Fuite en avant
« Dans les prochaines semaines, vient de déclarer le jeune ministre du budget, Gabriel Attal, nous franchirons le seuil de 3 000 milliards d’euros de dette. Cette année, la charge de la dette nous coûte 18 milliards de plus que prévu. C’est deux fois le budget de la Justice. En 2023, la dette nous coûtera 51,7 milliards d’euros » (JDD 25 sept.). Le projet de loi de finances qu’il vient de présenter avec Bruno Le Maire, ministre de l’Économie (ce terme « économie » ne s’entendant résolument pas dans le même sens que celui des épargnants) achète la paix sociale à coup de milliards au nom de la « protection des Français ». Pourquoi se gêner puisque l’électorat s’en fout complètement de ces 3 000 milliards et même la plupart des parlementaires en redemandent ! Le gouvernement fait le pari procrastinateur qu’on aura plus tard des temps meilleurs pour assumer cet Himalaya de dettes. Après tout, certains, comme Eric Monnet, désigné « meilleur jeune économiste 2022 », et interviewé par Les Echos le 25 septembre dernier, suggèrent que les plus grandes fortunes de France sont là en cas de besoin… Une dérive endémique qui n’empêche nullement le gouvernement de prévoir 10 764 recrutements de fonctionnaires en 2023 (surtout à l’Intérieur, à la Justice et pour l’armée).
C'est, bien sûr, sans compter les dettes des administrations de sécurité sociale (300,2 milliards d’euros), des administrations publiques locales (245,1 milliards d’euros), des divers organismes d’administration centrale (62,8 milliards d’euros), des entreprises publiques, du dispositif hors bilan pour les retraites des fonctionnaires, notamment des régimes spéciaux… A la fin du deuxième trimestre 2017, lors de la première élection du chef de l’État, la dette de l’État s’élevait à 2 231,7 milliards d’euros (99,2 % du PIB). A la fin de cette année, elle aura augmenté de 34,4 % à près de 120 % du PIB. C’est 12 années de recettes fiscales nettes ! Au moment où la Banque de France resserre dangereusement les vannes du crédit immobilier aux Français désireux de se loger, en imposant des restrictions surréalistes, ne serait-il pas temps que la Cour des comptes tape du poing sur la table devant ce projet de loi de finances qui promet des lendemains usuraires aux futures générations ?
C’est tout de même curieux cette façon de gouverner consistant à faire payer à nos enfants nos dettes de santé, le « quoiqu’il en coûte », « le bouclier énergétique » (16 milliards d’euros selon Bruno Le Maire pour 2023) et nos déficits publics récurrents (pour 2023 le déficit équivaut à presque la moitié des recettes) ! Autant d’impôts et de cotisations sociales que nos descendants devront assumer demain à défaut de réformes structurelles maintenant sur le niveau des dépenses publiques. Est-ce à eux de supporter les conséquences du choc sanitaire, de l’inflation, de la guerre en Ukraine, de la crise énergétique… ?
Finalement Ponzi a bien plus d’influence que Keynes sur nos gouvernants…?