet, ce type de gestion flexible, opportuniste et visant à capter des primes de rendement est particulièrement adapté à l’incertitude macro-économique, la volatilité et les changements de régime fréquents du marché et des catégories obligataires. D’un point de vue plus structurel, les marchés obligataires sont caractérisés par des intervenants, principalement les banques centrales, les investisseurs institutionnels et les fonds benchmarkés, qui sont soumis à des contraintes peu liées au rapport rendement/risque : normes comptables et réglementaires, notations d’agences, volume de dette en circulation. Il en résulte des inefficiences de marché qui sont autant d’opportunités d’investissement pour notre gestion value.

Quels sont les fonds de votre gamme qui ont bénéficié de ces souscriptions ?

Les nouveaux encours sont répartis équitablement entre les fonds à échéance et les fonds flexibles. On a pu observer un réel engouement pour les premiers en 2023 alors que les investisseurs recherchaient de la sécurité et de la sérénité en fixant ainsi le rendement sur plusieurs années. Depuis le début de cette année, l’intérêt se porte davantage sur les fonds flexibles. Les investisseurs y trouvent une source de diversification avec des niveaux de rendement qui restent attrayants. Cette tendance a particulièrement profité à notre fonds « flagship », Octo Crédit Value.

Quelles sont les principales spécificités de ce fonds ?

Il s’agit d’un fonds flexible obligataire qui vise à capter les primes de rendement offertes par le marché. A cet effet et indépendamment de toute référence indicielle, notre équipe sélectionne les obligations offrant un surplus de rendement par rapport à la solidité de l’émetteur et à sa capacité à honorer ses dettes sur une maturité donnée. Notre démarche exige une forte flexibilité en termes d’allocation en fonction des tendances et des primes que nous identifions. Sur un horizon long terme, l’objectif du fonds est de matérialiser ces primes de rendements par une surperformance pour l’investisseur au gré de la réalisation de nos scenarios d’investissement.

Votre approche obligataire repose sur trois piliers. Quels sont-ils ?

Il s’agit de la stratégie obligataire, du choix des valeurs et de l’optimisation du profil de risque. La stratégie obligataire consiste, au regard du contexte macroéconomique et des politiques monétaires, à définir notre positionnement taux et les différentes options de couverture ou d’arbitrage qui s’offrent à nous. Ensuite, au sein de notre univers d’investissement, la sélection des obligations offrant des primes passe par une analyse détaillée, tant financière qu’extra- financière, des entreprises, mais aussi par une analyse du comportement du marché ; cette seconde partie est l’essentiel de notre valeur ajoutée. Enfin, nous gérons les pondérations et la diversification du portefeuille afin d’optimiser le profil de risque.

Comment identifiez-vous les titres value ?

La notion de value peut être intrinsèque ou extrinsèque à l’émetteur. Dans le premier cas, il s’agit de spécificités liées à l’entreprise elle-même ou à une obligation en particulier : entreprises de qualité domiciliées dans un pays en crise, décotes liées à la taille de l’émetteur ou de l’emprunt, à l’actionnaire ou à une structure actionnariale. On peut également évoquer des clauses de subordination ou de garanties spécifiques ou bien un événement modifiant la qualité ou la trajectoire d’une entreprise. Le titre peut également faire l’objet de dispositions particulières comme c’est le cas pour les obligations hybrides.

Et concernant les aspects extrinsèques ?

Ils sont tout aussi nombreux. Il peut s’agir d’émetteurs méconnus du marché, d’émetteurs mal catégorisés sectoriellement ou encore qui ne font pas l’objet de notation. La décote peut également avoir pour origine les contraintes de certains intervenants de marché, les flux ou l’inclusion ou non de la catégorie d’emprunt dans les programmes d’achat des banques centrales ou des institutionnels.

Quelles perspectives offre aujourd’hui la classe d’actifs ?

L’inflation a surpris les investisseurs par son niveau et par sa persistance. Les négociations salariales actuelles semblent s’orienter vers une hausse des salaires de l’ordre de 4 %. Nous ne sommes donc pas près de tourner la page de taux plus élevés, plus longtemps. Après être revenus sur les fonds monétaires et les fonds à échéance, on peut observer que les investisseurs s’intéressent aux autres fonds obligataires, profitant d’opportunités plus variées et de rendements attractifs sans avoir besoin, comme par le passé, de se tourner vers l’illiquidité ou la complexité des fonds de dette privée, d’immobilier ou d’infrastructures.

Quels ont été vos choix de gestion récents ?

La courbe des taux est toujours plate et l’environnement reste incertain. Nous restons donc positionnés sur la partie courte de la courbe même si nous avons augmenté la duration au fil de l’année, accompagnant la hausse des rendements. Sur le crédit, de nombreux émetteurs font preuve de prudence et accumulent de la trésorerie, ce qui renforce leur bilan. Alors que l’inquiétude portait sur d’éventuels défauts de paiement, la situation est finalement meilleure qu’anticipée car les entreprises ont pris les devants. Bien sûr, la hausse des taux a pesé sur les résultats des entreprises les plus fragiles. Nous avons tenu compte de cette dynamique et avons par conséquent réduit sensiblement notre exposition au high yield au profit de titres obligataires du secteur financier, sur lesquels les primes sont actuellement intéressantes.

  

TB