Gestion de Fortune n° 371 - Septembre 2025
L'Edito de Jean-Baptiste Marcy
Les détails font la perfection et la perfection n’est pas un détail
Aux alentours de 800 Md€ dorment sur les comptes courants des Français selon la Banque de France. Cette somme colossale reste largement inutilisée, faute de connaissance des solutions de placement existantes, mais surtout par manque de compréhension du lien entre performance et niveau de risque.
Trois raisons expliquent cette inaction : d’abord, beaucoup ignorent leurs besoins réels et leurs dépenses mensuelles ; ensuite, la peur de manquer les pousse à conserver une épargne de précaution excessive sur leur compte courant ; enfin, l’investissement souffre encore d’une image rebutante, perçu comme complexe, voire inaccessible. Dans ce contexte, la mission du conseiller patrimonial peut s’avérer délicate. Car, comme le dit l’adage : on ne peut rien enseigner à celui qui ne veut pas entendre.
Pourtant, les mentalités évoluent. Ces dernières années, les épargnants s'intéressent de plus en plus à l’investissement non coté. Longtemps réservé aux institutionnels, le private equity s’impose désormais comme une véritable classe d’actifs, couvrant l’ensemble du cycle de vie de l’entreprise : du capitalrisque à la création, au capital-développement pour la croissance, jusqu’au capital-transmission lors de la cession. Cet univers appartient à la catégorie des placements dynamiques, à fort potentiel de rendement, mais exigeants en termes de durée et de tolérance au risque. Il séduit aussi par son sens : investir dans les PME et les ETI françaises, c’est soutenir l’économie réelle. Certes, certaines offres tentent d’introduire de la liquidité dans ce type d’investissement, à l’image de la pierre-papier prétendument liquide, mais que la moindre crise renvoie brutalement à sa réalité illiquide.
Il faut rester lucide : même bien structurés, ces produits ne sont pas miraculeux. Le private equity ne doit pas être un ami qui vous veut du mal, mais il requiert d’accepter une moindre disponibilité en échange d’un meilleur rendement. C’est cette prise de conscience qui redonne tout son sens à la stratégie patrimoniale, et à l’importance de la relation humaine, de l’écoute et de la pédagogie dans le rôle du conseiller.