03012025

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Marché

Les néobanques progressent vers leur point mort


vitesse supérieur levier voitureAlors que les levées de fonds se font vaches maigres et que les nouveaux projets sont moins nombreux, les acteurs installés cherchent à conforter leur position… et leur assise financière.

 

 

 

 

 

Swoon, Orange Bank, Ma French Bank… Alors que les annonces de faillites des nouveaux acteurs bancaires qui se multiplient pourraient laisser planer des doutes sur la viabilité du modèle, l’écosystème serait en réalité proche du seuil de rentabilité, selon un rapport du consultant Syrtals Cards. « La plupart des acteurs multiplient les efforts et prouesses pour ne plus être loin du compte en termes de chiffre d’affaires et surtout de profitabilité », affirme la « saison 8 » de l’étude sur les néobanques.

Vers la maturité

La phase d’épurement est, comme pour tout écosystème, le préalable à celle de la maturité. Le nombre de nouveaux entrants se resserre depuis deux ans, marquant la fin de « l’insouciance » au profit du « principe de réalité », certains projets passés relevant de « l’impréparation évidente ». Les raisons aux échecs en cascade sont multiples : « avances et parades de leurs prédécesseurs, différenciation ou moyens insuffisants, précarité du business model, projections trop optimistes face à un marché moins vaste et atteignable qu’escompté… »
Les levées de fonds sur lesquelles s’appuyaient les acteurs pour repousser l’échéance de la rentabilité se raréfient également. Selon CB Insights, après une forte baisse de 45% entre le troisième trimestre 2022 et le troisième trimestre 2023, elles se sont contractées de 25 % sur les neufs premiers mois de 2024 comparé à l’année précédente (7,3 Md$ lors du 3ème trimestre 2024 contre 7,9 milliards Md$ en 2023).

Fin des survalorisations ?

Le club très fermé des licornes bancaires (qui dépasse le milliard de dollars de valorisation) compte aujourd’hui une trentaine de membres, dont le trio de tête est formé par Revolut (45 Md$), Chime (25 Md$) et N26 (9m$). Syrtals Cards considère cependant certaines valorisations, reliquats de périodes d’euphorie passées, excessives au vu des résultats. Le canadien Neo Financial, par exemple, a levé 112 Md$ en novembre 2024 pour une valeur quatre fois inférieure au round précédent, le sortant de la caste des licornes.

Ces remarques faites, « Les perspectives de la banque numérique restent radieuses à la faveur de la conjonction persistante de plusieurs facteurs, dont l’appétence ininterrompue de l’ensemble de la population pour les avantages des services financiers online et mobiles (praticité, simplicité, disponibilité, ubiquité, rapidité...) », indique Syrtals Cards. Les acteurs les plus solides, après avoir ciblé dans un premier temps les segments mal servis ou délaissés, montent en gamme progressivement en élargissant leur gamme de services.

En quête de diversification

Internationalisation, solutions d’investissement, bourse en ligne, compte enfant, plateforme assurantielle, dépôt d’espèces, forfait mobile… Les innovations sont nombreuses et le business model ne repose pas que sur l’augmentation du nombre de clients actifs. « Les plus hardis ne cessent d’étoffer leur offre de produits et services, pénétrer d’autres territoires, glaner des licences auprès des instances de réglementation, acheter des rivaux ou des sociétés ayant des activités complémentaires, multiplier des partenariats permettant d’élargir leur rayon d’action, tout en songeant à leur prochaine levée de fonds », écrit le cabinet de consulting.

Plusieurs néobanques comptent aussi sur leur introduction en bourse (IPO) dans les deux ans à venir, dont Revolut, Monzo, Zopa, Chime, N26 ou Toss Bank.

Syrtal Cards

Source : Syrtals Cards

L’empire contre-attaque

Pour autant, les acteurs financiers traditionnels résistent en s’appuyant sur leur modèle hybride (agence / en ligne) pour contre-attaquer. L’érosion tant annoncée du modèle bancaire traditionnel devra encore attendre : un sondage commandé par Finance Innovation d’avril 2024 montre que 91 % des clients sont satisfaits de leurs banques et 76 % d’entre eux se sont rendus à leur agence au moins une fois lors des 12 derniers mois.

Au global, l’industrie bancaire sort de deux années profitables. Selon un rapport de McKinsey d’octobre 2024, 7 000 Md$ de revenus ont été générés en 2023, pour 1 100 Md$ de bénéfices nets. L’intelligence artificielle pourrait augmenter ces derniers de 9 % d’ici 2028.