Gestion d’actifs
Parole d'expert : « le secteur de la défense est en effet un des piliers de notre stratégie »
- Jeudi 3 juillet 2025 - 14:15
- | Par Thierry Bisaga
Dans le cadre de notre hors-série « 50 fonds à détenir dans des marchés incertains », nous avons donné la parole à plusieurs professionnels qui présentent les caractéristiques d'un de leur fonds et sa pertinence dans un contexte économique et géopolitique troublé. Aymeric Gastaldi, gérant chez Edmond de Rothschild Asset Management présente Edmond Rothschild Sicav Global Résilience.
Publi-rédactionnel
Vous êtes le gérant d’Edmond Rothschild Sicav Global Résilience, un fonds article 8 investi en actions internationales. Quel est son objectif de gestion ?
Nous avons souhaité proposer une solution d’investissement qui soit alignée avec le nouveau contexte géopolitique. Après 30 années d’accélération de la mondialisation, nous entrons dans une nouvelle ère, marquée par davantage de friction et un retour du politique. Les tarifs douaniers et l’apparition de conflits armés sur le sol européen en sont des conséquences. Nous avons conçu cette stratégie afin de saisir les opportunités offertes par ce changement d’environnement.
Comment appréhendez-vous la question de la résilience qui semble au cœur de votre stratégie ?
Avec l’émergence de ce nouveau paradigme, la notion de résilience devient centrale. Nous sommes convaincus que les entreprises capables de rendre nos sociétés plus sûres, plus fonctionnelles et mieux préparées aux chocs économiques, politiques et technologiques seront celles qui devraient bénéficier d’une demande croissante.
Quelles sont ces entreprises ?
Pour les identifier, nous avons défini quatre grandes thématiques porteuses et multisectorielles : les ressources stratégiques, les infrastructures critiques, la défense et la cybersécurité et, enfin, la protection et la sécurité. Comme on a pu le constater, la situation actuelle exige des Etats une souveraineté accrue sur certains secteurs stratégiques, tels que l’alimentation, l’agriculture et l’énergie. Cette exigence est étroitement liée à celle de la relocalisation des chaînes d’approvisionnement, ainsi qu’à celle de l’entretien, du renouvellement et du développement des infrastructures critiques pour répondre à l’évolution de la demande pour des besoins vitaux.
Et concernant les thèmes liés à la sécurité, qu’elle soit collective ou individuelle ?
Le secteur de la défense est en effet un des piliers de notre stratégie. Il est par ailleurs étroitement lié à la cybersécurité : les menaces qui pèsent aujourd’hui sur les économies et les systèmes sociaux exigent un renforcement de nos infrastructures numériques. La technologie joue également un rôle central dans la dynamique de réarmement, ainsi que dans les questions liées à la protection individuelle, la prévention en matière de santé par exemple.
Quel est le profil des entreprises que vous privilégiez ?
Nous privilégions les entreprises, quel que soit leur niveau de capitalisation, dont les modèles économiques sont robustes et les revenus stables sur le long terme. Nous exigeons également qu’elles aient un recours modéré à l’endettement et qu’elles présentent une forte intégration verticale, c’est-à-dire qu’elles disposent d’une base de fournisseurs et de clients diversifiée. Nous accordons aussi de l’importance à leur ancrage local.
Seront-elles suffisamment robustes face aux multinationales qui dominent actuellement les marchés ?
D’une manière générale, à mesure que l’environnement économique se complexifie, la nécessité de repenser le mode de fonctionnement de la société va stimuler la demande de solutions résilientes et innovantes, ce qui profitera aux thématiques que nous privilégions. On peut aussi noter que les entreprises présentes dans notre univers d’investissement offrent selon nous, une diversification intéressante, créatrice de valeur, pour les investisseurs.
Comment avez-vous construit le portefeuille ?
Nous l’avons voulu raisonnablement diversifié et indépendant de son indice de référence, le MSCI World. Il comprend actuellement un peu plus d’une cinquantaine de titres avec un poids actif (ou active share) de 90 %. Le thème le plus présent est celui de la cybersécurité et de la défense, avec 42 % de l’actif du fonds qui y est investi. Viennent ensuite les thèmes infrastructures critiques, sécurité et protection et ressources stratégiques avec, respectivement, des pondérations de 28, 13 et 8 %. L’allocation géographique fait aujourd’hui la part belle à l’Amérique du Nord (62 %), suivie par l’Europe (23 %), les pays émergents (9 %) et le Japon (3 %). Parmi les valeurs que nous accompagnons sur la durée, on peut citer Thales, qui bénéficie désormais d’une forte visibilité, RTX, une entreprise américaine qui dispose, elle aussi, d’un savoir-faire éprouvé en matière de défense, ainsi que la firme de consulting Tetratec, qui dispose d’une très forte expertise dans le domaine des infrastructures et du traitement de l’eau.
Comment est structurée votre équipe de gestion ?
L’équipe est composée de deux gérants/analystes, Christophe Foliot et moi-même. Nous nous appuyons sur nos propres expertises et, plus globalement, sur celles d’Edmond de Rothschild Asset Management dans les domaines aussi variés que la technologie, la santé, la transition environnementale ou encore le capital humain. Nous nous intéressons également aux travaux menés par l’Institut français des relations internationales (IFRI), avec lequel nous avons un partenariat de longue date, et en allant régulièrement à la rencontre d’experts en géopolitique et de groupes de réflexion qui se penchent sur le sujet.
En quoi ce nouveau fonds est-il adapté au contexte actuel ?
Nous avons développé pour ce fonds une approche thématique, diversifiée et peu sensible aux cycles économiques. C’est une brique d’investissement particulièrement pertinente dans des marchés durablement en proie à la volatilité. Telle qu’elle est conçue, la stratégie nous donne également l’opportunité d’accompagner le retour en grâce de certains secteurs lorsque des événements surviennent. On peut évidemment mentionner le cas des outils et diagnostics médicaux qui s’est fortement valorisé lorsque l’épidémie de Covid s’est déclarée ou celui, plus récent, du secteur de la défense, qui a bénéficié d’un regain d’intérêt au cours des derniers mois et dont le portefeuille a pleinement tiré parti.
Pour decouvrir les 50 fonds à détenir dans les marchés incertains, cliquez ici
TB