12072025

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Actualité des sociétés

La Place financière passe ses frais en revue

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Le Comité consultatif du secteur financier publie le tout premier rapport de l’Observatoire des produits d’épargne financière. Une étude inédite qui dresse un panorama clair mais non exhaustif des frais prélevés sur les principaux produits d’investissement commercialisés en France. Panorama.

 

 

 

 

 

 

Conformément à sa mission prévue par la loi Industrie verte, le Comité consultatif du secteur financier (CCSF) a mis sur pied un Observatoire des produits d’épargne financière (Opef), dont le premier rapport vient d’être publié.

Objectif, « fournir une information claire, objective et transparente sur les produits d’épargne financière commercialisés en France, accessibles à tous, qu’ils soient débutants ou expérimentés », précise l’organisme dans un communiqué. Frais de courtage, d’exécution, d’entrée, de gestion, d’arbitrage, de surperformance… Le champ d’étude est large.

Le document passe en revue les grandes enveloppes en revue - assurance vie, contrat de capitalisation, PERin assurantiel, compte-titres ordinaire ou PEA - mais aussi les supports d’investissement sans chercher « à comparer les produits entre eux, ni à orienter les choix d’investissement ». Pour autant, l’exercice n’est pas exhaustif puisqu’il ne couvre qu’un tiers du marché de l’épargne financière.

Opef

Retraite à grand frais

Concernant les contrats d’assurance vie, les frais de gestion de contrat s’élèvent à 0,64 % côté fonds en euros et 0,85 % côté unités de compte (UC). Si la plupart des néo-assureurs ont supprimé les frais sur versements, les habitudes ont la vie dure puisque ceux-ci chiffrent en moyenne à 0,75 % sur le fonds en euros et 0,55 % pour les UC.

Les PERin sont encore plus chargés, avec des frais d’entrée de 1,2 % pour les fonds euros et 1,81 % pour les UC, et de gestion respectivement de 0,73 % et 0,91 %. Les contrats de capitalisation s’en sortent mieux, avec des frais d’entrée moyens de 0,25 % et de gestion de 0,72 %. 

Pour les UC, il faut encore ajouter les coûts liés aux supports d’investissement, qui peuvent s’étalonner de 0,3 % pour les fonds monétaires jusqu’à 2,15 % pour l’immobilier voire 2,35 % pour le private equity.

Moins de lignes en ligne

Les frais d’entrée sur les OPC en compte-titres ordinaires ou PEA divergent drastiquement selon l’opérateur. Les frais de tenue de compte sont en effet négligeables (0,09 %), tandis que ceux liés aux supports d’investissement sont à 1,16 % en moyenne. Mais les frais d’entrée varient de 0,50 % en passant par un canal de souscription en ligne à 2,81 % pour les autres canaux.

Les frais moyens des comptes-titres sont de 0,48 % côté courtage (0,57 % pour les banques de réseau, 0,32 % pour les banques en ligne) et, pour les droits de garde et de tenue de compte… il faut encore faire un distinguo, puisque ceux-ci sont nuls en ligne mais de 0,64 % pour les banques physiques.

Faire une moyenne pour les fonds actifs est aussi peu parlant : si celle-ci se situe à 1,85 % pour les actions monde, la fourchette va de 0,13 % jusqu’à 5,35 %. « Plus de 90% des fonds actions (en encours) présentent des frais situés entre 0,3 % et 3 %, précise l’Opef. Et pour certaines catégories de fonds (monde, États-Unis, Europe, Europe petites et moyennes capitalisations, France), cette proportion s’élève même à plus de 97 %. »

Opef 2

Grand écart

L’observatoire fait un constat similaire pour les fonds obligataires actifs, dont les frais s’étalonnent de 0,06 % au minimum en obligations monde diversifiées jusqu’à 5,31 % au maximum pour les obligations euros haut rendement. Ici aussi, la prudence s’impose : « Seule une proportion marginale des fonds obligations euro haut rendement présentent des frais récurrents supérieurs à 5 % (2,13 % des fonds obligations euro haut rendement en nombre, représentant 1,13 % de l’encours de ces fonds), poursuit l’Opef. Et seul un fonds obligations euro diversifiées dont l’actif net s’élève à 4,8 M€ (soit 0,0065 % de l’encours total de ces fonds), présente des frais récurrents à 0 %. »

Les fonds monétaires font figure de bons élèves, avec une fourchette de 0,03 % à 1,27 %, pour une moyenne de 0,2 %. De même, les fonds indiciels présentent des frais moyens qui ne dépassent pas 0,56 % (pour les petites et moyennes capitalisations européennes).

Sur le non côté, les frais récurrents des SCPI s’élèvent en moyenne à 0,49 % pour les commissions de gestion et 2,13 % pour ceux liés à l’exploitation immobilière. Les FCPR evergreen, qui ne comptent que pour 3,5 % des FCPR mais qui représentent 30 % de leur encours, affichent des frais récurrents médians de 2,1 %, et des frais totaux (auxquels s’ajoutent le carried interest) de 2,4 %.

A noter que l’Opef n’a pas été en mesure de collecter les frais sur les produits structurés, difficile à évaluer « dans la mesure où ils sont, en partie, intégrés dans la formule du produit ».

Autosatisfecit de Place

La Fédération bancaire se satisfait des conclusions de l’Opef, malgré l’écart béant entre les frais appliqués par les banques de réseaux et les pures-players. « L’architecture de distribution et d’accompagnement construite par les établissements bancaires participe à la confiance des épargnants en garantissant un accès à cette offre étendue pour tout type de client, de façon techniquement fiable, encadré réglementairement et pédagogique, écrit-elle. Le rapport observe d’ailleurs que le niveau des frais est en général proportionné à celui des performances espérées par type de placement financier, assurant une mutualisation utile au service de chacun. »

Agéa affirme même que « les frais n’ont pas d’impact sur la performance » et que les « agents généraux ne touchent pas de rétrocessions sur ces frais », en faisant référence aux frais d’entrée de moins en moins facturés par les assureurs.

L’Opef rappelle à bon droit qu’il n’existe « aucune corrélation systématique » entre frais et performance. Si l’avertissement paraît faire figure de palissade pour les professionnels, le rappelle sera peut-être utile à certains assureurs qui, lors de la chasse annuelle aux unités de compte trop chères (dans le cadre de la politique de l’ACPR « Value for money ») oublient parfois de rapporter l’un à l’autre.