22112024

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Gestion d’actifs

Les perspectives 2023 des marchés actions (étude Degroof Petercam AM)


Inde TajAprès une année 2022 difficile pour nombre d’investisseurs, il semble pertinent, si l’on en croit Johan Van Geeteruyen, CIO Fundamental Equity chez Degroof Petercam AM, de s’interroger sur les facteurs susceptibles d’induire une évolution favorable des marchés.

Pour Johan Van Geeteruyen, chief investment officer « actions fondamentales » chez Degroof Petercam Asset Management, le premier facteur à prendre en compte pour analyser aujourd’hui la situation des marchés est l’inflation. « Bien qu’elle paraisse avoir touché son pic, explique-t-il, la vitesse de sa décélération ainsi que son écart par rapport à la cible de 2 % seront des éléments déterminants. En effet, une inflation structurellement élevée aurait des incidences sur les remboursements des emprunts, le coût du capital et la propension à investir dans certains marchés. »

Par ailleurs, l’un des facteurs clés des décisions d’investissement est le prix des actifs. Du fait du retournement des politiques des banques centrales et de l’augmentation des risques géopolitiques, les actions ont fortement baissé en 2022. « Cependant, relève le professionnel, à la suite du récent rallye, leurs valorisations ont retrouvé des niveaux d’avant-crise, notamment aux Etats-Unis. En Europe, par contre, les actions paraissent encore très bon marché. Une faiblesse qui résulte de la poursuite de la guerre en Ukraine et de la crise énergétique. » Une situation qui a incité les investisseurs étrangers à se tourner vers des marchés « plus sûrs », tels que les Etats-Unis.

Cap sur l’Asie

La liquidité est un autre élément à prendre en compte. Après une décennie d’abondance et de marchés relativement calmes, l’attitude résolument ferme des banques centrales dans leur lutte contre l’inflation s’est traduite par une hausse de la volatilité. Or, celle-ci s’accompagne en général d’une réduction de la liquidité. « Selon une récente analyse du FMI, fait observer Johan Van Geeturuyen, la liquidité s’est détériorée pour toutes les classes d’actifs, quelle que soit la mesure utilisée, ce qui représente un important défi pour les valorisations. » Les corrections de l’an dernier ont été expliquées par la compression des multiples et non par la diminution des marges bénéficiaires.

« La croissance de ces dernières, indique le stratégiste, reste très soutenue, à 5 % aux Etats-Unis et à plus de 20 % en Europe ! La capacité des entreprises à générer de la trésorerie est bonne, ce qui leur permet de distribuer des dividendes élevés. » Les entreprises pourront-elles maintenir leurs fortes marges ? Une question cruciale à laquelle le CIO de DPAM répond de la manière suivante : « Censées lutter contre l’inflation, les banques centrales auront un impact sur les dépenses. Si celles-ci diminuent, il en ira de même pour la demande et, par voie de conséquence, pour les bénéfices des entreprises. Pour maintenir leurs marges, les sociétés devront accroître leur productivité ou réduite leurs coûts. Autrement dit procéder à des licenciements. »

En dollar, la croissance des bénéfices par action n’a, selon le consensus des analystes financiers, ralenti que de 5,6 % aux Etats-Unis et de 5,2 % en Europe. Elle devrait donc être positive en 2023. Pour Johan Van Geeteruyen, de telles attentes paraissent trop optimistes. « D’une part, précise-t-il, les marges bénéficiaires n’ont jamais été aussi élevées. D’autre part, les PMI [indices des directeurs d’achats] sont en phase de contraction. Même si les taux d’intérêt n’augmentaient plus, les cours des actions devraient rester sous pression. »

Les institutionnels sont prudents. Ils ont peu d’appétit pour les actifs risqués que sont les actions et le crédit. D’après un rapport de Bank of America, les particuliers, eux, sont encore investis à 60 % en actions. Il n’en demeure pas moins que toute crise est porteuse d’opportunités. En l’occurrence, la Chine, qui est très faiblement valorisée, à 11 fois les estimations de profits, recèle un potentiel de surperformance, alors que d’autres pays en Asie devraient être boursièrement mieux orientés.

« A elle seule, fait encore remarquer le professionnel, l’Inde est une locomotive pour l’économie mondiale. Elle devrait représenter 15 % de son PIB d’ici à 2050 (20 % pour l’empire du Milieu). Dans l’ensemble, la région se négocie à 13 fois les bénéfices, contre 17 fois pour les Etats-Unis, dont la croissance attendue est plus faible. »

ML