Immobilier

Coronavirus : l’immobilier de luxe est-il impacté par la crise ?

Selon Xerfi, en France, l’immobilier de luxe tire son épingle du jeu face à la crise sanitaire. Mais, après un chiffre d’affaires estimé en hausse de +2% en 2020, les années 2021 et 2022 devraient être plus moroses.

L’immobilier de luxe échappe à la crise… pour l’instant. En effet, Vincent Desruelles, auteur de l'étude du cabinet Xerfi intitulée « Immobilier de luxe : vers un essoufflement à l’horizon 2022 ? », a décortiqué ce marché très spécifique de l’immobilier de luxe qui agit selon des codes un peu différent de l’immobilier résidentiel plus « standard » (complexité des opérations sur le plan juridique et financier, réseau informel de prospects, etc.).

La cote pour les résidences secondaires

« Le rattrapage post-confinement a balayé les deux mois d’inactivité des spécialistes de l’immobilier de luxe en France », explique l’étude. De fait, l’immobilier de luxe a bénéficié des mêmes facteurs porteurs que l’immobilier standard : après l’expérience du confinement, les envies de changer de sa résidence principale pour la « surclasser » ou d’acheter une résidence secondaire ont émergé. De plus, en temps de crise, l’immobilier joue toujours le rôle de valeur refuge.

Clientèle étrangère aux abonnés absents

Cependant, pour Xerfi, l’absence de la clientèle internationale, du fait des restrictions de circulation dans le monde, va peser sur la croissance du marché : la clientèle étrangère représente en effet près de la moitié en valeur du marché de l’immobilier de luxe à Paris et près de la totalité des transactions de la Côte d’Azur.

Le marché de l’immobilier de luxe fait face à trois menaces, résume Xerfi : le marché n’étant désoramis - et pour quelques mois encore - accessible qu’aux seuls résidents français, la demande pourrait « s’essouffler à partir de l’année prochaine ». Ensuite, Xerfi n’exclut pas le risque d’une « désaffection durable de la clientèle étrangère ». Enfin, en cas de crise financière grave, le pouvoir d’achat d’acheteurs potentiels sera largement pénalisé.

Globalement d’ici 2022, l’attractivité de la France et de Paris, mais aussi la faiblesse des taux de crédit immobilier, la croissance de la population fortunée ainsi que des prix globalement stables (baisse dans les grandes métropoles mais hausse sur les marchés périphériques) continueront de soutenir le marché.

+ 2% en 2020, mais +1% en 2021 et 2022

En fin de compte, en 2020, malgré la crise sanitaire, le chiffre d’affaires des agences immobilières haut de gamme devrait progresser de +2%, estime le cabinet Xerfi. qui table sur une croissance moyenne plus faible de 1% par an en 2021 et en 2022.

Selon le cabinet, les réseaux d’agences immobilières haut de gamme (une douzaine de réseaux en France) pourraient renforcer leur implantations sans de nouvelles régions, mais freiner leur développement à l’international.

Carole Molé-Genlis