Nul en math
L’enquête internationale sur le niveau des élèves en mathématiques, publiée mi-décembre par l’IEA (International Association for the Evaluation of Educational Achievement), est « inquiétante » – c’est l’adjectif utilisé par le ministre de l’éducation nationale – en ce qui concerne les jeunes Français. En 2019, seuls 2 % atteignent le niveau dit « avancé » en mathématiques contre 6 % en 1995. Ce taux est de 11 % dans les pays de l'Union européenne comme de l'OCDE, alors qu’il atteint 50 % à Singapour ou en Corée du Sud. On est les derniers de la classe près du radia- teur bien au chaud de notre système d’assistanat.
Nos jeunes ne savent pas compter. Après tout, il vaut peut-être mieux qu'ils n’aient pas conscience du désastre qui attend leur génération à la vue des déficits et dettes qu’accumulent l’Etat et les organes qui en dépendent, à commencer par la Sécurité sociale.
Les épargnants non plus ne savent pas compter. Régulièrement l’AMF et la Banque de France déplorent le niveau catastrophique de leurs capacités. Selon un sondage qu’elles ont fait réaliser en juin 2018, à la question basique « vous déposez 100 € sur un livret d’épargne rémunéré à 2 %, combien aurez- vous au bout d’un an », seulement 56 % des personnes interrogées donnent la bonne réponse.
Les professionnels et les journalistes chargés d’informer le public ne font pas toujours mieux. Régulièrement on voit des sociétés de gestion annoncer la performance de leur SCPI en additionnant le rendement et la valorisation de la part ! Même l’association professionnelle des gestionnaires, l’Aspim, cède dans sa communication à cette incongruité flatteuse. Autre ineptie courante, celle qui consiste à calculer un rendement locatif en se référant au prix d’ac- quisition du bien. Cela n’a évidemment aucun sens comme chacun sait de rapporter un flux actuel de loyers à une valeur historique.
Quant à la notion de taux de rendement interne (TRI), seule jauge pour appré- cier une performance, rares sont les épargnants qui le comprennent. L’approximation et la promesse leur suffisent souvent. Il est d’ailleurs intéressant de relever la discordance fréquente entre la performance affichée par une société qui lance un nouveau produit et le scénario intermédiaire présenté par le DICI si l’on prend la peine de calculer le TRI qui en ressort net de frais.
Autre exemple relevé dans l’annonce récente faite par une société de gestion cotée en Bourse. Dans son communiqué celle-ci présente un résultat net semestriel négatif de -2,8 M€ versus -10,5 M€ douze mois avant, soit selon elle « +73 % » !
Tout cela n’empêche pas notre pays d’être presque à égalité avec les américains, en nombre de médailles Fields, les champions du monde de la recherche mathématique ! Bonne année cher lecteur. Si le 21 suit le 20, puisse 2021 ne pas suivre la tendance 2020 !