22112024

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Gestion d’actifs

Un fonds cœur de portefeuille diversifiant

h2o2

Interview de Vincent Chailley, Co-fondateur et Directeur des investissements du fonds H2O Moderato FCP chez H2O AM Group

Quel est votre cœur de métier ?

Nous déployons des stratégies global macro, c’est à dire des stratégies qui s’appuient sur l’analyse des fondamentaux de l’économie avec un biais résolument value. Nous nous intéressons donc aux actifs qui sont sous-cotés – ou surcotés – et anticipons un retour vers un prix d’équilibre à la hausse ou à la baisse. Pour y parvenir, nous analysons en détail les aspects macroéconomiques et cherchons à identifier les grandes tendances de marché. Nous nous positionnons ensuite pour bénéficier de la réduction progressive de l’écart entre le cours initialement constaté de l’actif et sa valeur intrinsèque. En déployant ainsi une gestion globale, nous avons accès à de nombreuses opportunités d’investissement.

Comment s’articule votre gamme ?

Notre gamme a été construite pour répondre aux attentes des investisseurs en fonction de leur appétit au risque et de leur horizon d’investissement. Plus celui-ci est long, plus le niveau de volatilité et donc les perspectives de gain annuel sont significatifs. Ainsi, l’horizon d’investissement minimum recommandé va de deux ans pour le fonds H2O Adagio FCP à cinq ans pour le fonds H2O MultiEquities FCP. Ces deux fonds ont respectivement délivré des performances annuelles moyennes de 3,1 % et de 39,6 % pour des niveaux de volatilité annualisées respectives de 6,6 % et 28,9 % (depuis leur création).

Et quels sont les objectifs de gestion du fonds H2O Moderato FCP ?

La stratégie mise en œuvre a été imaginée en 2001 alors que la bulle Internet commençait à éclater. Elle a donc aussi été conçue pour être en mesure de répondre à des situations de marché compliquées. Les caractéristiques d’H2O Moderato FCP en font un véhicule d’investissement « cœur de portefeuille » qui apporte une réelle diversification par rapport aux classes d’actifs traditionnelles, comme le montre sa corrélation avec les taux d’intérêts ou les actions. Pour H2O Moderato FCP, la performance annuelle moyenne est de 13,5 % pour une volatilité de 14,8 % depuis son lancement. Bien sûr certaines années sont plus difficiles que d’autres mais avec ce niveau de performance moyenne, nous dépassons sensiblement son objectif.

Comment est structurée votre équipe de gestion ?

Nos équipes de gestion sont composées de 12 gérants et stratégistes. Ceux-ci couvrent les quatre grandes classes d’actifs qui composent notre boite à outils, à savoir les actions, les obligations d’Etat, les devises et, enfin, les obligations d’entreprise et des pays émergents. L’équipe est divisée en trois groupes. Le premier groupe analyse les fondamentaux tant macro que micro-économiques. Les résultats obtenus, à l’instar d’une boussole value, nous indiquent la direction à suivre à long terme. Le deuxième groupe appréhende les dynamiques de marché à plus haute fréquence. Il s’agit d’une approche plus technique qui permet d’identifier les signaux à court et moyen terme notamment via les flux de capitaux observables sur les marchés. Le troisième groupe, enfin, synthétise tout cela pour décider des stratégies d’investissement. Lorsque les planètes s’alignent, entre les fondamentaux et les aspects techniques, les idées d’investissement qui en émergent s’avèrent particulièrement robustes.

Quels segments de marché couvrez-vous ?

Nous couvrons une trentaine de pays ou zones géographiques, et donc autant de devises et de marchés obligataires associés. Combinés aux marchés d’actions, cela représente une centaine d’actifs. Pour chacun d’eux, nous avons à cœur de comprendre ce que nous dit le marché, de distinguer le bruit du signal. Ainsi, nous pouvons exploiter les mouvements de marché mais aussi protéger correctement le portefeuille. Notre démarche consiste à identifier des points d’ancrage à six mois, un an ou deux ans et à déployer des stratégies spécifiques qui concernent, selon les cas, un ou plusieurs actifs.

Comment est construit le portefeuille ?

Il intègre en moyenne 8 à 12 de ces stratégies spécifiques. Celles-ci vont de la simple stratégie buy and hold, par exemple sur la dette italienne, à des stratégies composites, plus techniques, qui combinent les dynamiques de plusieurs actifs. D’une manière générale, les stratégies déployées associent flexibilité et diversité, de manière à obtenir un portefeuille le plus robuste possible. Grâce à elles, nous sommes parvenus, en 30 ans, à traverser de nombreuses crises avec succès même si, parfois, cela implique une forte volatilité. C’est le prix à payer pour le supplément de performance dégagé.

Pour le fonds H2O Moderato FCP, de quels niveaux de volatilité s’agit-il ?

La volatilité observée avoisine les 10 % en temps normal. En période de stress, elle peut tripler localement, voire aller au-delà. Notre objectif est alors de dépasser ces crises en absorbant cette volatilité, voire, le cas échéant, de la mettre à profit. Bien entendu, nous analysons ces périodes pour continuer à améliorer notre processus de gestion des risques.

Quelles sont les stratégies actuellement mises en œuvre dans le portefeuille ?

Nous distinguons les stratégies qui visent la recherche de rendement de celles qui constituent des protections contre les chocs de marché. Parmi les premières, on peut citer celle que nous mettons à profit depuis trois ans sur les marchés émergents qui disposent d’un profil « cyclique ». Nous estimons que ces pays – et donc leurs marchés et devises – affichent une décote significative et offrent d’excellentes perspectives. Bien exposés à la phase actuelle du cycle économique et aux matières premières, ils sont également au cœur du phénomène de reshoring qui consiste, pour les pays développés, à rapprocher leurs fournisseurs industriels. Au-delà de ces considérations fondamentales, plusieurs aspects techniques de marché confortent notre sentiment. La classe d’actifs est aujourd’hui peu détenue par les investisseurs internationaux, ce qui réduit le risque d’observer des flux négatifs sur ces marchés. On peut ajouter que ces pays, qui affichent le plus souvent des balances de capitaux positives, peuvent désormais financer leur propre développement sans faire appel aux capitaux des investisseurs, souvent spéculatifs. De la même manière, nous nous intéressons aux secteurs qui ont été délaissés sur les marchés d’actions globaux depuis plusieurs années. C’est le cas, en Europe, des secteurs bancaire et automobile, mais aussi des utilities et des petites et moyennes valeurs.

Et concernant les stratégies de couverture ?

Elles sont diverses. Par exemple, sur le marché des changes, nous achetons une devise très décotée, le yen, tout en vendant certaines devises bien valorisées, notamment la livre Sterling. Ce « cross de change » constitue une bonne protection dans la perspective d’un choc violent sur les marchés. Nous opérons également sur les marchés obligataires qui ont retrouvé un potentiel de protection après la hausse récente des taux longs.

  

TB