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[Tribune] Acheter un château : une défiscalisation affective
- Jeudi 15 mai 2025 - 17:35
- | Par Pierre-Emmanuel Chadefaux, fondateur de Prosper
En cette période de déclaration de revenus force est de constater que les options d’optimisation fiscale se raréfient. Pourtant, il subsiste un levier liant passion et optimisation : l’investissement en monument historique. Mais au-delà du traditionnel modèle connu d’investissement locatif, il existe bel et bien un autre moyen de défiscaliser en par ce biais, en liant l’utile à l’agréable.
La France compte 46 000 monuments historiques répartis sur ses 35 000 communes et c’est bien ce qui fait l’âme de notre pays. Ne pouvant assurer seule l’entretien de ces biens, l’Etat en délègue alors pour un certain nombre la gestion et l’entretien, recourant aux impôts pour permettre aux investisseurs de vivre la vie de château.
Déduction sans plafonnement
Alors que s’ouvre la période cruciale de déclaration des revenus, nombreux sont les contribuables à hauts revenus qui cherchent des solutions efficaces, pérennes et valorisantes pour réduire leur fiscalité. Parmi les dispositifs existants, le régime fiscal des monuments historiques demeure l’un des plus puissants, des plus méconnus, mais aussi des plus vertueux.
Il permet à tout contribuable fiscalement domicilié en France d’investir dans un bien classé ou inscrit à l’Inventaire des monuments historiques, et de déduire de son revenu global 100 % des travaux de restauration, des charges d’entretien, des intérêts d’emprunt et même de certains frais de gestion. Le tout, sans plafonnement de niches fiscales.
Autrement dit, là où la loi Pinel ou le dispositif Denormandie sont plafonnés à 10 000 € de réduction annuelle, le régime Monuments historiques permet une déduction illimitée, à condition de respecter les prescriptions architecturales et de conserver le bien au moins 15 ans. Ce n’est pas une réduction d’impôt, c’est une diminution directe du revenu imposable - avec des effets spectaculaires pour les foyers imposés à la tranche marginale haute (41 % ou 45 %).
Un château pour l’été
Ce dispositif, souvent associé à la location ou à la gestion patrimoniale, est aussi parfaitement adapté à ceux qui souhaitent faire d’un monument historique leur résidence secondaire. C’est là une opportunité rare : pouvoir conjuguer plaisir, patrimoine et fiscalité. En rénovant un château, un manoir ou une belle demeure classée pour y passer les vacances en famille, l’investisseur bénéficie d’un cadre de vie exceptionnel, tout en déduisant l’ensemble des charges d’entretien et des travaux. Peu de placements offrent une telle double performance : affective et fiscale.
Dans un contexte où l’administration fiscale restreint progressivement les leviers de défiscalisation, le régime Monuments Historiques reste l’un des derniers bastions réellement efficaces pour réduire l’impôt sur le revenu de façon légitime et encadrée. C’est un outil rare, et c’est justement pourquoi il est réservé à des projets exigeants : il ne s’agit pas d’un placement passif, mais d’un engagement dans la sauvegarde du patrimoine. Avec ses avantages et ses contraintes.
Revitalisation des territoires
Car au-delà de l’intérêt fiscal, il y a un impact réel sur l’économie locale. Restaurer un monument, c’est faire travailler des artisans spécialisés, faire revivre des territoires souvent ruraux, et donner une seconde vie à des édifices parfois menacés. C’est aussi inscrire son patrimoine dans une logique de transmission et de valorisation durable, bien au-delà des effets court-termistes de certains produits financiers.
En somme, investir dans un monument historique aujourd’hui, c’est réduire son impôt intelligemment, diversifier son patrimoine de manière tangible, et donner du sens à son investissement.