21112024

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Réforme des retraites : l’âge de départ masque les vrais enjeux

retraite active

Pendant la campagne présidentielle, candidats et médias n’ont abordé la réforme des retraites que sous l’angle de l’âge de départ. Une approche en trompe-l’œil qui masque les vrais enjeux : les pensions progressent moins vite que l’inflation depuis 20 ans, et restent très insuffisantes pour couvrir les besoins en revenus des dirigeants, cadres supérieurs et professions libérales.

Prendrons-nous notre retraite demain à 62, 64 ou 65 ans ? Peut-on même espérer qu’elle soit avancée à 60 ans ? Ces questions mille fois posées pendant la campagne présidentielle n’ont fait qu’effleurer le fond du problème.

On peut comprendre qu’un ouvrier qui a débuté sa vie active à 17 ans ou qu’un col blanc épuisé par le stress rêve de s’arrêter au plus tôt. Mais ces situations liées aux conditions de travail se télescopent avec les enjeux du système de retraite, jusqu’à les flouter complètement.

Des points retraite de plus en plus chers qui ne suivent pas l’inflation

Un système de retraite a pour fonction de subvenir aux besoins des actifs qui ne travaillent plus. Et sur ce volet, en 2022, le système français est à bout de souffle. Car les salariés paient de plus en plus cher des points qui ne suivent plus l’inflation. Un exemple, le point Agirc-Arrco : sa valeur d’achat pour les actifs a bondi de 45% depuis 2002, sa valeur servie aux retraités de 23% seulement. L’inflation sur la même période ? 30%.

Agirc-Arrco n’est pas une exception : toutes les caisses de retraite ont pratiqué ces indexations qui plombent le pouvoir d’achat, mais sont assez techniques pour passer inaperçues et éviter des mouvements sociaux de grande ampleur.

Mais il n’est plus possible de verser des pensions toujours plus maigres. À quoi bon être à la retraite si on ne peut pas boucler ses fins de mois ?

Reculer l’âge de départ pour revaloriser les pensions

Or, la situation financière des caisses s’améliore grâce au recul du taux de chômage, passé de 10% en 2015 à 7,4% fin 2021. Le Conseil d’orientation des retraites annonce un retour à l’équilibre vers 2030. Notre système peut donc revenir à sa finalité première : donner à chacun les moyens de vivre décemment.

Emmanuel Macron a évoqué une pension minimale à 1 100 euros pour une carrière complète, soit 22% de mieux qu’aujourd’hui. Quant aux règles de revalorisation des points retraite appliquées à tous, elles devraient devenir plus favorables.

Mais cette double ambition implique de nouvelles recettes. Comme le scénario d’une hausse des cotisations fait figure de tabou, il reste deux leviers : un âge de départ plus tardif et son corollaire, un nombre de trimestres plus élevé pour toucher le taux plein.

Pour les revenus modestes, la retraite sera différée, mais mieux financée. Ce n’est pas incompatible avec la prise en compte de la pénibilité : Emmanuel Macron a annoncé des mesures dans ce domaine, sans les préciser pour l’instant.

Hauts revenus : l’effort d’épargne personnel reste indispensable

À l’inverse, la situation des cadres supérieurs, dirigeants et professions libérales changera peu. Leurs régimes de retraite tout confondus leur versent au mieux 35 à 40% de leur dernière rémunération et ce ratio ne s’améliorera pas. Par ailleurs, beaucoup travaillaient déjà au-delà des 62 ans, par choix ou en raison d’études longues.

Notons que la réforme leur réserve une bonne surprise en matière de cumul emploi – retraite : les cotisations prélevées sur leurs salaires et honoraires produiront enfin des droits supplémentaires, donc une pension plus élevée à l’arrêt définitif d’activité.

Mais ce sympathique bonus ne suffira pas à combler une perte de pouvoir d’achat de 60 à 65%. Les professions à hauts revenus doivent plus que jamais épargner, dès leurs 50 ans voire avant, pour disposer le moment venu de ressources complémentaires.

Les placements à cibler ? Bourse, immobilier locatif, SCPI, Plan d’épargne-retraite (PER)… De plus, cet effort d’épargne doit s’organiser autour d’une stratégie à long terme, de choix de produits avisés et d’une diversification bien dosée : rien de plus dangereux, quand on prépare sa retraite, que de mettre tous ses œufs dans le même panier.

 Alain Ulmer, Partner & Expert Prévoyance et Retraite Olifan Group