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Gestion de Fortune n° 348 - Juillet-août 2023

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L'Edito de Patrick Lelong

 La mise sur écoute, c’est quand on n'écoute pas… ou trop

Mais la vraie question serait plutôt quand on écoute qui ? Et sous quels prétextes et de quelles manières ? Concrètement, Il arrive que des journalistes dénoncent, après avoir réalisé une enquête, un scandale financier, une utilisation frauduleuse de fonds publics (donc de nos impôts)… On devrait s’en réjouir en méditant sur cette évidence que les droits de l’homme ne sont pas que les droits de certains hommes, et surtout qu’il est malséant de museler le droit de ceux qui révèlent des faits délictueux au grand public. Pourtant, cette menace, proche de « mange ta soupe et tais-toi » ou « gare au marchand de sable » est bien réelle. Car, l’écoute des conversations des journalistes pourraient tout simplement être légale. Au nom de quoi ? De la souveraineté des États de l’Union européenne. Les sources ? Pas besoin d’espionner, simplement de consulter des documents mis en avant par Investigate Europe. Il s’agit de donner aux États la possibilité légale de surveiller les conversations des journalistes. A l’origine, une belle intention de la Commission européenne et, SVP ne riez pas : protéger la liberté d’information des médias et bien sûr de ces handicapés de la compréhension « objective » des faits de nos sociétés que sont les journalistes.

Et l’exception à ce principe, l’écoute serait possible « pour garantir la souveraineté des États membres de l’UE ». Ce texte est un projet, une ambition, et à l’heure où nous mettons sous presse, possiblement amendé. Nous le souhaitons… presque tous.

Oui, le terrorisme existe, mais il ne faut pas se tromper de moyens pour le combattre. La loi protège les sources des journalistes mais les punit comme tout citoyen (et souvent à juste titre plus fortement), quand ils se font complices d’une rétention d’informations qui met en danger la vie de nos concitoyens. L’utilisation de la possibilité de les espionner, y compris à l’aide de logiciels espions comme Pegasus et Prédator (non ce ne sont pas des logiciels de jeux), placés à leur insu sur des téléphones portables ne sont pas admissibles. On nous dit qu’une telle écoute serait exceptionnelle… On pourrait tout aussi bien dire que c’est la Liberté qui, à terme, serait exceptionnelle. A quand, l’écoute des CGP qui auront eu à connaître un individu dont la situation fiscale n’est pas claire ? A quand l’écoute d’un avocat qui aura reçu un futur ou actuel client qui souhaite être défendu ?

Pour le bien de tous, journal-liste ne doit jamais s’écrire en deux mots ! Tonton, pourquoi tu tousses ?