04122024

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Marché

Reclaim Finance accuse les assureurs de contribuer à l’expansion fossile


pétrole extraction fossileL’association, dans une étude publiée le 5 juin en partenariat avec Rift, a examiné plus de 8 000 unités de compte proposées dans 290 contrats. Quasiment les deux tiers abritent une entreprise qui développe au moins un nouveau projet d’extraction fossile.

 

 

 

  

Si le gouvernement veut mobiliser le placement préféré des Français au service de la transition écologique, notamment grâce à la loi Industrie verte, les placements actuels produisent plutôt l’effet inverse.

Reclaim Finance et Rift ont passé au peigne fin 8 100 unités de compte (UC) proposées dans 290 contrats. Le constat est sans appel, puisque dans 63 % d’entre elles est au moins présent un émetteur qui développe des projets d’énergies fossiles, dans 22 % un développeur charbon.

Les UC concernées sont de fait incompatibles avec une trajectoire de réchauffement climatique limitée à +1,5° : l’Agence internationale de l’énergie, dans sa feuille de route mondiale publiée en 2021, prévenait que tout nouveau projet d’extraction fossile empêcherait d’atteindre cet objectif.

Covéa en tête de liste

Sans surprise, TotalEnergies est présente dans plus du quart des UC analysées. Les assureurs les plus exposés aux nouveaux projets fossiles sont les trois compagnies du groupe Covéa, GMF, Maaf et MMA, respectivement à hauteur de 79 %, 77 % et 70 % de leurs UC. Mais en s’en tenant au nombre d’UC proposées, ils sont dépassés par Generali Vie, BNP Paribas, Cardif Vie et AG2R La Mondiale.

Le premier fournisseur de fonds pour les UC liés aux nouveaux projets d’extraction fossile est JP Morgan AM (188 fonds), suivi d’Amundi et Fidelity International (182 fonds).

« Ce double standard est particulièrement inquiétant alors que la part des UC dans la collecte annuelle brute de l’assurance-vie a été multipliée par plus de trois en dix ans, passant de 12 % en 2012 à plus de 40 % ces deux dernières années, fait remarquer l’ONG. Autrement dit, pour 100 € placés par un épargnant sur son contrat d’assurance-vie, 40 € en moyenne ne sont pas concernés par l’application des engagements climatiques de son assureur-vie. »

Même la présence de termes relatifs à la durabilité ne constitue pas une garantie suffisante pour l’épargnant : sur 1 745 UC analysées contenant les mots « responsable », « climat », « durable », « vert », « à impact », « ESG » ou « ISR », 959 (55 %) contiennent des développeurs d’énergies fossiles.
L’exposition des assureurs pourrait résulter d’un manque de vigilance plutôt que de volonté, puisque les trois-quarts de l’exposition à ce type d’émetteurs proviennent de fonds de fonds.

Exposition des fonds en euros

Les engagements pris du côté des fonds en euros ne sont pas parfaits non plus. La majorité des assureurs affirment cesser d’investir dans des entreprises développant de nouveaux projets d’extraction de charbon, excepté HSBC et Milleis. En revanche, seules neuf compagnies se sont engagées à ne plus réaliser d’investissements dans des entreprises développant de nouveaux champs de pétrole et de gaz, à la fois conventionnels et non-conventionnels. Suravenir et MACSF vont un cran plus loin en incluant également les projets de transports et de stockage, comme les pipelines ou les terminaux de gaz naturel liquéfié.

« Parmi les poids lourds du secteur, on retrouve certains retardataires comme Crédit Agricole Assurances, AXA France Vie et BNP Paribas Cardif Vie, respectivement 1er, 3e et 4e assureur-vie français alors que le numéro 2 de l’assurance-vie, CNP Assurances, s’est déjà engagé à stopper ses nouveaux investissements dans des entreprises développant de nouveaux projets pétrole et gaz », liste Reclaim Finance.

Près du quart des encours du fonds euro ne sont par ailleurs pas concernés par ces engagements, notamment en ce qui concerne les investissements indirects dans des fonds ouverts (356 Md€ en 2020).

Renforcer les contrôles

Au rang des recommandations, Reclaim Finance demande aux autorités de contrôler la présence de d’entreprises en lien avec de nouveaux projets d’extraction fossiles dans les UC dites « responsables ». L’association souhaite également que les fonds en euros puissent être éligibles à la labélisation ISR (et non plus seulement les unités de compte), car le nouveau référentiel prévoit l’exclusion de ce type d’émetteurs. Elle propose par ailleurs la publication d’un éco-score qui classerait les produits financiers selon leur exposition aux projets d’extraction fossile.

Les assureurs vie sont eux pressés de s’engager à stopper leurs investissements dans des entreprises développant de nouveaux projets sur l’ensemble de la chaîne de valeur, d’étendre leur politique climat et énergie aux UC et de l’appliquer aux investissements indirects du fonds en euros, en veillant à ce que les sociétés de gestion partenaires soient alignées avec la leur.

A ce jour, seuls Green-Got et Goodvest - deux courtiers en assurance examinés dans l’étude - se sont engagés à ne pas référencer des fonds contenant des développeurs d’énergies fossiles dans leur offre en UC.