Le commerce du vent
Tous les quatre ans, la production de bitcoins réduit de moitié, c'est le phénomène de halving dont le dernier date du 19 avril. Dans l’esprit des créateurs, ce mécanisme de réduction automatique doit contrôler l’inflation liée à l’introduction de nouveaux bitcoins, tout en répondant à la demande nouvelle. Pourtant, provoquer la rareté et le contrôle de l’inflation peut sembler antinomique et à la vue de l’effervescence qui règne autour des cryptomonnaies : cette simple division a tout lieu de multiplier le prix de cet actif numérique.
Du côté des valeurs boursières – plus réelles – les sept fantastiques dopées à l’intelligence artificielle font toujours la pluie et le beau temps outre- Atlantique.
Ce n’est pas sans rappeler que la première bulle boursière spéculative de l’histoire est apparue aux Pays-Bas au cours du XVIIe siècle avec pour coupable... un simple oignon de tulipe ! Un seul bulbe de tulipe coûtait aussi cher qu’une maison ! Le marché devenant de plus en plus spéculatif, les marchands ont commencé à négocier avec des contrats écrits pour la récolte de l'année suivante. Les prix étaient tels que pendant les négociations, les fleurs pouvaient changer de propriétaire à dix reprises.
Pourquoi ? Non plus pour les fleurs elles-mêmes, mais pour les bénéfices que leur revente promettait. L’émergence de « billets à effet » a rendu possible l’achat de bulbes encore en terre. Cette innovation a fait naître un marché ouvert toute l’année et a participé à l’emballement de la place. Ces effets de commerce sont échangés plusieurs fois par jour pour un prix toujours plus important. En février 1637, c’est le krach, la chaise vide du côté des enchérisseurs. Un prix trop élevé les a découragés et/ou les plus expérimentés ont pressenti le danger de ce commerce spéculatif. En 1688, l’écrivain Jean de la Bruyère ne décrit pas ce krach comme un phénomène économique de masse, mais plutôt comme une mode qui fait des victimes chez les fous.
Les bulbes de tulipes sont un rappel des conséquences d'une prise de risque excessive. Mais faut-il les relier à l’euphorie boursière de ces derniers mois ? Ce serait trop simpliste. Mais certains traits comme une confiance excessive des investisseurs dans le potentiel d’un produit ou d’une entreprise, ainsi que la croissance rapide de certains prix de biens de consommation peuvent être des prémices à certaines corrections.
Le gouvernement hollandais de l’époque avait qualifié cette crise de « commerce du vent ». Les conseillers comme les épargnants ne doivent pas oublier ces fondamentaux. Vous trouverez dans ce magazine, à la rubrique « Expertises », une analyse des marchés boursiers réalisée par Stéphanie de Carné.