Crypto
L’Association pour le développement des actifs numériques et KPMG ont présenté en février dernier, à Bercy, en présence du Secrétaire d'Etat en charge de la Transition numérique, un sondage réalisé par l’institut de sondage Ipsos auprès de 2 000 Français majeurs dits représentatifs. Le résultat ne manque pas de surprendre : 8 % d’entre eux déclarent avoir déjà investi en cryptomonnaies ! Sur 51,7 millions de Français majeurs, cela signifie qu’un peu plus de 4 millions de Français ont misé sur cet actif. Quand on dit que les Français n’aiment pas le risque, de qui parle-t-on ?
30 % des sondés envisagent même d’investir en cryptomonnaies cette année ! Ce qui est frappant c’est que cette proportion de crypto-spéculateurs est supérieure à celle des investisseurs en actions d’entreprises cotées en bourse (6,7 % d’après le dernier décompte de l’AMF, en mai 2021). Comment expliquer que les Français soient ainsi plus attirés par les cryptos que par des prises de participation dans les entreprises ?
Sans surprise, ce sont les jeunes qui sont emballés : 12 % des moins de 35 ans se sont déjà risqués sur ces nouveaux « tuyaux » pour s’enrichir. On s’en doute car la nouvelle génération a des sources d’information – qui sont parfois autant de canaux de manipulations par d’innombrables influenceurs rétribués en sous-mains par des aigrefins – très différentes de « la banque à papa », arc-boutée sur des solutions de « placement à deux sous » * ! Les jeunes ont l’impression que les conseillers habituels ont un train de retard.
Quand on interroge son conseiller, « il commence – commente mon fils – par vous casser les pieds avec de la paperasse ». On vous demande si vous avez bien toute votre tête en cherchant à ouvrir un PEA parce que, selon les autori- tés, acheter des actions « c’est limite irresponsable » (je cite toujours). Et puis « c’est l’inquisition sur l’origine de l’argent ». Avec les crypto, rien de tout cela, « c’est la liberté » !
Comprennent-ils où ils mettent les pieds ? Pas sûr. Mais c’est plus ludique que des cours de bourse dont les variations, du moins à court terme, ne sont guère plus rationnelles. Selon ce sondage, 76 % des investisseurs en cryptos déclarent consacrer moins de 10 % de leur épargne à jouer sur les crypto.
Que la nouvelle génération – on ne parle toutefois que de 12 % pour l’instant – ait envie d’aventures financières, je trouve cela plutôt sympathique ! Qu’elle rêve de start-up, de licornes, de bitcoins, de NFT... c’est bon signe dans notre pays qu’on dit « vieux ». Il y a exactement dix ans, en mars 2012, Ipsos publiait un sondage selon lequel 73 % des 15 à 30 ans déclaraient rêver devenir fonc- tionnaire pour la sécurité de l’emploi. Autre temps autre rêve.
* Il est curieux que les Conseillers en Investissement Financier (CIF) ne soient pas autorisés par l’AMF à conseiller sur ce type d'actifs.