Escrocs
L'AMF recevait dernièrement la presse pour présenter ses voeux. L’occasion de détailler ses priorités d’action pour 2023. L’occasion, aussi, pour la nouvelle patronne du régulateur français, Marie-Anne Barbat-Layani, d’affirmer les inflexions qu’elle compte mettre en oeuvre. Présentation très attendue après les critiques émises par certains lui reprochant son passé à la tête du lobby bancaire.
Force est de constater que cette brillante énarque a opté pour la continuité. Avec, pourtant, la manifeste intention de traquer de façon encore plus intensive que par le passé les arnaques et fraudeurs en tous genres. Il faut dire que cette population n’est pas en manque d’initiatives multiples et variées, imaginant des ruses toujours plus machiavéliques.
Elle s’est ainsi félicitée de la sévérité avec laquelle le gendarme de la Bourse avait sanctionné H2O, lequel vient en effet de subir une amende record.
Elle s’est également arrêtée assez longuement sur le sort fait aux PSAN, ces plateformes de prestations de services numériques, qui doivent recevoir l’adoubement de l’AMF pour pouvoir intervenir sur le sol français. A ce jour, 50 établissements ont été enregistrés. Mais aucun, en revanche, n’est agrée. La preuve que le régulateur aborde avec force mesure les cryptoactifs. Et surtout qu’aucun n’a réussi à satisfaire les prérequis pour obtenir le fameux sésame. L’énorme scandale FTX est venu démontrer à quel point ces plateformes peuvent réserver de mauvaises surprises, avec des révélations qui font froid dans le dos. Premier enseignement : la malhonnêteté n’est manifestement pas l’apanage de l’âge, la génération Y s’y montre tout aussi talentueuse ! Deuxième enseignement, ces structures sont indéniablement mal encadrées profitant de vides juridiques abyssaux.
L’AMF, comme l’a assuré Marie-Anne Barbat-Layani, se dit prête à mieux accompagner les candidats. Info, intox ? Elle regarde en tout cas, avec un oeil bienveillant l’initiative parlementaire de rendre obligatoire l’agrément de ces plateformes en France. Il était temps, pourrait-on dire. Car années après années, le gendarme de la Bourse, par la voie de sa médiatrice, répète à l’envi que le plus grand nombre de plaintes émane de particuliers s’étant fait escroquer par des offres de cryptomonnaies. L’Europe s’est d’ailleurs déjà saisie du sujet avec l’émergence de Mica (Markets in Crypto-Assets), l’an passé.
Ces initiatives sont-elles suffisantes pour éviter d’autres FTX ? Sans doute pas, car s’il y a parmi ces protagonistes de bons élèves, combien de mauvais ? Si les plus vertueux acceptent de se mettre sous la coupe de l’AMF, il en existe bien d’autres, localisés dans les îles les plus exotiques et sans scrupules. Alors souhaitons bon courage à Marie-Anne Barbat-Layani qui n’en a pas fini de courir après les escrocs. Mais est-ce bien nouveau ?