22112024

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Actualité des sociétés

Vincent Guenzi (Cholet Dupont Oudart) s’interroge sur la vigueur des marchés


v.guenzi cholet dupont oudartFace à une récession annoncée, Vincent Guenzi, directeur de la stratégie d’investissement chez Cholet Dupont Oudart, s’interroge sur la résistance des marchés, qui ne cesse d’étonner.

 

  

Si l’indice mondial des actions a fini le mois de mai en hausse, les divergences ont été nombreuses entre les places boursières. Les indicateurs économiques ont également été assez peu homogènes. « De ce fait, estime Vincent Guenzi, directeur de la stratégie d’investissement de Cholet Dupont Oudart, il est difficile d’avoir des convictions fortes sur les perspectives des prochains trimestres. » Pour le professionnel, les évolutions des marchés resteront dépendantes du rythme de la décrue de l’inflation (encore insuffisant aux yeux des banquiers centraux pour baisser la garde) et de l’incertitude sur la vitesse du ralentissement de l’activité.

Dans le doute, le stratégiste maintient à court terme une approche « prudente », eu égard à un possible risque de déception. Cela dit, cela ne l’empêchera pas de préconiser la mise en portefeuille d’actions qui auraient trop baissé. « Les indices, estime-t-il, nous semblent disposer d’un potentiel de hausse très limité au cours de l’été. Nous restons confiants à moyen terme, car la baisse des taux de la Réserve fédérale américaine, lorsqu’elle se produira, pourrait marquer le début d’un nouveau cycle haussier aux Etats-Unis, puis en Europe, après un dernier épisode de baisse qui se produirait d’ici à la fin de l’année. »

Pas encore de ralentissement visible

Aux Etats-Unis, la croissance reste « soutenue », au vu d’indicateurs comme l’emploi ou la consommation. Inversement, la hausse de la production industrielle et de l’investissement des entreprises est « modeste ». Par ailleurs, des signes de faiblesse apparaissent, comme la « disparition progressive » de l’excédent d’épargne des ménages ou la légère remontée du chômage. L’analyse de la courbe des taux d’intérêt américains – qui porte sur l’écart entre les taux longs et les taux courts – laisse entendre qu’une récession interviendrait en fin d’année ou en début d’année prochaine. Chaque fois que la Fed a conduit une politique de remontée des taux d’intérêt, une récession s’en est suivie 9 fois sur 10. Quoi qu’il en soit, s’il a commencé à se mettre en place, le ralentissement n’est pas encore vraiment visible.

Une récession aux Etats-Unis découlerait de plusieurs éléments : durcissement des conditions de crédit inhérent à la hausse des taux, réduction des liquidités disponibles liée à la diminution du bilan de la Fed, moindre consommation des ménages, stocks excédentaires des entreprises, fléchissement des marges bénéficiaires après les hausses de prix et détérioration du marché de l’emploi. Pour l’instant, les investisseurs ne semblent guère convaincus…

En Europe, la situation est décevante. La croissance est plus faible et ralentit, quand certains pays, à l’image de l’Allemagne, sont en récession. « L’inflation, fait observer Vincent Guenzi, est plus élevée et la Banque centrale européenne n’a pas fini son durcissement monétaire. Deux ou trois hausses de taux supplémentaires sont attendues. Pourtant, les indices étaient dernièrement au plus haut, et ce, comme aux Etats-Unis, grâce à un nombre restreint de valeurs. »

De grands pays émergents comme le Brésil ou l’Inde, ainsi que le Japon, semblent « mieux lotis » en termes d’activité. Au premier trimestre, la croissance a dépassé les anticipations. Les indicateurs avancés continuent de s’améliorer. « Il n’est pas étonnant, souligne le professionnel, que les Bourses de ces trois pays aient fait l’objet d’un fort rattrapage après plusieurs mois de baisse. Exception à cette règle, la Chine : les statistiques économiques n’ont pas été mauvaises, mais les actions ont baissé, preuve que l’essoufflement de la reprise économique peut préoccuper. »

ML