22112024

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Les banques centrales et le secteur privé se penchent sur la tokenisation des paiements transfrontières


token jeton cryptoS’appuyant sur le concept de registre unifié, le projet Agorá veut effacer les contraintes techniques et réglementaires de ce type d’opération. Un appel à candidature va être lancé auprès des institutions financières privées qui souhaitent contribuer à la démarche.

 

 

 

  

La banque des règlements internationaux (BRI), la Banque de France (représentant l’Eurosystème), la Banque du Japon, la Banque de Corée, la Banque du Mexique, la Banque nationale suisse, la Banque d'Angleterre et la Réserve fédérale de New York vont explorer l’intérêt de la tokenisation dans l’amélioration du fonctionnement du système monétaire.

Elles ont annoncé le 3 avril un partenariat avec des sociétés financières privées coordonnées par l’Institut de la finance internationale (IIF) visant à explorer l’apport de la tokenisation pour les paiements transfrontières. Son nom : le projet Agorá, ou « place de marché » en grec ancien.

Un appel à candidature va être lancé auprès des institutions financières privées intéressées par la BRI dans les sept zones monétaires qui participent au projet.

« Le projet Agorá s'appuie sur le concept de registre unifié (unified ledger) développé par la BRI et étudiera la manière dont les tokens de monnaie de banque commerciale peuvent efficacement s’intégrer aux tokens de monnaie de banque centrale de gros, dans une infrastructure numérique publique-privée et programmable, a développé la Banque de France dans un communiqué. Cela pourrait permettre d’améliorer le fonctionnement du système monétaire et de fournir de nouvelles solutions en recourant à la programmabilité via les smart contracts, tout en conservant la structure à deux étages de ce système monétaire. »

Cette tokenisation des paiements vise en premier lieu à alléger les opérations. Les contrôles préalables au paiement, notamment ceux liés à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LCB-FT), peuvent en effet se démultiplier en fonction du nombre d’intermédiaires impliqués. L’intérêt de la tokenisation est de combiner « la fonction d'enregistrement d'une base de données traditionnelle avec les règles et la logique qui régissent les transferts », a expliqué Hyun Song Shin, directeur de recherche à la BRI. Pour aboutir, le projet devra surmonter les différences réglementaires, techniques et de fuseaux horaires entre les différents pays impliqués.

« Aujourd'hui, de nombreux systèmes de paiement, registres comptables et bases de données requièrent d'autres systèmes complexes pour intégrer l’ensemble, a précisé Cecilia Skingsley, responsable du centre d'innovation de la BRI. Dans le projet Agorá, nous souhaitons explorer une nouvelle infrastructure de paiement commune qui pourrait rassembler tous ces éléments et permettre au système de fonctionner plus efficacement sur une infrastructure financière numérique »

Le registre unifié que développe actuellement la BRI vise à regrouper monnaies numériques de banque centrale (CBDC), dépôts de tokens et systèmes de paiement rapide. Dans son rapport économique annuel de 2002, la BRI mettait en avant la programmabilité des CBDC comme instrument de contrôle de la dépense.

Lors d’un événement sur les CBDC en octobre 2022, le directeur général adjoint du FMI Bo Li s’est étendu sur leur utilisation potentielle par les institutions financières ou étatiques : « Les CBDC peuvent permettre aux agences gouvernementales et au secteur privé de prévoir leur utilisation grâce à des smarts contracts, par exemple pour le paiement de l’aide sociale ou des coupons de consommation. Cette monnaie peut être ciblée sur un type de personne et prévoir la façon dont elle doit être utilisée. »

En Europe, le projet d’euro numérique avance. La BCE a lancé un appel à projet, avec un budget envisagé qui dépasse le milliard d’euro, pour imaginer les infrastructures nécessaires à son déploiement.