21112024

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Objectif net zero : Le Crédit Agricole assure couper les ponts avec les nouveaux projets d’extraction fossile


Mine - charbon - fossile - extractionReclaim Finance dénonce un engagement en trompe-l’œil de la banque, qui fait actuellement partie des plus gros financeurs du secteur gazo-pétrolier.

 

 

 

 

Après la Société Générale et BNP Paribas, c’est au tour du Crédit Agricole de se prêter au jeu des engagements en faveur du climat dans le contexte de la COP28.

Décarbonation des portefeuilles

La banque a présenté le 14 décembre de nouvelles trajectoires de décarbonation de ses portefeuilles pour contribuer à l’objectif de neutralité carbone à horizon 2050, conformément aux engagements de la France et de l’Union européenne. Elle a accentué son objectif de baisse des émissions financées sur le secteur gazo-pétrolier de 30 à 75 %, affirmant avoir déjà dépassé son objectif initial (- 40 %).

Avec un engagement fort relayé par Philippe Brassac, son directeur général, dans un communiqué : « Nous décidons […] de cesser tout financement de nouveaux projets d’extraction d’énergies fossiles et d’adopter une approche sélective dans l’accompagnement des énergéticiens inscrits dans cette transition. »

La stratégie climat du Crédit Agricole repose également sur le triplement des financements des énergies renouvelables d’ici à 2030 ainsi qu’une augmentation de 80 % de l’exposition de sa banque d’investissement aux infrastructures bas-carbone entre 2020 et 2025.

Le Crédit Agricole a une forte marge de progression dans ce domaine : une récente enquête du Monde la classait au septième rang des établissements soutenant les opérateurs de « bombes carbones », soit les sites d’extraction de pétrole, de gaz ou de charbon les plus émetteurs de CO2. Elle fait également partie du club très select des 10 établissements regroupant près de 60 % des financements bancaires des majors pétro-gazières, selon un rapport de la coalition d’ONG Banking on Climat Chaos publié en avril 2023.

Financements détournés

Pour Reclaim Finance, cette annonce est « à l’image des limites de l’accord […] en conclusion de la COP28 : une transition hors des énergies fossiles vers d’autres énergies qui garde la porte ouverte au financement de l’expansion pétro-gazière ». Pour l’ONG, ces annonces sont « sans impact matériel » pour la banque : celle-ci a en effet coupé les ponts avec la recherche ou l’extraction depuis plusieurs années. Seuls 2,5 % de ses financements au secteur fossile se font par projet, toujours selon Reclaim Finance.

L’association craint que la banque n’use de portes dérobées, en fournissant « de nouveaux services financiers non fléchés » à l’industrie. Crédit Agricole a par exemple financé plusieurs terminaux de gaz liquéfié naturel (GNL), notamment aux Etats-Unis, ou conseillé TotalEnergies sur son projet gazier Papua LNG en Papouasie-Nouvelle-Guinée, l’une de ces fameuses « bombes carbones », encore à l’étude.

De même, la banque participe aux émissions d’obligations de ces sociétés et leur accorde des financements corporate, alloués directement à l’activité de l’entreprise plutôt qu’à un projet.

Crédit Agricole s’est engagé à arrêter ces derniers, mais seulement en direction des producteurs indépendants, qui sont consacrés exclusivement à l’exploration ou à la production fossile. « Autrement dit, les majors et entreprises intégrées du secteur pétrolier et gazier parmi lesquelles se trouvent des grands clients de Crédit Agricole sont épargnées des mesures annoncées », blâme Reclaim Finance.