28032024

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Affaire Maranatha : quel sort pour les fameux Hôtels du Roy ?

Le 24 novembre, le tribunal de commerce de Paris, en référé, a débouté Maranatha par une ordonnance rendue sur requête en faveur de la réalisation du gage sur les Hôtels du Roy par le fonds Cale Street. Explications.

En avril 2015, Maranatha avait soufflé à plusieurs concurrents le rachat des six hôtels de luxe de l'enseigne Hôtels du Roy (le California près des Champs-Élysées (photo), le Pont-Royal à Saint-Germain-des-Prés, l'hôtel La Pérouse à Nice...). Un fonds souverain koweïtien, Cale Street Partners, contre rémunération de 6 %, avait apporté 262 M€, le solde, pour arriver aux 360 M€ de l'opération, incombant aux investisseurs privés sollicités par Maranatha.

Cet emprunt obligataire arrivait à échéance en 2016. Par avenant, Cale Street a accepté un nouveau délai. Une clause de déchéance du terme imposait le transfert du gage en cas de non-remboursement. Maranatha s'étant mis en défaut, Cale Street a demandé à activer la déchéance du terme et la saisie des titres nantis de Gerpro, la maison-mère des Hôtels du Roy.

Le 24 novembre dernier, le tribunal de commerce de Paris, en référé, a débouté Maranatha par une ordonnance rendue sur requête en faveur de la réalisation du gage sur les Hôtels du Roy par Cale Street. Ainsi, le juge des référés a autorisé Cale Street à récupérer les titres donnés en garantie. Ceci signifie que ce fonds a vocation à être maintenant propriétaire des Hôtels du Roy. Cela explique pourquoi ces hôtels sont restés en dehors de la procédure de redressement. Le tribunal de commerce de Marseille a indiqué, d'ailleurs, que la procédure de redressement judiciaire n'affectait pas les droits de Cale Street exercés avant le jugement d'ouverture.

Interrogé à ce sujet, Olivier Carvin, président de Maranatha, nous indique que « il s'agit d'une décision d'un référé, le traitement au fond en première instance n'interviendra que le 20 décembre prochain ». Selon lui, « la période présente est celle du délai d'appel et une réflexion est en train d'être conduite avec l'administrateur judiciaire et l'avocat de Maranatha ». Quant à l'avocat Philip Pechayre en charge de défendre les investisseurs réunis au sein de la CODDIMA, il nous indique que « la situation avec les Hôtels du Roy saisissables désormais par Cale Street va nous amener à discuter directement avec ce fonds, puisque la probabilité est forte désormais que ces hôtels sortent du périmètre du groupe ! Nous ne laisserons pas d'autres se charger de négocier les intérêts des investisseurs de ces hôtels, potentiellement "hors procédure" collective ».

A terme, si le juge du fond confirme cette décision rendue en référé, les experts vont sans doute devoir évaluer ces hôtels. Sur une base optimiste de 360 M€, Cale Street récupérerait 285 M€ environ (la dette plus les intérêts) et il resterait 75 M€ pour les investisseurs qui ont investi 100 € en tout. Soit une perte moyenne qui pourrait être alors de 25 %. Selon nos informations, certains hôtels doivent être remis à niveau pour être mis sur le marché (35 M€ de travaux, selon un spécialiste consulté), ce qui aggraverait la moins-value des investisseurs.
L'affaire suit son cours, sachant que des recours sont possibles pour Maranatha.

Jean-Denis Errard

Lire aussi sur gestiondefortune.com : 

>> L'interview de Olivier Carvin : « Je ne suis pas un Madoff » (28 novembre 2017)

>> L'interview de Philip Pechayre, avocat du collectif CODDIMA (27 novembre 2017)

>> La création de l'association ADEFIMA (21 novembre 2017)

>> Une précédente interview d'Olivier Carvin suite à la mise en garde de l'AMF en août 2017 (30 août 2017)