Marché
Assurance vie : la collecte est toujours poussive sur le non coté
- Vendredi 25 avril 2025 - 10:59
- | Par Jonathan Blondelet
La pierre papier ne dépasse pas 2 % de la collecte en unités de compte au 1er trimestre 2025, selon les chiffres de l’Observatoire Nortia. Les produits structurés caracolent en tête des souscriptions.
L’un attend son retour en grâce, l’autre sa démocratisation. L’immobilier comme le capital-investissement peinent encore à se faire une place dans la collecte du 1er trimestre 2025 de l’Observatoire Nortia, avoisinant 250 M€.
« Les CGP diversifient leurs allocations en termes de secteurs d’activité comme de zones géographiques pour contrer une volatilité accrue », expose Nicolas Lemaire, responsable des partenariats.
Traversée du désert
Ce mouvement n’a pourtant pas bénéficié à la pierre-papier, autrefois considéré comme le placement « bon père de famille », qui ne représente que 1,8 % des flux captés sur les unités de compte (UC) par les 2 800 CGP partenaires. Et ce, malgré la sixième baisse de taux consécutive de la Banque centrale européenne (BCE). Un chiffre qui s’inscrit dans la droite lignée des précédents trimestres, avec une baisse continue depuis six mois.
« La classe d’actifs vit toujours sa traversée du désert, constate Philippe Parguey, directeur général de Nortia. Les CGP gèrent le stock historique et réalisent des arbitrages vers des fonds monétaires. »
Des résultats qui paraissent à première vue
contradictoires avec les données de l’Aspim, qui faisait état d’un rebond de la collecte nette au 4e trimestre 2024 de 24 % (1,3 Md€). Cette progression s’est en réalité produite sur les souscriptions en direct.
D’autant plus que les assureurs se font plus restrictifs à l’égard des SCPI sans frais d’entrée, entravant le mouvement de déport des épargnants sur ces véhicules. Les deux plus gros collecteurs en assurance vie - Remake Live et Iroko Zen - se positionnent dans cette catégorie.
Produits structurés en tête
Sur le non coté plus globalement, le mouvement de démocratisation prophétisé par certains gérants grâce à la loi Industrie verte ne se constate pas pour le moment. La collecte est epsilonesque, au point que Nortia ne comptabilise que les supports immobiliers.
Concernant les autres classes d’actifs, les produits structurés tirent leur épingle du jeu et raflent près d’un tiers de la collecte en assurance vie (+4,2 points) au 1er trimestre 2025. Les produits à capital garanti, présents dans 60 % des UC proposant des produits structurés, ont gagné les faveurs du public, même si leur part dans la collecte n’atteint pas celle du 1er trimestre 2024 (48,8 %). Le plus souvent, le sous-jacent est basé sur le taux CMS 10 ans.
Les actions refluent légèrement (15,5 %), les CGP se repositionnant après avoir tiré parti du « Trump trade » ou avoir subi les « tariffs ».
ETF en peine
Les ETF les intéressent toujours aussi peu, puisqu’ils ne représentent que 7 % de la poche actions. « Nous avons eu beaucoup de demandes pour un ETF positionné sur les valeurs de la défense », nuance Nicolas Lemaire.
Les fonds obligataires passent de la deuxième à la troisième position, avec 15,1 % des parts d’UC. Les fonds datés, qui ont connu un pic d’engouement, sont en recul au sein de la classe d’actifs, et représentent 42 % de sa collecte.
Moins séduisants également, les fonds monétaires, dont la part dans la collecte baisse de 18 points sur une année glissante (11,5 % au 1er trimestre 2025), en lien avec la baisse des taux.
Retour des fonds flexibles diversifiés
Les fonds diversifiés et les fonds de gestion alternative arrivent juste derrière, attirant respectivement 9,7 % et 8,3 % de la collecte en UC. « On constate un retour de l’intérêt pour les fonds flexibles diversifiés, où chaque poche est travaillée séparément, même si nous sommes encore loin des niveaux de 2018 », indique Nicolas Lemaire.
La répartition de la collecte entre fonds en euros et UC se rééquilibre à 49/51, même s’il s’agit encore d’un niveau historiquement élevé pour les CGP, plutôt habitués à du 40/60. Il ne s’agit pas seulement d’une appétence plus prononcée pour les actifs risqués, mais aussi d’un retour des contraintes en UC pour la bonification des fonds en euros. Le retour sur investissement s’avère souvent juteux : La Mondiale, par exemple, proposait en 2024 une bonification jusqu’à 1,75 %.