07072025

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Actualité des sociétés

Marché, crédit, cybersécurité… Les grands risques financiers de 2025

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Alors que les marchés financiers sont au vert, l’AMF s’inquiète d’un optimisme déconnecté des fondamentaux économiques. Dans sa cartographie des risques, elle alerte sur la montée en puissance de plusieurs dangers, d’autant plus systémiques que les canaux de contagion se développent.

 

 

 

 

 

 

Les marchés boursiers en plein déni ? L’AMF, lors de la présentation de sa cartographie des marchés et des risques de 2025, a fait part de ses inquiétudes concernant le découplage entre les perspectives macroéconomiques et l’insolente santé des marchés financiers.

Tous les principaux indices boursiers - S&P 500, Nasdaq, Dow Jones, Dax, FTSE 100, CAC 40… - ont en effet progressé depuis le début de l’année. Leur repli généralisé de 12 % lors du « Liberation day » (jour de l’annonce des nouveaux tarifs douaniers américains) jusqu’au moratoire du 9 avril n’a finalement été qu’une correction temporaire.

Peur de rien

« L’indice de la peur (VIX) a connu un pic en Europe comme aux Etats-Unis, mais les pics liés au Covid-19 étaient beaucoup plus élevés », fait remarquer Kheira Benhami, cheffe économiste à l’AMF.

Le constat est similaire sur le segment obligataire, avec un choc sur le high yield rapidement effacé. De même, les indices CDS corporate - les credit default swap jouent un rôle d’assurance contre le défaut de l’émetteur - sont revenus à leurs niveaux d’avant-crise Covid après un pic passager.

Rien dans le contexte général, marqué par le ralentissement économique et le désalignement des politiques monétaires, ne justifie pourtant cette embellie. Le Fonds monétaire international (FMI) a ramené ses prévisions de croissance pour 2025 à 1 % pour la zone euro et 1,8 % pour les Etats-Unis, tandis que les politiques des banques centrales européenne et américaine suivent deux chemins opposés.

Prendre tariffs

La Banque centrale européenne (BCE) a opéré huit baisses de taux successives en un an, portant son principal taux directeur (concernant la rémunération des dépôts) à 2 %, tandis que la Réserve fédérale américaine (FED) maintient le statu quo depuis décembre 2024, gardant ses taux inchangés à 4,5 %.

Alors que les principaux partenaires commerciaux négocient activement avec les Etats-Unis, la menace des droits de douane reste palpable : Scott Bessent, le secrétaire du Trésor américain, a indiqué le 6 juillet que les « tariffs » décidés unilatéralement entreraient en vigueur au 1er août faute d’accord avec les pays concernés.

En réaction, le CAC 40 a préféré ce 7 juillet l’attentisme au pessimisme : il cédait 18 points 1h30 après l’ouverture pour s’établir à 7 786 points, avant de se reprendre. Un exemple symptomatique du contexte de marché actuel, qui, couplé à la volatilité élevée qui s’est installée sur tous les segments, alimente les craintes de l’AMF.

En rouge et noir

Dans sa synthèse, l’AMF place les risques de marché comme de crédit au niveau « très élevé ». Pire, si les perspectives d’évolution sont stables pour le risque de crédit, le régulateur anticipe, compte-tenu de ces différents facteurs, une hausse du risque de marché pour 2026.

Deux autres risques, déjà écarlates, évoluent également à la hausse en 2026. Le risque de contagion d’abord, en lien avec le renforcement de l’exposition des portefeuilles aux actifs américains via la gestion indicielle passive. Les exchange traded funds (ETF) ont vu leur encours croître de 36 % au niveau mondial en 2024, atteignant 13 900 Md€. Ils pèsent aujourd’hui l’équivalent d’un quart de la valeur totale des fonds d’investissement (hors ETF).

Le développement des cryptoactifs constitue un autre facteur d’imbrication, à mesure que leur institutionnalisation entraîne des interconnexions croissantes avec le système financier traditionnel… et ses chocs.

Haro sur les cryptos

Les risques opérationnels, notamment cyber, sont un autre facteur d’inquiétude. Si le cas Harvest a été largement médiatisé auprès des CGP, il ne constitue que la partie émergée de l’iceberg. L’Agence européenne pour la cybersécurité (Enisa) a recensé 488 cyberattaques entre janvier 2023 et juin 2024 ciblant le secteur financier européen, dont 46 % visaient des banques.

Le secteur des cryptoactifs n’est pas épargné, plusieurs plateformes d’échange ayant été prises pour cibles ces dernières années. Le dernier grand casse en date concerne Bybit, basée à Dubai, qui s’est vue dérober l’équivalent de 1,4 Md€ en ethereum par Lazarus, un groupe de hackers nord-coréens.

Le 4 juillet, 80 000 bitcoins (7,4 Md€) étaient déplacés de portefeuille en portefeuille. Un transfert inédit par son montant, mais aussi parce que les cryptoactifs concernés n’avaient pas bougé depuis avril 2011.

Les spéculations vont depuis bon train, certain y voyant l’œuvre du créateur du bitcoin Satoshi Nakamoto (qui en détiendrait plus d’un million) ou d’un early adopter tandis que d’autres, en analysant les messages qui ont accompagné les transactions, évoquent la piste d’un transfert de propriété, voire d’un vol.

Risque quantique

Si rien n’est encore prouvé, les anciennes clés privées des portefeuilles crypto présentent un niveau de sécurité plus faible et font une cible de choix pour les cyberattaques. Un risque amplifié par le développement du calcul quantique : selon une étude de Deloitte, un quart des bitcoins en circulation et 65 % des ethers sont exposés à un risque de piratage quantique.

L’industrie financière est tout aussi concernée. L’AMF note que le calcul quantique représente « une menace pour les systèmes de paiements et de messagerie entre agents financiers ». Le futur s’annonce mouvementé.